Polar… mais pas que

Du roman policier au polar : une vraie passion !

Longtemps, je n’ai pas lu de romans policiers. Je me suis rattrapée, croyez moi !
Quoique… lorsque j’y réfléchis, je me souviens que j’ai trouvé assez tôt Gaston Leroux et son contemporain Maurice Leblanc dans la bibliothèque parentale. Alors…
Allez, on se la joue chronologique.
15 ans : je n’avais pas l’impression de lire des polars en dévorant Le Fantôme de l’opéra, Le Mystère de la chambre jaune ou encore L’Aiguille creuse (Ah ! Arsène, gentleman cambrioleur dont le ” père “, Maurice Leblanc, fut mis au monde par Achille Flaubert, frère de Gustave). Et pourtant… J’y étais déjà. Cela commence là. Sauf que ces livres sont des romans policiers, c’est-à-dire, selon la définition de Régis Messac en 1929, un crime mystérieux, graduellement éclairci par les raisonnements et les recherches d’un policier.
20 ans : Maigret que j’aime bien parce qu’il s’intéresse plus au criminel qu’au crime et puis San-A qui fait tellement marrer ! Et sûrement d’autres que j’ai oubliés, peut-être Agatha Christie…
25 ans : les vieux amerloques ! Alors là, il y a de quoi faire :
Raymond Chandler : Le grand sommeil . Il existe photo de moi en Tunisie qui dors avec le bouquin sur le ventre ; je ne l’ai pas trouvée mais il me semble que c’était cette édition:

Et toute la bande avec laquelle je me régale : Dashiell Hammett le tragique et son Faucon maltais, le pauvre William Irish et ses livres crépusculaires (je n’en cite pas, la liste serait trop longue), James Hadley Chase et sa Miss Blandish. Je dévore !
Et puis, ça s’accélère, avec des surprises (Caleb Carr, L’Aliéniste), des découvertes – pour moi John Le Carré en fut vraiment une. La Constance du jardinier, quelle histoire !
Je ne voulais pas faire une liste mais j’ai la sensation de trahir le uns ou les autres : j’ai tant aimé lire Tony Hillerman, les premiers Mary Higgins Clark et Patricia Cornwell. Et Minette Walters, vous la connaissez ? J’ai aimé commencer à lire des romans écrits par des femmes, vraiment. J’ai trouvé que la psychologie des personnages était fine, acérée. Subjectif ? Peut-être… Puis arrive Fred Vargas et là… coup de foudre !
Je savais que ça allait virer au catalogue mais sitôt qu’il me vient un nom à l’esprit, je me dis : ” Oh non ! Tu ne peux pas le zapper, celui-là ! ”
Quelque chose change quand plus personne ne redoute de dire que ces livres sont de la littérature.
Relisez le fantastique – au sens premier du terme – Dans la brume électrique de James Lee Burke : c’est du grand art ! Est-ce encore du polar ?

Relisez le tragique Mystic river de Dennis Lehanne : ces portraits d’hommes déchirés sont autant de plongées dans l’incroyable beauté de la noirceur !
Quelque chose chose a changé. Et pas uniquement chez les américains. Caryl Férey l’engagé écrit des livres où se mêlent critique sociale, constats sur les ravages de la colonisation et de l’apartheid. Bien sûr la trilogie Haka, Utu, Zulu, documentés à l’extrême, haletants.

Un changement a eu lieu : les héros ne sont plus des archétypes. Ce sont des êtres que le passé rattrape, ils sont incarnés et même s’ils sont dingues, leur psychologie et les contextes – géographiques, temporels, sociaux – font partie intégrante de l’histoire. Cela se complexifie.

Pour se détendre, je ne résiste pas au plaisir d’une petite première de couv. dénichée au gré de mes recherches :

Et je viens d’apprendre qu’il existe une Hannelaure Cayre que je ne connais pas.
C’est ça qui est chouette avec le polar, ça n’est jamais fini ! Je ferai peut-être un autre billet pour parler de tous mes autres auteurs… Musique !

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Denis
Denis
il y a 4 années

Ooohhh ! Tu as oublié Conan Doyle (Arthur Ignatius) ! … je plaisante, mais des souvenirs quand même, dont tu dois te remémorer.

Jaja
Jaja
il y a 4 années

“Un changement a eu lieu : les héros ne sont plus des archétypes. Ce sont des êtres que le passé rattrape, ils sont incarnés […]”
Parfaitement résumée cette recherche de la chair par le mythe (écran(s), infox, etc.), oh combien actuelle.
Et le polar est le spécialiste du sang en son corps, peur assouplie.
Merci pour ce rappel, et sa suite!

Feggari
Feggari
il y a 4 années

Merci pour la découverte (Caryl Férey) et pour ceux qui manquent… la liste est trop longue, dans ce monde si vaste du polar noir. Enfin si, Mankell, tout de même.

Georges Maurin
Georges Maurin
il y a 4 années

Bonsoir,

Padura, Montalban, … votre bibliothèque possède quelques merveilles… Et commencer par Arsène Lupin ! Peut-être, quelques mois avant, lorsque j’étais puni, enferm dans la chambre d’angle d’où aucune évasion était possible, je lisais, relisais : le club des cinq, les six compagnons de la Croix-rousse … !

Georges Maurin
Georges Maurin
il y a 4 années
Reply to  TempesduTemps

Blek le roc, et en fin d’histoire n’y avait-il pas une autre histoire avec un jeune prince, histoire/science fiction. J’aimais bien Kit Carson !
Ce soir, lecture de La Soif, de Jo Nesbo, un pavé moyennement digeste.

Georges Maurin
Georges Maurin
il y a 4 années

P. S. : Jean-Claude IZZO, la trilogie marseille : Total Khéops, Chourmo, Soléa

Romain-Paul Lissier
Romain-Paul Lissier
il y a 4 années

On pourrait en ajouter bien d’autres (par ex, Peter Corris (dans le genre Chandler, en Australie, ou certains Scerbanenco, ou Josephine Tey. En tous cas merci de nous avoir évité l’ennuyeuse et systématique Agatha Christie. Et puis une chose : JH Chase, c’est vraiment très surfait : toujours la même histoire du type (poussé par une femme fatale bien sûr) qui va inévitablement faire ce qu’il ne faut pas, et ça finit mal, natürlich.

Feggari
Feggari
il y a 4 années

Allez, il faut que j’en rajoute. Nesbo, parfois grosse cavalerie mais parfait scenario pour cinéma. Et puis aussi Connelly, Lemaître, Lehane, Camilleri (superbe traduction) et, pour l’Athénienne de coeur que je suis, Markaris.

Feggari
Feggari
il y a 4 années

Commence peut-être par le début, Une défense en béton – On suit les aventures très politiques et actuelles de Kostas Charitos, vieux commissaire désabusé mais très perspicace, une analyse fine et drôle de la société grecque et surtout athénienne. L’Empoisonneuse d’Istanbul est très bien, on peut le lire sans avoir connu les précédents (se déroule dans la communauté grecque d’Istanbul). Je les ai tous en numérique (quand tu recevras ma tablette…)

georges maurin
georges maurin
il y a 4 années

” … Nous avons mangé le farci, réchauffé, et sur lequel j’avais mis un filet d’huile d’olive. J’ouvris une bouteille de Terrane, un rouge de Toscane, que je gardais pour une bonne occasion. Souvenir d’un voyage à Voltera avec Rosa. Je racontai à Lole tous les événements. Dans leurs détails. Comme on disperse les cendres d’un défunt. Et que le vent emportera.
__ Je savais. Pour Simone. Mais je ne croyais pas à Manu et Simone. Je ne croyais pas plus à Manu et Lole. Je ne croyais plus à rien. Quand Ugo est arrivé, j’ai su que tout s’achevait. Il n’i pas revenu pour Manu. Il est revenu pour lui. Parce qu’il n’en pouvait plus de courir après son âme. Il avait besoin d’une vrai raison de mourir.
” Tu sais, j’aurais tué Manu, s’il était resté avec Simone. Pas par amour. Ni par jalousie. Pour le principe. Manu n’avait plus de principes. Le bien, c’est ce qu’il pouvait avoir. Le mal, ce qu’il ne pouvait avoir. On ne peut pas vivre ainsi.
Je préparais des pulls, des couvertures et la bouteille de Lagavulin. Je pris Lole par la main. et la conduisis au bateau. Je passais la digue à la rame, puis je mis le moteur et fis cap sur les îles du Frioul. Lole s’assit entre mes jambes, sa tête sur ma poitrine. On s’échangea la bouteille, se passa les cigarettes. Sans parler. Marseille se rapprochait. Je laissai à babord Pomègues et Ratonneaux, le Chateau d’If, et tirai droit devant, vers la passe.
Passée la digue Sainte-Marie, sous le Pharo, je stoppai le moteur et laissai flotter le bateau. Nous nous étions enveloppés dans les couvertures. Ma main reposait sur le ventre de Lole.
A même sa peau, douce et brûlante.
Marseille se découvrait ainsi. Par la mer. Comme dut l’apercevoir le Phocéen, un matin, il y a bien des siècles. Avec le même émerveillement. Port of Massilia. Je lui connais des amants heureux, aurait pu écrire un Homère marseillais, évoquant Gyptis et Protis. Le voyageur et la princesse. Le soleil apparut, par-derrière les collines. Lole murmura :
O convoi des gitans
A l’éclat de nos cheveux, orientez-vous …

Un des poèmes préférés de Leila.
Tous étaient conviés. Nos amis, Nos amours. Lole posa sa main sur la mienne. La ville pouvait s’embraser. Blanche d’abord, puis ocre et rose.
Une ville selon nos cœurs. ” . Jean-claude Izzo, total Kheops
La fin de ce premier roman/polar sur Marseille. Un clin d’œil à la Grèce. Bonne soirée. Je vais boire un vin de Cahors – Clos Troteligotte -, quelques fromages de chèvre. La vie.

Coline Termash
Coline Termash
il y a 4 années

C’est étonnant, personne n’a pensé, me semble-t-il, à Patricia Highsmith qui est un grand auteur. Je citerai Jean-Patrick Manchette, flamboyant et si juste. Merci pour cette visite dont je retiendrai quelques noms.

Feggari
Feggari
il y a 4 années

Et encore… un pas connu mais très bien : Zygmunt Miloszewski, Un fond de vérité, fin et drôle, passionnant jusqu’au bout.

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