Même si cette année, il joue aux grands avec ses vingt neuf jours, même si il joue à faire son mars avec ses averses de grêle, février reste petit, coincé entre deux grands mois, celui qui ouvre l’an neuf et celui du printemps.
Ce mimosa n’a pas été cueilli. Tout le monde sait qu’il déteste ça et fane presqu’immédiatement, comme pour nous punir. Des gens taillaient leur arbre et Clarisse a demandé si elle pouvait en emporter : ils ont accepté. Elle en a pris une immense brassée.
Il y a bien longtemps, j’écrivais ce texte *. Déjà le passage des grues était le temps fort de ce moment de transition : l’hiver est là encore et pourtant…
Alors, merci petit février, pour les mimosas et les grues.
FÉVRIER
Joignant l’ultime à l’agréable, un matin très tôt tu partis sans bruit. Vint ce vide stupéfiant et nécessaire. Je fis accorder mon piano. Ce fut un temps d’ambiguïté.
La froide nuit de février enrobait la maison musicale. La musicale nuit de la maison froide enrobait février. Peut-être, la maison froide de février enrobait la nuit musicale.
Toujours est-il que je t’écrivais et t’envoyais des rêves prémonitoires et des questions ; je tâchais de t’enrober en mâchant des flocons de neige. J’attendais la fin, je ne faisais rien. Je t’envoyais aussi des gambades, des sentences et des riens…
Un matin, nous entendons les grues avant de les voir, nous et elles fouillant le ciel, vers le Nord. Leur gentil cri multiple comme un salut. Elles passent enfin, vol de grâce, de mystère, soumis aux vents et aux courants puis elles s’éloignent.
Allégresse et respect de ce convoi.
Photos Clarisse Méneret
Ce soir, c’est la pleine lune, dite Lune des neiges. Aimiez-vous Cat Stevens ? Ici dans une vidéo qui nous ramène en des temps très anciens. Pas de nostalgie. On veut croire que les temps étaient plus doux mais c’est une illusion.
* Le Calendrier oublié in L’Aveu des nuits – Éditions des Vanneaux, 2017