Classer, trier, jeter

Je n’y peux rien : j’ai des désirs de pièces rangées, de bureaux nickel, d’endroits dans la maison où l’on peut poser un objet parce qu’une place est libre. Ce sont des rêves : je ne peux les acter. Car ” Acte, tu jactes “… Je ne sais pas jeter, c’est pathologique. J’arrive à mettre dans une poubelle trois brimborions et deux bidules qui erraient là depuis des lustres. Au-delà, ça m’est impossible. C’est de l’ordre de l’utopie totale, de la chimère. Je ne sais pas ranger, c’est un handicap ; si, par miracle, j’arrive à donner un aspect présentable à une pièce, il ne faut pas trois jours pour qu’elle ait retrouvé son allure initiale. Ça n’est pas pour moi, il faut que je me résigne. Le côté gitan me sied.

Tous les gens raisonnables me disent : ” Faut jeter ! Ça allège ! Le paquet de trucs inutiles qu’on se trimballe ! C’est dingue ! Si tu ranges, ça va mieux dans ta tête ” et j’acquiesce, penaude et consciente de la maladie qui alourdit mon mental et… les étagères. J’essaie, j’essaie vraiment : je déplace. Pour moi, la rigueur est ailleurs. 

C’est plus fort que moi : j’aime le bin’s. Surtout le mien mais celui des autres ne me dérange pas. Je les y trouve toujours.

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Au fond, je crois que je trouve dans le désordre une certaine liberté alors que l’ordre me contraint et paradoxalement m’angoisse un peu. Je vis l’ordre comme cachant des secrets, comme une transparence inquiétante. Je ne peux m’y promener. On a tous des choses à (se) cacher, on a tout à perdre (et j’égare souvent). C’est sans doute pour ça que je préfère Les Rolling Stones aux Beatles, le flamenco aux marches militaires, les jardins anglais aux jardins à la française… Vous me direz : ” ça n’empêche pas ” ; je vous répondrai ” je sais bien mais quand même “.

 Pardon aux partisan(e)s du rangement et aux tenant(e)s de la tornade blanche. Fille du souk, j’aime le bazar.

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