Ce fut une petite journée toute grise. Bon, me direz-vous, c’est riche le gris, il y en a tant… Mais elle était petite, cette journée, oui, comme une souris. Ou un petit gris, même si l’on ne comprend pas très bien le rapport nom / couleur :
Même le ciel était comme rétréci. Pas de nuées somptueuses, de chantilly exubérante, de cumulus choux fleurs. Non, un ciel sans relief, ni triste ni gai. Un petit ciel gris, drap plat sans plis, sans aspérités ; ou mieux, une couverture de vieux, fine et d’un gris indéfinissable.
L’air aussi était gris, un peu somnambule. Rien ne se passait. En fait, le gris va bien avec la lenteur. L’air était lent. Rien ne pressait.
Une journée de moineau. D’ailleurs, il existe un ” gris moineau “. Ma petite journée n’était ni gris ardoise, ni gris argenté, ni gris perle… Bien trop raffinée et forts, ces gris-là. Elle était gris moineau.
Qu’aime-t-on le plus dans les photographies dites Noir et Blanc, N&B pour les intimes ? Ce sont les GRIS, bien sûr !
Chez tous les grands, il y a cette palette somptueuse. Trop difficile de choisir chez Plossu, Robert Frank, Salgado, Martine Franck et tant d’autres…
Le gris et la lenteur. Les souris, les moineaux, les escargots. De la place pour le silence.
Photo de Une : Juan GRIS – Bouteilles et couteaux, 1912
P. S. : Il n’y avait aucune ivresse dans cette petite journée. Je pense aux expressions être gri(s)e et pire, être noir(e).
Et pour la musique, Satie s’est imposé. Cet interprète aussi. Des évidences.
Tout est beau, bravo ! ?
Merci de rappeler Plossu à l’alcôve des gris glissés, ceux que nous aimerons toujours.
De rappeler les Fran(c)k avec Robert, son oeil au beurre noir sur le ring des gris vengeurs et Martine aux gris tant cadrés, dégrisés pour vérité. Et Salgado pour ses (trop) parfaites 500 nuances de…
On ajoutera Josef Sudek qui du gris fut plus qu’ épris, lumière!
Ah oui, Sudek que j’aime tant ! Et certaines de TES photos de voyage… Et celles de Feggari ! J’étais disloquée pour choisir !
Plossu, c’est toi qui me l’a fait connaître et je m’en émerveille toujours ! Découvert pour ce billet, l’admirable travail de Martine Franck/
Merci : le gris inspire.
Chère Disloquée,
oui, Martine Franck, grande dame distinguée (rencontrée à Tokyo, trop courte conversation…) dont les portraits sont de grandes impressions. Mais quand le Henri du nom du mari C. B. est d’abord retenu avant le sien… Le sort, hélas, de beaucoup de chez vous. Sonia Delaunay, etc. (à toi de compléter).
Autre chose : vive l’année Cinquante, siècle (presque à l’équilibre) sur la Balance! ?
Ah ravie que tu aimes cette dame : je connaissais juste son nom mais ignorais l’immense qualité de son oeuvre. Kitusé m’avait soufflé le nom de H. C.-B. mais le choc de la rencontre avec Martine Frank l’a emporté. Il y avait Lartigue aussi…
Oui, on a l’habitude, on ne s’y fait pas, on enrage, on a mal au coeur mais… C’est pas ml ussi chez les compositrices de musique : que d’injustices !
Quant au jour de l’année 50, ce que j’apprécie, c’est que c’est très facile de me rappeler mon âge !
Oui, on a l’habitude, on ne s’y fait pas, […] que d’injustices !
Difficile de comprendre que si peu de correspondances n’arrivent à s’imposer, encore… L’exception, cette fatalité?
[…] c’est que c’est très facile de me rappeler mon âge !”
Oui, très vrai, merci! ? Pour la prochaine (vie), je te déconseille un “59” : faut toujours soustraire les années qui s’additionnent, voire plus.
Oui Claire, pour cette journée la grisaille sévit même au nord de la Loire, ainsi, c’est nous qui faisons…. grise mine ! ! . il y a aussi pour rester dans le gris, le surnom que donnaient amicalement tous les navigants militaire volant sur Nord 2501 ….la grise ! ! et lorsqu’ils revenaient d’Afrique, avaient dans la poche un ..Gri-gri ! ! on ne dit pas sa couleur, mais on dit qu’il pouvait chasser le..blues . ! ! capacité que peut revendiquer aussi …le gris meunier …un petit vin de l’orléanais. A bientôt ChouChou 707
Le Nord 2501 aussi appelé Nord Atlas ? Je le revois bien ce gros avion avec ses deux poutres, je l’aimais beaucoup, ne me demande pas pourquoi ! Donc, c’était ” LA GRISE ” ? Que c’est chouette, le THE Chouchou, cette déclinaison de gris que tu déroules. Je ne connaissais pas le Gris meunier : joli nom. Plus raffiné que le Gris de Boulaouane, sans doute.
Merci. Affection forte.
(Si contente de ton passage ici puisque je vous ai ratés à Angoulême)
Merci chère Claire pour la beauté de ton (tes) textes. C’est d’un grand réconfort. Belle journée et bon anniversaire. Marie-Annick
Joie de te lire là ! Je te suis (même de loin). Merci de ton passage et de ton (tes) attention(s). On continue, hein ?
Oh oui et nos âmes voyageuses.
Le gris que l’on roulait entre nos doigts et qui nous grisait un peu la tête.. Quelle palette ! couleurs de blanc et noir, gris de la petite souris ( les miennes étaient blanches) et le gris irisé des perles suspendues sur la courbure d’un cou gracile . Ce gris que l’on peut décliner à l’infini…
J’ai failli proposer une des dernières toiles de Nicolas de Staël, juste une silhouette de femme, tout en grâce et en gris. C’est vrai que le gris perle est somptueux !
Quant au gris à fumer, je me souviens que le vieil éléphant en avait des paquets mais je n’y ai jamais touché : les TROUPES me suffisaient !
Contente de te lire, ma Nana.