La Photo de Une et celle de l’arbre sont de Clarisse Méneret-Massart.
Ne pas regretter, oh non pas les regrets ! Ne pas se dire ” si on avait su… “, ” on aurait dû “, ” la prochaine fois “…
On va peut-être même oublier. Peut-être seulement…
On va inventer la liberté, on va inviter la joie. On a le temps maintenant. On a presque trop de temps. On le met à profit (je ne trouve pas d’autre mot, moins vilain).
On trie des photos et on s’émeut. Pas trop, on les regarde comme pendant une convalescence.
Ah et puis zut, on a le droit d’être émus !
Non, ces temps-là ne reviendront pas.
Il en viendra d’autres : saurons-nous dire s’ils sont beaux ? Au moment où nous les vivons ?
C’est cela qu’on aura appris, compris. On essaie depuis si longtemps d’être ici et maintenant. Puis on oublie. Notre distraction l’emporte.
Quand l’ici et le maintenant prennent toute la place, on voit combien sont rares les moments où nous étions conscients de leur grâce, combien nous y étions peu attentifs !
Savoir regarder un arbre, y voir et la vieillesse et le revif. Regarder et voir. Non pas s’approprier, mais être totalement disponible à cette présence.
Alors, on fera ça, encore plus. On se jure que notre absence deviendra une présence vraie.
On fera attention. Attention : action de tendre l’esprit vers quelque chose (et j’ajoute quelqu’un).
Après le chaos, le kairos ? Il ne faudra pas le louper, celui-là !
Un enfant dit, C’est quoi l’herbe ? et m’en donne à pleines mains ;
Que pourrais-je lui répondre ?… Je n’en sais pas plus que lui.
Je suppose que c’est l’étendard de mon naturel, tissé de vert espérance.
Walt Whitman – Feuilles d’herbe
https://www.youtube.com/watch?v=S2ID33M6x7M
[…] combien nous y étions peu attentifs
Si vrai! L’album photo passe son temps à vous rappeler cette inattention, sourire figé…
Mais les tendres grains noir et blanc de ce billet, l’aise et juste résonance du texte qui l’accompagne, ne sont qu’attention retenue. Merci!
Ce point de basculement du kairos… Mais basculement/bousculement il y aura, ce kairos qu’on attrapera par les cheveux et qui change constamment, c’est aussi le temps qu’il fait, la chance que l’on saisit, un temps T qui peut nous laisser au bord de la route. Je lui préfère de loin le kefi [κεφι], cet art de la joie, une connection profonde et permanente avec l’univers, la folie de vivre, une mélancolie active. Alors… dansons !
La photo, jeux d’eau : quel bonheur ! quel mystère aussi.
Pardon : je kiffe grave le kefi ! Quant à la mélancolie active, j’adhère sans même choisir. Nous pratiquons à notre insu.
Oui, la photo me retourne de joie : la jubilation des enfants. Eux sont dans cet art de la joie et dansent dans la lumière.
Merci des nuances sur le kairos.