Chez l’amie, là-bas, parfois il pleut des chats. Ils dégringolent harmonieusement de l’immense tonnelle de glycine qui ombrage la terrasse.
Je tairai leur nom car je leur ai promis l’anonymat. Ils vont et viennent à leur guise. Parfois – c’est assez rare – il y a un peu d’agacement dans l’air, un feulement crescendo. Mais c’est un art de vivre, un peu de piment dans le quotidien. Ils ont leurs coins, leur rythme. Bref, ils vivent leur vie de chat.

Ils définissent les rapports, la distance, le modus vivendi. C’est à prendre ou à laisser. On prend. On prend les deux profils offerts, spontanément.
Cadeau
Chat de lumière. Chat d’ombre Chat posé Chat perché
Chat lové
Ceux-là ont une belle vie parce que l’humaine veille sur eux. Les autres, les solitaires, on ne sait pas trop… Il y en a tant !
J’ai aimé les voir vivre si libres, si beaux dans leur indifférence ! Pas de familiarité avec la visiteuse. Un petit nouveau tigré voulait intégrer la bande. Mais au bout de quelques jours, l’humaine s’est aperçu qu’il était très dominant voire agressif avec les habitants du lieu. Alors, non, tu n’as pas ta place dans le clan si tu viens semer ton souk et faire le matamore ! Donc, dehors, pfuittt, file. Tu ne terroriseras pas la si douce :

Ils sont là à l’heure des repas. On ne sait jamais. Quelque chose peut tomber de l’assiette. Cela arrive parfois parce qu’on est très maladroites !
Tiens, il vient de pleuvoir un chat !
Des grands sphinx allongés au fond des solitudes,
Qui semblent s’endormir dans un rêve sans fin […] Baudelaire – Les Chats
Et elle, parce que je l’aime trop !
J’aime cette pluie de chats libres de l’humain qui vont et qui viennent à leur guise.
Libres mais aimant leur humaine qui leur rend bien !
Opportunistes, les félins ! les maisons se vident et ils rappliquent pour l’hiver.
Ah les coquins félins ! Mais les portes ne sont ouvertes que pour le clan, non ? Sinon, tu habites chez les chats ! Sont pas connus pour avoir des états d’âme et des scrupules, mais on les aime.
Cela me rappelle… Une petite histoire de famille… Quand je pense que chez notre grand père paternel vivaient quatorze chats! Sur les toits et dans les combles de l’appartement sur trois étages sur les quais de Bordeaux… Les trois frères Alain, Olivier et Francis avaient chacun la ou le “Chouchou”, la “Pite”, la “Yoye” et la “Mimounette”. Le grand père avec son bonnet de nuit et longue chemise, bougie dans la main, descendait dans la rue lorsqu’il entendait un miaulement de détresse… Quel capharnaüm! Mais tout le monde semblait vivre en bonne intelligence, et chacun son domaine… Ils se rassuraient, s’entraidaient et une certaine affection s’installait…
Et celle qui savait ouvrir les portes ! Et celui qui ne mangeait pas dans la gamelle des autres : plutôt crever ! Oui, le grand-père… Et dans mon souvenir (enfin ceux du vieil éléphant), c’est aussi sur les toits qu’il allait chercher les “pôvres bêtes” !
pas du tout femme à chats, mais le paysage est suffocant de beauté et reflète le calme, la limpidité, le douceur, et la vie qui bruisse adagio… Je suis heureuse pour toi qui viens de connaître tous ces bonheurs.
Laura, femme à chien
Ah ça, j’ai fait le plein ! Enfin, pas tout à fait… une envie : y revenir ! C’est “suffocant”, oui comme tu le dis et les yeux et le cœur font du yoyo entre l’écrasant et l’humble, le dur et le doux. Pour les chiens, je les aime fort aussi, surtout certains ! (Anecdote des Adams : Clarisse, 3 ans nous déclarant à ta maman et moi : “Arioul, y vange un noche”; traduction : Raoul (chien des lieux) mange un os. Éclats de rire lorsque nous avons décodé)
Pas sectaire, j’apprécie et même un peu plus. Comme ils sont beaux ! (vraiment l’animal supérieur de la création). Et tant qu’à ne pas être sectaire et citer Beaudelaire, je rappelle qu’il y a aussi un sonnet sur les hiboux dans les fleurs du Mal.
J’ai pensé au Hiboux mais… j’étais hors sujet (quoique Athena… mais ce n’est pas un Hibou). Il y avait aussi des pipistrelles à Tinos et des guêpiers…. Si vous connaissez très bien les premières (!), les seconds vous auraient émerveillé, Grancapo !