J’avance avec appréhension. Le sujet est sensible. Je lis avec intérêt ce mot nouveau pour moi : « féminicide ». Je connais, comme tout le monde « homicide » : meurtre. On a donc créé un nouveau mot pour désigner le meurtre d’une femme (Larousse, 2015). Si on me tuait, je crois que j’aimerais mieux qu’on parle d’un homicide car j’appartiens au genre humain. Certes, je suis une femme. Mais, quelle est la différence entre le meurtre d’un homme et celui d’une femme ? Oui, on dit l’Homme pour dire l’humain.
Je parle bien sûr de l’assassinat de Marie Trintignant par Bernard Cantat. Je n’ai pas lu l’article des Inrocks. J’ai lu les réactions ici ou là. De loin, trop de bruit, trop de haine.
Le féminicide (ou fémicide, gynécide, gynocide) est par définition le meurtre d’une ou de plusieurs femmes ou filles en raison de leur condition féminine. Le terme a été inventé par l’auteur féministe Diana E. H. Russell en 1976, qui définit « le meurtre de femmes commis par des hommes parce ce que sont des femmes ».
Je préviens immédiatement : aucune circonstance atténuante pour Cantat. Oui, il a frappé à mort. On connaît tous l’histoire.
Qu’il fasse la Une d’un journal me choque. Même une phrase comme « il a payé » me choque. On ne paie jamais cette dette-là.
Mais qu’on veuille le tuer à son tour en l’empêchant de faire son métier me déstabilise. Qu’on ne lui offre pas d’espaces pour s’exprimer, parler de son travail m’interroge. Faut-il le détruire lui aussi ? Je n’ai pas de réponses, honnêtement. Mais je trouve que cela ressemble à une curée. Il a tué, qu’il meure ! Pas d’issue. Qu’il croupisse dans son silence jusqu’à la fin.
Carla Bruni, elle, défend Harvey Weinstein. Bon, comprenne qui voudra.
Mais qui parlera de ces meurtres sans sang, de ces meurtres au long cours, de ces hommes et ces femmes qui tuent à petit feu, à petites phrases, bourreau dont la cagoule est invisible ?
Tu chantais eh bien, danse maintenant.
P.S. : sans compter le papier que ça fait vendre, hein, messieurs mesdames les journalistes ?
Pas de photo (vous en trouverez partout), pas de musique.