Échouages et arrimages

Voilà, c’est comme ça : on veut trop en faire ! On prévoit des tas de trucs, on gigote dans tous les sens, on veut parler de Nantes que l’on a vue quelques heures, on veut parler des amis poètes dont les livres n’arrivent pas à bon port (Salut, Dominique !), on veut évoquer la merveilleuse carte envoyée par des amis très chers et qui dit : LA FEMME EST UNE LOUPE POUR L’HOMME… On voudrait évoquer Charles Juliet qu’on a entendu, vraiment entendu. Bref, on a des appétits insatiables et… on ne fait rien ou autre chose.

Alors, on se met en pause, on arrête la cavalcade des ” je vais le faire ”  et on va saluer le fleuve. On tombe sur ça :

P1030697.JPG

juste à côté de ça ; P1030693.JPGet on ne sait plus qui tient qui. On se dit que c’est une vieille habitude entre eux, les raffiots échoués, la corde bleue qui arrime l’un d’eux à l’arbre. Un pacte noué aux temps passés. On se fait une histoire, celle de l’homme – oui, sans doute un homme – qui a passé la corde bleue au cou de l’arbre en lui glissant quelques mots, bleus aussi.

Pas moyen de savoir pourquoi on est ému à mort devant ces deux gisants, jumeaux dans l’inutilité et l’abandon. Une mort douce avec une corde et un ciel bleus. On s’arrache à cette mélancolie de l’oubli et plus loin on rencontre Yvette, guère plus fringante mais – peut-être grâce au prénom en –ette – dont la fin a quelque chose de plus modeste, moins grave.2014-03-14-Yvette.JPG Devait être guillerette, l’Yvette.

Elle est de l’autre côté du fleuve, côté ville et près de la promenade. Elle a de la visite souvent. En fait, elle dort

C’est vrai qu’elle était petite, Yvette.

Et puis vient, dans toutes cette mélancolie, une furieuse envie d’envoyer paître la langueur ; on remercie très fort celui qui vous a trouvé ça : ça commence comme du Vivaldi et finit comme du Jimmy Hendricks. Et je suis fan de ce ravage ! Larguez les amarres. Marins d’eau douce, bachi bouzouks, ectoplasmes…

(Euh, mettez vos bouées, quand même)

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Christine
Christine
il y a 9 années

Derrière le bateau échoué

la mer attend,

derrière les notes de Vivaldi

arrive la marée.

Et nous, on est là, entre les deux.

TempesduTemps
TempesduTemps
il y a 9 années

Oui, toujours, quelque chose vient… que quelqu’un regarde passer.

Tout s’arrête sauf les marées.

Parfois, on embarque.

Brigitte Giraud
Brigitte Giraud
il y a 9 années

waouh ! sont géniaux ces musiciens encordés à leur archet qui tempête, perdent ni pieds ni doigts de la mer, pour saluer ces vaisseaux effondrés sur l’herbe. Une très belle évocation de la
mélancolie…

TempesduTemps
TempesduTemps
il y a 9 années

 On se dit que les archets ne finiront pas le concert : tout déplumés ! J’adore cette espèce de folie qui embarque. Ça requinque. Mais les bateaux-baleines ont fini de tracer… Sont en
laisse.

vhm
vhm
il y a 9 années

Je suis certaine que tu vas aimer ceux-là : je les adore. Depuis trois ou quatre ans quand je veux secouer la mélancolie (tu dis langueur…), je me branche sur eux et ça fait un grand trou
d’air…http://www.youtube.com/watch?v=rbTozgoj9OQ

Quand est-ce qu’on embarque ?

 

TempesduTemps
TempesduTemps
il y a 9 années

Un appel d’air d’ailleurs… mais ça reste quand même bien nordique et neigeux. J’aime beaucoup. Mais c’est très (trop) doux pour quand on a envie d’une secousse genre AC/DC !

Les passagers pour la ballade de mars ne vont pas tarder à embarquer…

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