Regarder des enfants jouer, observer sans interpréter, être dans leur jeu comme eux. À fond. Sans penser.
Je connais une rivière-enfant : petite fille qui joue avec tout, la lumière, les herbes, les bêtes qui la frôlent ou qui l’habitent.
Tour à tour rapide et sautillante, ou prise de langueur : petite fille qui rêve…
Regarder les bêtes jouer. Pas d’anthropomorphisme : elles jouent, c’est sûr, comme les enfants. Et pas seulement les jeunes bêtes, et les chiens et les chats : ça on le sait ! Les vaches jouent aussi quand on les laisse vivre. Et je ne parle pas de mes chouchoutes entre toutes : les chèvres ! Sur elles, je serais intarissable !
Enfance, toujours. Toujours, devenu adulte, demeure une image de félicité parfaite qui surnage ou émerge d’un tas de mélancoliques souvenirs. Au moins une !
Pour moi, la construction avec des pierres d’un barrage sur un oued, travail titanesque puisque toujours, le petit oued têtu contournait le barrage, allait déborder ailleurs. Mais la disparition totale du temps, sous notre chapeau, les pieds dans l’eau, signe mon instant de bonheur pérenne.
Les amies ont trouvé une plume de chouette.
Bientôt elles l’abandonneront pour parcourir les chemins sur leur bicyclette, en criant à l’air qu’il s’écarte !
Enfance fleurie.
Pendant ce temps, sur l’horizon passent des enfants-nuages, emportant une part infime de notre regard…
L’enfance n’est pas toujours heureuse. Elle le devient pour les plus chanceux d’entre nous. Pour d’autres, c’est la peur et le chagrin qui l’emportent.
Mais qui n’a pas ri une fois à en avoir mal au ventre, à faire pipi dans sa culotte, à perdre le souffle ? On ne sait plus pourquoi.
Sans nostalgie, battre le rappel de ces instants, y boire doucement un peu de jouvence et repartir…