Quel étrange mot ! L’épreuve : Établir la vérité de… Ce n’est pas une question intellectuelle, c’est la rencontre d’une réalité quasi physique qu’elle soit douloureuse ou non. Elle établit la preuve que vous pouvez continuer à vivre alors que vous êtes en proie à l’énigme de la souffrance.
La Pieta de Moissac Pierre polychrome XVe Photo C. Destandau
Elle est bien dangereuse la tendance à employer un mot à la place d’un autre ! L’exemple du jour : éprouvé pour ressenti. La plupart du temps, on emploie le premier pour le second. Éprouver, c’est bien plus que ressentir. Sans doute le ressenti inaugure-t-il l’éprouvé. Le ressenti, ce sont les sens, c’est le corps. On ressent à l’écoute, à la vue, au toucher, au sentir, au goût. Mais après… on décante ce ressenti des sens, on l’éprouve à l’aune du réel, elle vous fonde, l’épreuve, elle vous transforme. Il y a l’avant et l’après.
L’épreuve n’est pas l’expérience, elle se renouvelle à chaque instant. Ce n’est pas l’ordalie, bien quelle soit souvent expérience mystique. L’épreuve toute seule n’est pas l’épreuve du feu.
Nous ne la traversons pas : elle nous traverse. Elle nous habite, à la fois étrangère et familière. Une élaboration de la peine. Un chagrin innommable qu’il faut pourtant énoncer.
Et c’est étrange parce que je reviens encore à ce Shibboleth que j’esquive depuis lontemps déjà et que je retrouve dans Vies de Job de Pierre Assouline :
Schibboleth : épreuve totale et décisive qui fait juger de la capacité d’une personne.
Mais je repousse l’épreuve du Schibboleth. À suivre, donc…
Georges de La Tour. Job raillé par son épouse
L’épreuve quel beau mot. Je suis d’accord avec toi dans ce que tu dis je le ressens bien.
Oh sûrement, ma Clarisse…