Voici quelques paroles égrenées au vent. Des lieux vus ensemble. Chacune son œil, souvent la même réaction. Pas toujours.
Elle photographie. Nous sommes curieuses, ” yeux affamés “, happées par une forme, une couleur : ici (en Grèce), même l’air a une couleur.
Ceci est le premier épisode d’une série d’échanges, muets ou parlés, vécus ou imaginés. Parfois ils ont lieu quand nous regardons les photographies. Je commence par un bestiaire. Toutes les photos sont de Feggari Xouw sauf celle de la chatte noire.
La photo de Une est une devinette : a-t-elle sa place dans un billet sur la faune ? Nous exerçons la pareidolie avec maestria !
Elle dit : Ses yeux sont extraordinaires. Il s’appelle Gustavo.
Je réponds : Il a un col en cuir comme les rhinocéros.
Sur son dos, depuis la tête, une belle bande jaune. Il va rester là, longtemps, hiératique puis disparaître. Un instant, nous avons vécu avec une créature étrange, parfaitement mystérieuse. Silencieuse.
Ici, les mirettes sont très sollicitées. Un des plus beaux endroits de l’île : l’eau douce et l’eau salée se côtoient. Oies, canards, tortues et chèvres nous font le spectacle ! Il faut dire qu’un homme est venu déverser un sac de restes. Les oies chassent les chèvres. Les canards se faufilent. Les tortues se débrouillent.
Elle dit : Là, une montagne de tortues. (photo gauche)
Je réponds : Les oies posent. (photo droite)
Et les chats, bien sûr.
Chats perchés, l’un dort, l’autre veille.
Elle dit : Il dort au bord du vide.
Je réponds : Normal, c’est un mâle.
Et nous nous demandons de quelle nature sont leurs rêves ou leurs pensées.
Enfin, paréidolie encore, cette bête immense fut là il y a deux cents millions d’années.
Je dis : Il est impressionnant, même pétrifié.
Elle répond : On entend presque son cri vers le ciel.
Alors là c’est magnifique cette cantate à quatre mains, quatre yeux, deux cœurs ! Quelle partition ! Un régal pour les lecteurs, les amoureux de la Grèce, et les fans de photos !
bravo vous deux , grâce à vous je ne suis pas totalement misanthrope !
Ah je sais que ça te parle, Joëlle ! Ces yeux sur le qui-vive, à choper au vol, tout ce qui parle aussi à l’imaginaire, au cœur !
Grâce à toi, ma misanthropie est tenue en laisse.
À suivre…
Merci ! Et la suite avec un grand plaisir…
Durassienne, forcément durassienne…
” Ce qui vous arrive dessus, dans l’écrit, c’est la masse du vécu ” Tout écouter de ce formidable entretien sur l’inspiration, n’est-ce-pas ? Ce débordement
https://www.facebook.com/watch/?v=205552764500545
Ode à la nature
L’algue échouée sur le sable ressemble à une tête d’oiseau au long bec ou à une signature de fin de vie…Te souviens-tu de ces algues que nous posions comme une longue chevelure qui nous rafraichissait la tête et nous protégeait du soleil sur la plage de Oualidia ; “heureuse enfance” pèches aux crabes que nous classions ” ouarad, djouze, cleta,arba” et le pècheur qui passait avec une perche sur l’épaule et ses poissons comme des guirlandes, chouette, notre repas du soir !
Votre cricket est magnifique ; mes petites tiroirs de mémoire s’ouvrent et défile un film dans ma tête. Ces vols de crickets déferlants suivant leurs courbes de vol faisaient un ruban doré ou noir. Notre Malika nous donnait des casseroles et des cuillères en bois pour faire le plus de tintamare pour essayer d’effrayer ces bestioles qui dévastaient certains jardins, c’était la désolation, ne restaient que des troncs décharnés, sur les pistes d’avion, les soldats allaient les chasser au lance flamme. Quelle odeur ! Heureusement ce fléau était assez rarissime.
Les tortues viennent-elles pondre sur la plage? Cela n’a pas l’air d’affoler les oies intrigantes.
Les petits chats sont attendrissants, l’un doit rêver d’être un bel oiseau et l’autre posté comme une vigie semble attentif aux mouvements dans les collines et espère un alizé léger.
Tu sais comme j’aime tous les cailloux ! A chaque retour des Pays où nous avons séjourné les malles en étaient lestées. Souvenir du seul jour de congé au Qatar, nous allions casser des cailloux et trouvions des géodes magnifiques. Un grand plaisir qui me nourrissait mais aussi le regret de n’avoir pu être archéologue… Ce rocher sculpté par le sel et le vent dégage une puissance majestueuse.
Et je me trémousse sur ma chaise avec le duo J. Moreau/ M Duras “Rumba des Iles” et souris à tant de belles choses…
Ah je vois – avec un immense plaisir – que les images de Feggari réveillent celles de notre paradis ! Tout est si juste ! Je retrouve, je pense, beaucoup de notre enfance dans cette île et la Grèce en général. Et je découvre aussi d’autres merveilles.
Tu as beaucoup voyagé, après le Maroc !
Essaie de profiter de ce coin où tu habites, qui est si beau aussi.
Merci de des belles évocations, ma Nana.
En temps qu’amoureuse de la Grèce, je souscris à tout ce que j’ai lu sur ton séjour. Et j’ajoute mon grain de sel , à propos de l’eau douce et l’eau salée: Dans une autre vie j’ai séjourné à Zakinthos ; c’était une île avec très peu de touristes ; sur une belle plage déserte, nous avons trouvé des sources d’eau douce, qui coulaient lentement vers les vagues tranquilles; j’ai ramassé dans ces sources des petits galets blancs et ronds ; Homère parle des sources d’eau douce sur une plage d’Ithaque, qui est voisine . . .
J’aime tes grains de sel (de mer) et suis allée immédiatement voir ” ton ” île. Quel paradis ce devait être !
Tu as connu tout ce merveilleux monde au bon moment.
J’irai et découvrirai autant que je pourrai.
Suis moi dans la prochaine étape qui sera végétale et pour la dernière de la série, ce sera Thalassa et Néphelé.
Désolée pour la faute d’orthographe : il fallait écrire “en tant que”, bien sûr. Mais le Temps est un tel souci quotidien qu’il s’est imposé avec naturel !
Et c’est bien de Temps qu’il s’agit : Homère est donc toujours présent, puisque les sources ne sont pas taries.
Et tu es sur les Tempes du Temps, donc… Homère dit encore : La génération des hommes est semblable à celle des feuilles. Le vent répand les feuilles sur la terre, et la forêt germe et en produit de nouvelles, et le temps du printemps arrive.
Merci pour ce carnet de cartes postales je me régale littéralement….
Ravie de votre passage : ces plaisirs sont à partager.