Vous l’aurez remarqué, je n’ai pas l’habitude de coller à l’actualité dans mes billets.
Mais aujourd’hui j’ai besoin de partager ma tristesse et mon angoisse devant ce qui arrive à ce pays. Il y a bien des sujets de tristesse – la disparition des girafes est pour moi une catastrophe absolue – mais l’idée d’un continent en feu me bouleverse.
Nous commençons donc l’année, j’en suis désolée, dans un grand désarroi. D’autant plus grand que l’impuissance des hommes est flagrante. Et leur responsabilité engagée. La destruction par le feu est LA destruction absolue.
Je n’éprouve pas d’attirance pour l’Australie ni de sympathie particulière pour ses habitants et leurs mœurs. Un peu pour les mêmes raisons que ma réserve vis à vis des américains. C’est une autre histoire…
Cela se passe en ce moment. Cela empire. Et le pessimisme règne compte tenu des conditions météorologiques et de l’étendue du ravage. Je vous épargne les photos.
Je n’ai jamais vu un grand incendie de près. Nous avons suivi avec tant de tristesse ceux de Grèce, récemment !
Tout au plus, lors du grand feu de notre forêt près de l’océan il y a des années, nous voyions depuis Bordeaux une lueur rouge à l’ouest et nous sentions l’odeur de la fumée. Nous n’avions pas peur, nous avions juste mal pour les arbres et les bêtes.
Je n’ai jamais vu de maison brûler mais j’imagine que c’est terrifiant.
Alors un pays… Et tant pis si l’on m’accuse de préférer les bêtes aux humains : j’ai le coeur en miettes lorsque j’imagine la terreur, la souffrance et la mort de tout ce peuple animal.
J’ai, comme tout le monde, de la compassion pour les gens et une admiration profonde pour les pompiers. Mais les bêtes… C’est l’horreur absolue.
Alors, j’ai failli ne pas mettre de musique. Puis j’ai trouvé des titres… brûlants : Fever de Peggy Lee, La Danse du feu de Manuel de Falla. Mais ils étaient trop joyeux, trop du côté du feu festif, de la joie du feu.
Seul Leonard m’a réconciliée avec la musique, ce soir.
Vraiment très belle chanson de Leonard Cohen, les musiciens sont excellents. Je n’ai pas trouvé le nom du guitariste.
Je ne parle pas du feu (des feux innombrables), volontairement.
J’ai ce concert en DVD et ne me lasse pas : à l’archiluth (oui oui), Javier MAS, génial. J’aime les trois femmes choristes. Bref, j’aime tout. Les paroles sont magnifiques.
Tu as raison, ne parlons pas des feux : trop de douleur.
Il me semblait avoir vu une guitare douze cordes, mais puisque tu me dis que c’est un archiluth je te crois.
Tu sèmes le doute surtout que tu connais les guitares ! Mais sur Youtube, dans la distribution des instrumentistes, ils disent laud (luth) et archilaud (archiluth). Attends voir : j’y retourne.
Javier Mas joue aussi de la guitare à 12 cordes mais dans le morceau proposé – d’ailleurs Leonard Cohen le présente ainsi – c’est de l’archi-luth. Ecoute bien, en anglais : archilaud. D’ailleurs je connais mal cet instrument !
Je n’y connais pas grand chose en guitare, pour ne pas dire rien.
J’ai fouillé un peu la toile mais je n’ai rien trouvé pour m’éclairer.
Je partage sans réserve tes propos.
Le feu, vu de ores en Grece et en Espagne , est terrifiant. Mais autant les végétaux repoussent, autant les animaux disparus en souffrant ne renaissent de leurs cendres.
Les inondations en France et avec encore plus d’ampleur en Indonesie, ajoutent au tableau d’une planète victime de l’inconscience de la plupart des responsables politiques.
Mais les Bourses vont bien…les actionnaires festoient.
En fait, les responsables sont certes les politiques, eux mêmes à la botte de tous ces grands capitalistes qui TUENT au nom du profit. Qu’importe que gens, bêtes végétal, eau meurent : pourvu que eux vivent dans le faste et une accumulation absolument perverse.
Désespérant. Il faut tâcher de contrer cette marche au supplice.
Très beaux texte.
Peut-être que l’apocalypse a toujours rôdé autour de nous, mais qu’elle ne devient insupportable que depuis que Leonard n’est plus là pour nous la rendre… magnétique.
Merci. L’Apocalypse est le sujet de bien des gloses. L’interprétation qui est faite de son tableau La Cène fait partie de ces théories. Cela me laisse rêveuse. Mais j’aime bien les histoires, alors….
Lettre de Romain Gary à Mr. l’éléphant (parue dans Le Figaro). Une ode à ce géant massacré pour assouvir notre cupidité que je me récite trop souvent.
« C’est ainsi, Mr et cher éléphant, que nous nous trouvons vous et moi, sur le même bateau, poussé vers l’oubli par le même vent puissant du rationalisme absolu. Dans une société, vraiment matérialiste et réaliste, poètes, rêveurs et éléphants ne sont plus que des gêneurs. »
Oh merci infiniment de rappeler ce texte, d’autant plus cher à mon coeur que l’éléphant était l’animal totem de mon père.
Une fois, au cirque (nous n’irions plus maintenant voir les bêtes captives et exploitées), ma fille qui avait alors 4 ou 5 ans, a échappé à ma surveillance : nous l’avons retrouvée entre les pattes d’un éléphant, fascinée et heureuse.
Gary dit encore :
Pour moi, je sens profondément que le sort de l’homme, et sa dignité, sont en jeu chaque fois que nos splendeurs naturelles, océans, forêts ou éléphants, sont menacées de destruction.
Merci encore, Mina. Affreusement triste pour ces malheureuses bêtes sacrifiées sur le bûcher de nos égoïsmes.