Poèmes anciens

Un fantôme d’oiseau, le froid, la lointaine présence et l’humilité de Satie admirablement servies par R. de Leeuw : la saison est à la mélancolie.

Une fois n’est pas coutume : je mets la musique en premier pour que vous puissiez l’écouter en lisant. Mais ça n’est qu’une proposition.

Fleurs de son

Le piano neige.
Entendre le froid qui glapit derrière les vêtements : des fleurs de son…

Le froid n’aime que la fissure du silence,
Le craquement de feuilles gelées,
Les nuages lambins poussés dans le dos par un vent d’Est.
C’est une petite bête aux crocs décidés.

Tant de visages inscrits dans les plafonds !

Parfois un rire debout !

 

[Histoire de la photo ci dessous, faite par Christian Destandau : il y a quelques temps, dans la journée, nous entendons un bruit assez fort, quelque chose qui tombe, qui heurte, nous ne savons pas. Je sors sur le balcon et ne vois rien. Quelques jours après, je suis dans le canapé et la lumière du matin vient révéler des formes sur la porte-fenêtre : ce sont exactement celles d’un oiseau. La tourterelle qui s’est cognée sur la vitre a laissé son empreinte, les ailes et le corps. C’est une apparition. Et nous avons maintenant cet oiseau fantôme]

 

 

À la peine

Je suis à la peine
Cette peine à perpétuité contre moi prononcée.
Peine-ombre, à peine éclairée.
Pénombre perpétuelle trouée d’éclaircies où reprendre souffle.

Du lancinant au perforant, Dame Peine a sa palette.
C’est un merle mort fracassé
Contre une vitre qui ne devait pas exister,
Une vie gracieuse explosée contre un trop de solide
C’est de l’aérien qui cogne.

 

Ces deux textes sont extraits de L’Aveu des nuits suivi de Le calendrier oublié – Éditions des Vanneaux (L’Ombellie), 2017
Photo de Une : Christian Destandau

 

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