Et voilà ! Il faut revenir à la maison.
On se verrait bien emprunter une fois de plus n’importe quelle petite route parce que la ligne d’arbres au loin indique la présence de la rivière.
On se verrait bien décliner tous les tournesols, des petits tout frais aux grands cramés.
On prendrai bien encore et encore un bain dans la rivière sans déranger les poissons, un pied sur un nuage.
On irait bien dire bonsoir à la tribu de ragondins qui prend le dernier soleil dans le pré et s’enfuit à notre arrivée : deux adultes et trois ou quatre tout petit machins qui trottinent derrière…
Et puis, on avait dit qu’on ferait des photos des noms rigolos des ruisseaux ; évidemment, on ne l’a pas fait.
Idem pour les noms de villages. De mémoire, quelques uns : Comberanche-et-Épeluche, Bertric-Burée, Bourg-Des-Maisons, Bouteilles-Saint-Sébastien… Je chercherai le noms des habitants de ces bourgades, on a de jolies surprises parfois.
Et tous les soirs, on se promet de faire un inventaire à la » pré vert « . Aujourd’hui, vu :
– 32 libellules
– 3 mélitées des centaurée
– 1 héron
– 1 faucon
– 5 ragondins
– 6 araignées
– 2 abeilles charpentières et….
un martin-pêcheur ! Du bonheur plein les mirettes !
Et il y a Séraphine qui nous attend en souriant. C’est l’humble gardienne des lieux, la surveillante de ma plage. On l’aime bien. Elle louche un peu.
Alors, insouciance ? Retrait ? Récréation ? Fuite ?
Oui, tout ça. Vraiment épuisée par les vociférations multiples, les chiffres et les courbes (de température entre autres), l’insondable bêtise ambiante, l’extrême dangerosité de ceux qui haïssent le doute, qui savent, qui assènent.
L’impression d’un rouleau compresseur qui vous talonne. Je ne suis pas la seule, je sais. Cela ne me console pas.
Oui, besoin de ne plus rien savoir du monde comme il va… Un autre monde, vivant et vivace, apaise et nourrit.
Et OUI, le chien sourit. J’en suis sûre.
Toutes les photos de ce billet campagnard sont de Clarisse Méneret.
Le vrai titre du morceau est (In my) Solitude.