Spécial dédicace : au Grancapodeipipistrelli
Palamède (Παλαμήδης / Palamêdês) : je connaissais ce nom puisqu’un ami appelle ainsi l’une des chauve-souris qui dansent – pour nous – le soir devant la maison, loin là-bas… Nommé ainsi parce que c’est la plus grosse des souris volantes, la moins gracieuse donc un garçon, donc Palamède…
Et puis j’ai lu mon Odyssée aussi et il me semble bien qu’on y voyait un Palamède.
Mais je lis ce matin quelque chose de fort intéressant qui me rapproche de ce personnage (que ma drôle de manie de déformer les noms a rebaptisé ” Palmipède “, ce qui est est curieux comme nous allons le voir… suspens !).
Je découvre ainsi – et je suis déçue – qu’Ulysse fut carrément odieux avec Palamède ; il lui joua des tours de cochon, mentit et fut dévoilé ce qui, bien sûr, décupla sa haine ! Jusqu’à le faire condamner à la lapidation sous un prétexte fallacieux.
Rembrandt : Palamède devant Agamemnon, 1626
Pourtant, ce Palamède – et j’en viens à nos grues – est un type formidable ! On dit que ce serait en examinant les dispositions du vol des grues que ce judicieux observateur aurait imaginé les lettres V et Y ; d’où le nom d’oiseau de Palamède donné en Grèce.
Les grues ne sont pas des palmipèdes ! Mais des échassiers, bien sûr. Les chauve-souris ne sont ni des palmipèdes ni des échassiers mais c’est une autre histoire.
D’après les Grecs – toujours eux – lorsqu’elles traversent les monts Taurus, les grues se mettent un caillou dans le bec pour rester muettes et ne pas réveiller les aigles. Ce doit être dur car elles sont très très loquaces !
Les grues cendrées marchent à petits pas rapides, ailes semi-ouvertes, traçant des cercles sur le sol. En face à face, elles se font des courbettes, sautent à droite et à gauche tout en attrapant n’importe quel objet par terre, le lancent ensuite en l’air tout en sautant. Tiens, ça me rappelle quelqu’un, une bête très spéciale, hybride de chien/kangourou/chèvre/guépard…
Je n’ai jamais vu de grues au sol et je le regrette.
La grue cendrée est monogame et le couple est uni pour la vie. Je suis romantique et j’aime cette idée. Du coup, j’aime encore plus l’oiseau de Palamède !
Je vous souhaite bon voyage, longs oiseaux. Et je ne sais pourquoi…
J’ai cherché le nom grec de grue : γερανός – Ah ! la grue est neutre (raison de leur monogamie ?) – je lui préfère le chantant παλαμίδα πουλί (l’oiseau de palamède dont tu parles). Et rien de plus beau que la voix céleste d’Alfred pour accompagner leur vol, merci Κλάρα μου.
C’est amusant, le V grec n’existe pas, mais l’ipsilon Y (γ). Le grec est labyrinthique.
Tu me le chanteras le παλαμίδα πουλί… Le vol des grues est bien plus souvent en V asymétrique, rarement en Y. Et j’aime beaucoup quand l’un des oiseaux se détache de la formation pour venir prendre la place de tête.
Palamède aurait aussi inventé le jeu des osselets et… les échecs : là, les grecs exagèrent, je crois.
Quant à Deller… On s’envole avec lui.
Palamède (fils de Nauplios – roi d’Eubée – et de Clymène d’avoir espionné les grecs pour le compte des troyens !!!
Inventeur de certaines lettres de l’alphabet grec, Il aurait tenté d’expliquer les éclipses !
Jaccottet a écrit :
” Écoute : comment se peut-il
que notre voix troublée se mêle ainsi
aux étoiles ?
Il lui a fait gravir le ciel
sur des degrés de verre
par la grâce juvénile de son art. ”
In A henri Purcell
Pauvre Palamède ! Les éclipses, les osselets, le vol des grues… Des curiosités plaisantes. Je l’aime bien, moi. Et cette guerre de Troie aura fait couler bien du sang et de l’encre (parfois pour notre plus grand bonheur) !
Magnifique Jaccottet, encore et encore… ” Les degrés de verre ” !
Merci.
A vous lire.
Ecrit par courriel.
Donner mon illustre nom à une chauve-souris, moi, duc de Brabant, prince d’Oloron, vidame de Ronsenac, et j’en passe !
Mais Monsieur le Baron, je vous assure que c’est une noble bête et qu’il vaut mieux que ce soit elle qui porte votre nom que bien d’autres bêtes que l’honneur et la décence m’interdisent de nommer ici ! D’ailleurs, si ma mémoire est bonne, on vous affuble dans votre entourage de sobriquets beaucoup plus déshonorants.
C’est quand même le plus beau du groupe !