Alerte rouge

Francisco_de_Goya_y_Lucientes__Fire_at_Night
Francisco de Goya y Lucientes, Fire at Night
Peur et compassion pour le vivant qui brûle. Pour la première fois, dans l’ère moderne, un pays tout entier est ravagé par le feu : cette apocalypse parle à ce qui, en nous, reste fragile, la croyance en la toute-puissance de l’Homme. C’est la revanche de la nature bafouée.

Vous l’aurez remarqué, je n’ai pas l’habitude de coller à l’actualité dans mes billets.
Mais aujourd’hui j’ai besoin de partager ma tristesse et mon angoisse devant ce qui arrive à ce pays. Il y a bien des sujets de tristesse – la disparition des girafes est pour moi une catastrophe absolue – mais l’idée d’un continent en feu me bouleverse.

Nous commençons donc l’année, j’en suis désolée, dans un grand désarroi. D’autant plus grand que l’impuissance des hommes est flagrante. Et leur responsabilité engagée. La destruction par le feu est LA destruction absolue.
Je n’éprouve pas d’attirance pour l’Australie ni de sympathie particulière pour ses habitants et leurs mœurs. Un peu pour les mêmes raisons que ma réserve vis à vis des américains. C’est une autre histoire…




Cela se passe en ce moment. Cela empire. Et le pessimisme règne compte tenu des conditions météorologiques et de l’étendue du ravage. Je vous épargne les photos.
Je n’ai jamais vu un grand incendie de près. Nous avons suivi avec tant de tristesse ceux de Grèce, récemment !
Tout au plus, lors du grand feu de notre forêt près de l’océan il y a des années, nous voyions depuis Bordeaux une lueur rouge à l’ouest et nous sentions l’odeur de la fumée. Nous n’avions pas peur, nous avions juste mal pour les arbres et les bêtes.
Je n’ai jamais vu de maison brûler mais j’imagine que c’est terrifiant.
Alors un pays… Et tant pis si l’on m’accuse de préférer les bêtes aux humains : j’ai le coeur en miettes lorsque j’imagine la terreur, la souffrance et la mort de tout ce peuple animal.
J’ai, comme tout le monde, de la compassion pour les gens et une admiration profonde pour les pompiers. Mais les bêtes… C’est l’horreur absolue.
Alors, j’ai failli ne pas mettre de musique. Puis j’ai trouvé des titres… brûlants : Fever de Peggy Lee, La Danse du feu de Manuel de Falla. Mais ils étaient trop joyeux, trop du côté du feu festif, de la joie du feu.
Seul Leonard m’a réconciliée avec la musique, ce soir.




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Denis
Denis
il y a 3 années

Vraiment très belle chanson de Leonard Cohen, les musiciens sont excellents. Je n’ai pas trouvé le nom du guitariste.
Je ne parle pas du feu (des feux innombrables), volontairement.

Denis
Denis
il y a 3 années
Reply to  TempesduTemps

Il me semblait avoir vu une guitare douze cordes, mais puisque tu me dis que c’est un archiluth je te crois.

Denis
Denis
il y a 3 années
Reply to  TempesduTemps

Je n’y connais pas grand chose en guitare, pour ne pas dire rien.
J’ai fouillé un peu la toile mais je n’ai rien trouvé pour m’éclairer.

Joëlle
Joëlle
il y a 3 années

Je partage sans réserve tes propos.
Le feu, vu de ores en Grece et en Espagne , est terrifiant. Mais autant les végétaux repoussent, autant les animaux disparus en souffrant ne renaissent de leurs cendres.
Les inondations en France et avec encore plus d’ampleur en Indonesie, ajoutent au tableau d’une planète victime de l’inconscience de la plupart des responsables politiques.
Mais les Bourses vont bien…les actionnaires festoient.

Les Bulles de Fab
Les Bulles de Fab
il y a 3 années

Très beaux texte.

Peut-être que l’apocalypse a toujours rôdé autour de nous, mais qu’elle ne devient insupportable que depuis que Leonard n’est plus là pour nous la rendre… magnétique.

Mina
Mina
il y a 3 années

Lettre de Romain Gary à Mr. l’éléphant (parue dans Le Figaro). Une ode à ce géant massacré pour assouvir notre cupidité que je me récite trop souvent.

« C’est ainsi, Mr et cher éléphant, que nous nous trouvons vous et moi, sur le même bateau, poussé vers l’oubli par le même vent puissant du rationalisme absolu. Dans une société, vraiment matérialiste et réaliste, poètes, rêveurs et éléphants ne sont plus que des gêneurs. »

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