Je lance dès maintenant mon deuxième épisode sur Blaise sinon tout va s’éloigner, surtout qu’il est rapide, le lascar !
En plus, son sport favori est de semer le lecteur ; par exemple, la notion du temps est abolie : il peut dans un même paragraphe vous raconter trois histoires se passant à des époques différentes pour peu que l’un des protagonistes ait participé aux trois épisodes. Il évoque un souvenir et revient au présent au beau milieu du récit. On s’habitue et même on en redemande. Vitesse et discontinuité. (Pour la vitesse, je renvoie aux pages magnifiques sur le bonheur de conduire très vite dans L’Homme foudroyé)
Autre chose – ceux qui me connaissent bien ne seront pas étonnés – j’aime comment il parle de ses chiens, ses balades et ses bains avec Volga (qu’il laisse dormir dans la Sunbeam à moins que ce ne soit une Alfa Romeo, avec Cendrars on ne sait jamais), sa tendresse pour Wagon-Lit :
J’avoue avoir souri lorsque j’ai lu la déception de ce critique arrivé à la conclusion que l’homme était un grand mythomane ; mais les “vrais mensonges”, le mélange de fiction et de vécu, les vantardises – les siennes propres et celles de ses héros – tout cela participe de l’épopée cendrarsienne, ce mélange de précision, de poésie et de sauvagerie ! Ils sont tous là et tous un peu lui, les séducteurs, les escrocs, les aventuriers, les inventeurs, les bavards, les rêveurs. Et puis le réel, l’historique, le vécu et l’imaginaire ne sont pas dosés de la même façon : notre homme sait très bien comment faire le cocktail : cela s’appelle l’autofiction. Et enfin… Se non è vero, è ben trovato !
Il aimait beaucoup Baudelaire. Est-ce que vous savez que c’est pour ça qu’il s’est appelé Blaise Cendrars ? Toutes les lettres de “Blaise Cendrars” se retrouvent dans “Charles Baudelaire, sauf le N. C’est une anagramme presque parfaite. Mais il tenait au N car il voulait que son nom contienne au point de vue sonorité, les mots “cendres”, “sang” et “rare” dira sa femme, Ramone.
(document ina.fr)
Rare écrivain que celui qui réalise et rêve sa vie… Une épitaphe :
“Là-bas gît
Blaise Cendrars
Par latitude zéro”
Un clin d’œil à l’Anthologie Nègre, bien sûr. Mais pour avoir vu par deux fois les Maîtres tambours du Burundi, je peux vous dire que tous les films trouvés sont un million de fois en dessous du choc ressenti !
P.S. : Mes liens ne s’activent pas. Pour voir les videos, faites un copié/collé du lien dans une nouvelle fenêtre… J’espère que cela marche. Vous me direz.
Je ne connaissais pas l’histoire de son nom et des noms-gigognes qui le composent, c’est très beau. Du coup, très envie de relire Cendrars, merci Claire de me remettre sur sa piste.
Sa femme Ramone raconte plein d’histoires intéressantes ! Et la vie de ce couple est étrange. Mais le lire, lui, c’est un voyage unique, très fatigant mais passionnant : ce serait Tintin + Kerouac + Sylvain Tesson + Nicolas Bouvier et j’en oublie.
J’aime bien le tintin+kerouac, etc. Bouvier je ne sais pas, il y a chez lui une fêlure, une émotion permanente… Merci pour ton blog qu’une page FB ne remplacera jamais !
Ah… Bouvier, c’est l’humain “Si on ne laisse pas au voyage le droit de nous détruire un peu, autant rester chez soi.” disait-il. Pour moi l’écrivain-voyageur par excellence. Ses photos sont belles.
Merci de tes passages.
tu ouvres des portes et donnes terriblement envie de se plonger dans Cendrars. les anecdotes sont étonnantes et tes propos bien ciblés. Allons-y , l’été-siestes-lecture commence!
Mon côté fouineuse a été comblé avec tout ce que j’ai trouvé sur le Blaise ! J’envie ceux qui vont prendre le train avec lui, le transsibérien, bien sûr (qu’il n’a peut-être jamais pris mais dont il disait : “qu’est-ce que ça peut faire ? Je vous l’ai fait prendre !”). Suis beaucoup avec ton Teodor adoré en ce moment…
Tu veux dire TEODOR CURRENTZIS ! ce jeune génie de la musique, de Rameau à Stravinski, de Purcell à Ravel, et bien sûr les opéras de Mozart.
accourez , bonnes gens et découvrez, vous avez du bonheur à l’horizon! peu connu chez nous, il fait la révolution, et ça fait souvent avancer l’histoire.
Mais OUIIIIII, celui-là ! Il n’y a en qu’un, non ? Et c’est vrai qu’avec lui, ça déménage, les lignes bougent, pour notre plus grand bonheur.
TEODOR CURRENTZIS, c’est son nom.
(J’ai essayé de réparer les liens qui n’étaient pas visibles (swissinfo, video INA); qu’est-ce que cela donne de votre côté ?)
Cela marche bien et nous avons en prime de belles images : donc chapeau bas, monsieur le réparateur et merci encore. J’hésite à corriger mes ajouts défaitistes (au sujet des liens invisibles) mais je crois qu’il vaut mieux. CENDRARS serait content !
” J’hésite à corriger […] ”
Tu peux laisser, c’est peut-être meilleur dans son jus, non ?
Salut à Blaise C., que j’attends au terminus du Transsibérien depuis plus de trente ans!