Petit gris

Juan Gris Bottles and knife (1912)
JuanGris, Bottlesandknife, (1912)(55x46CM)
Variations sur une journée grise : on part de rien, trois fois rien, des moineaux, des souris. On arrive à l’infini

Ce fut une petite journée toute grise. Bon, me direz-vous, c’est riche le gris, il y en a tant… Mais elle était petite, cette journée, oui, comme une souris. Ou un petit gris, même si l’on ne comprend pas très bien le rapport nom / couleur :

Même le ciel était comme rétréci. Pas de nuées somptueuses, de chantilly exubérante, de cumulus choux fleurs. Non, un ciel sans relief, ni triste ni gai. Un petit ciel gris, drap plat sans plis, sans aspérités ; ou mieux, une couverture de vieux, fine et d’un gris indéfinissable.

L’air aussi était gris, un peu somnambule. Rien ne se passait. En fait, le gris va bien avec la lenteur. L’air était lent. Rien ne pressait.
Une journée de moineau. D’ailleurs, il existe un ” gris moineau “. Ma petite journée n’était ni gris ardoise, ni gris argenté, ni gris perle… Bien trop raffinée et forts, ces gris-là. Elle était gris moineau.

Qu’aime-t-on le plus dans les photographies dites Noir et Blanc, N&B pour les intimes ? Ce sont les GRIS, bien sûr !
Chez tous les grands, il y a cette palette somptueuse. Trop difficile de choisir chez Plossu, Robert Frank, Salgado, Martine Franck et tant d’autres…

Le gris et la lenteur. Les souris, les moineaux, les escargots. De la place pour le silence.
Photo de Une : Juan GRIS – Bouteilles et couteaux, 1912

 

P. S. : Il n’y avait aucune ivresse dans cette petite journée. Je pense aux expressions être gri(s)e  et pire, être noir(e).
Et pour la musique, Satie s’est imposé. Cet interprète aussi. Des évidences.




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Jaj
Jaj
il y a 3 années

Tout est beau, bravo ! ?
Merci de rappeler Plossu à l’alcôve des gris glissés, ceux que nous aimerons toujours.
De rappeler les Fran(c)k avec Robert, son oeil au beurre noir sur le ring des gris vengeurs et Martine aux gris tant cadrés, dégrisés pour vérité. Et Salgado pour ses (trop) parfaites 500 nuances de…
On ajoutera Josef Sudek qui du gris fut plus qu’ épris, lumière!

Jaja
Jaja
il y a 3 années
Reply to  TempesduTemps

Chère Disloquée,
oui, Martine Franck, grande dame distinguée (rencontrée à Tokyo, trop courte conversation…) dont les portraits sont de grandes impressions. Mais quand le Henri du nom du mari C. B. est d’abord retenu avant le sien… Le sort, hélas, de beaucoup de chez vous. Sonia Delaunay, etc. (à toi de compléter).
Autre chose : vive l’année Cinquante, siècle (presque à l’équilibre) sur la Balance! ?

Jaja
Jaja
il y a 3 années
Reply to  TempesduTemps

Oui, on a l’habitude, on ne s’y fait pas, […] que d’injustices !
Difficile de comprendre que si peu de correspondances n’arrivent à s’imposer, encore… L’exception, cette fatalité?
[…] c’est que c’est très facile de me rappeler mon âge !”
Oui, très vrai, merci! ? Pour la prochaine (vie), je te déconseille un “59” : faut toujours soustraire les années qui s’additionnent, voire plus.

Daniel Françoise Morange
Daniel Françoise Morange
il y a 3 années

Oui Claire, pour cette journée la grisaille sévit même au nord de la Loire, ainsi, c’est nous qui faisons…. grise mine ! ! . il y a aussi pour rester dans le gris, le surnom que donnaient amicalement tous les navigants militaire volant sur Nord 2501 ….la grise ! ! et lorsqu’ils revenaient d’Afrique, avaient dans la poche un ..Gri-gri ! ! on ne dit pas sa couleur, mais on dit qu’il pouvait chasser le..blues . ! ! capacité que peut revendiquer aussi …le gris meunier …un petit vin de l’orléanais. A bientôt ChouChou 707

Marie-Annick Guegan
Marie-Annick Guegan
il y a 3 années

Merci chère Claire pour la beauté de ton (tes) textes. C’est d’un grand réconfort. Belle journée et bon anniversaire. Marie-Annick

Marie-Annick Guegan
Marie-Annick Guegan
il y a 3 années

Oh oui et nos âmes voyageuses.

Nana Massart-Lalanne
Nana Massart-Lalanne
il y a 3 années

Le gris que l’on roulait entre nos doigts et qui nous grisait un peu la tête.. Quelle palette ! couleurs de blanc et noir, gris de la petite souris ( les miennes étaient blanches) et le gris irisé des perles suspendues sur la courbure d’un cou gracile . Ce gris que l’on peut décliner à l’infini…

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