Kate Chopin, vous connaissez ?

Rencontre avec Kate Chopin, femme écrivain américaine

Coïncidences ? Je pensais que cette femme écrivain dont la carrière a été fracassée était une victime de plus d’une société ; le jour même, j’entends à la radio Catherine Clément (que je cite souvent) et une émission autour de l’exposition « Présumées coupables » aux Archives nationales qui montre des femmes “confrontées à leurs juges de la fin du Moyen-âge au XXème siècle autour des figures archétypales et largement fantasmées de la sorcière, l’empoisonneuse, la mère infanticide, la pétroleuse ou la femme tondue au moment de la Libération”.
J’en entends certain(e)s d’ici : ah la revoilà avec son féminisme ! Mais non, vous allez voir ! Quoique… (Et ici petite parenthèse : s
i je devais compter le nombre de découvertes littéraires que je dois aux amis… Et j’espère que l’inverse est vrai.)
Donc, un soir à Paris, discussion avec un ami. Arrive alors le nom d’un auteur et ce nom m’intéresse : Kate Chopin. J’avoue mon ignorance. De retour dans ma province, direct à la bibliothèque : veine, ils en ont deux que j’emprunte derechef. Le Sorcier de Gettysburg, série de nouvelles où se côtoient Créoles, Cajuns, Noirs et Indiens en une galerie de portraits tendres et/ou acérés. Immersion dans un monde passionnant encore marqué par la guerre de Sécession. Car notre écrivain est née en 1850 à Saint-Louis. Veuve à 32 ans, elle traduit Maupassant et écrit ses premières nouvelles qui rencontrent un joli succès.
L’œuvre qui va mener Kate Chopin au bord du désespoir, c’est L’Éveil (The Awakening) paru en 1899, roman que l’on compare souvent – à tort à mon avis – à Madame Bovary de Gustave Flaubert paru en 1854. Emma n’est pas Edna ! Car la jeune femme de Louisiane découvre certes la sensualité mais aussi et surtout un goût puissant pour la liberté et, qui sait, la créativité. Certes, les deux femmes se suicident mais les causes du geste sont radicalement différentes. Emma ne s’éveille pas. La publication du roman déchaîna une vague d’indignation qui blessa profondément Kate Chopin. Qu’une femme s’éveille à son intériorité et que sa condition d’épouse et de mère ne lui suffisent pas, voilà qui est inacceptable ! Lisez Kate Chopin, la femme curieuse et intelligente dont on voulait empêcher l’éveil.
“De très bonne heure elle avait appréhendé instinctivement la dualité de la vie : la vie extérieure où l’on s’adapte, la vie intérieure où l’on s’interroge.”

0 Shares:
Choisissez de suivre tous les commentaires ou seulement les réponses à vos commentaires
Notification
guest
6 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments
Claude
Claude
il y a 6 années

Merci ! c’est une découverte – je cherche le livre.

Marie-Annick Guegan
Marie-Annick Guegan
il y a 6 années

Virginia Woolf et “une chambre à soi “‘ toujours vrai. Les hommes ( certains trop nombreux) aiment-ils les femmes créatives?
Merci pour la découverte Claire.

vhm
vhm
il y a 6 années

Pour faire ma maligne (comme toujours, n’est-ce pas) : oui étudié The Awakening en parallèle de Beloved de Toni Morrisson il y a presque 30 ans (déjà?) lorsque je suivais des cours de littérature à Harvard. Conservé un souvenir très puissant de Morrisson, moins de Chopin. A relire donc ! Merci du rappel.

MALOD
MALOD
il y a 6 années

Elle a aussi écrit des poèmes. “Sous le ciel de l’été” traduits par Gérard Gâcon,édition bilingue, Saint-Étienne, Publication de de l’Université de Saint-Étienne, coll. Les Translatives, 2009

Vous pourriez aussi aimer
Lire la suite

” Tu es d’air et de larme et je suis sur la terre “

Sabine Dewulf, une résonance particulière. Je découvre son écriture et ce n'est pas une surprise : bien sûr, elle écrit comme ça ! Mais c'est une émotion, une mélancolie bien douce. Pas de narcissisme, pas de copinage. De l'admiration et une proximité.