Jamais trop de livres !

Entre liseuse pleine et cadeaux (merci TOUS les ami(e)s), par ces temps exigeants en immobilité, on lit. On ne grappille pas : chacun des livres évoqués ici requiert toute mon attention. Et je retrouve un goût, une saveur, un plaisir, oui un bonheur.

Il m’arrive de mener plusieurs lectures de front. En général, des genres bien différents. Un essai, de la poésie, un roman. Je vague et divague de l’un à l’autre. Et comme j’ai des piles de tas et inversement, il m’arrive d’en égarer un. Pas longtemps.
Parfois, chance, c’est celui d’un ami et double chance – voire triple – il est trilingue. Il parle d’une ville tant aimée. Merci, Isaak Begoña.
Quand on connaît un peu cette ville si singulière, le livre d’Isaak vous y promène merveilleusement au détour d’une personne, d’une rue, d’un moment. Je proposerai un texte et ses traductions dans un autre billet.

 Ensuite, le merveilleux Habiter en oiseau, de la philosophe et psychologue Vinciane Despret, enquête menée auprès d’ornithologues sur les notions de territoires, de conflits et… de musicalité. Le livre m’a d’autant plus embarquée que les premières pages sont consacrées au chant d’un merle : Ce sont des phrases, on peut les reconnaître, elles m’accrochent d’ailleurs l’oreille exactement là où vont toucher les mots du langage, dit-elle. Elle poursuit : Le chant m’avait donné le silence. L’importance m’avait touchée.
Quelle approche de ce monde ! Si documenté et précis et plein de grâce et de lyrisme. Chapeau, Madame !

Enfin, ni témoignage ni confession, un roman oui, car « quand j’écris je dis tout, quand je parle je suis lâche », et pourtant une histoire vraie dont il ne veut pas que ce soit la sienne et simultanément ne veut pas en être dépossédé. Histoire de la violence d’Édouard Louis est une lecture qui remue, dans laquelle la douleur est très durassienne.
Je ne raconte pas : c’est l’histoire d’une agression sexuelle. Mais que dit-on lorsqu’on emploie ces mots ? Un récit à plusieurs voix dont celle du narrateur, scripteur double puisque sa voix intérieure se superpose à la sienne, voix auxquelles s’ajoute celle de sa sœur… Construction élaborée mais c’est ainsi dans la vraie vie.
L’agresseur devient ” le nom du moment où tu as dû vivre ce que tu ne voulais pas vivre ” – ” En finir, s’en débarrasser, dans une mue qui n’est pas seulement identitaire mais littéraire et qui passe par la violence. En finir pour commencer. “ Christine Marcandier – Diacritik 5 janvier 2017

Contente quand même de l’avoir fini mais il n’y a pas de doute : cet homme est un écrivain.

OH, j’allais oublier ! J’étais infect mais jamais grossier. Une espèce de canaille aristocratique. Qui parle ? Georges Sanders, 1,92 mètre de cynisme, d’humour noir (so british), polyglotte, une voix magnifique, un triste destin… Ses Mémoires d’une fripouille (Memoirs of a Professional Cad) sont déroulées avec flegme, auto-dérision et surtout une drôlerie vacharde ! C’est épatant.
Je ne l’aimais pas trop… Et maintenant, je l’adore !

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