Moi, l’humeur que je préfère, c’est la mélancolie parce que les trois autres… elles ont des noms très beurk ! Enfin, quand je dis que je préfère, c’est façon de parler… Ça m’est familier.
La mélancolie, c’est une fleur très violette, presque noire. C’est encore une douceur affreuse qui s’empare du regard intérieur et qui rend tout très fatigant et fatigué.
Il y a longtemps, c’était un péché car elle détournait de l’adoration de Dieu : normal, on ne pense à rien quand on est mélancolique et qu’ on traîne son profond ennui de vivre. Regardez ce pauvre Saint Jean, c’est sûr qu’il n’est pas du tout joyeux, voire carrément découragé ! Même ses pieds angoissent ! St Jean Baptiste / G. Saint Jean
Plus tard, c’est devenu tendance parce que les artistes l’étaient presque tous (mélancoliques) ; l’ego avait enfin droit de cité : c’était bon pour leur créativité et leur art. Le JE pouvait advenir. Et puis et puis, la médecine est arrivée et a dit : » C’est une maladie ! « . Rideau et Prozac.
Mais la mélancolie, c’est l’inconcevable et l’inconsolable connaissance de notre finitude ; le taedium vitae, c’est aussi l’irrémédiable lucidité qui pousse certains à jeter l’éponge.
L’anémone et l’ancolie / ont poussé dans le jardin / où dort la mélancolie / entre l’amour et le dédain – Guillaume Apollinaire Alcools
La mélancolique ancolie
P.S. : J’ai oublié de vous dire que les mélancoliques se tiennent tous le visage dans la main. C’est comme ça… Même l’ouvreuse de E. Hopper (voir en haut à droite), elle n’est peut-être pas mélancolique mais elle s’embête ferme. Enfin, le titre du tableau c’est Mélancolie.
Muziq ? CH CH… Chopin ? CH CH… Schumann ? CH CH… Schubert ? gagné ! Et par le plus grand, s’il vous plaît.