Je mets des guillemets car c’est ainsi qu’un ami nomme l’état dans lequel la majorité des gens se trouve(nt), à l’insu de leur plein gré, durant ces deux interminables semaines couvrant la période précédant la date des sapin-cadeaux-dinde et accessoirement la naissance il y a fort longtemps et très loin d’un petit gars – il ira d’ailleurs loin et je m’arrête là, ma phrases va être proustienne – et la date à laquelle à un moment précis d’une nuit et si possible un verre à la main, on fait un saut dans une autre année et ça doit être extrêmement joyeux. Celle où l’on va prendre un an de plus. Il faudra juste y penser quand on fait des chèques.
Moi qui suis fâchée avec les chiffres, jusqu’à l’an 2000 c’était hyper simple : 1950 (je ne vous cache rien) et… hop, j’ai tel âge. Ça reste facile mais – il ne s’agit sans doute qu’une légère résistance au cap des cinquante – il faut quand même que je calcule un peu maintenant.
Bon, plusieurs options pour « l’effet-fête » :
1 : On fait comme si de rien n’était. Sobriété totale. Pas de cadeaux, une coupette le 24 au soir et/ou le 25 midi. Seul, de préférence ou avec le(s) camarade(s) de route. Idem pour le 31 décembre. La famille est prévenue. Option allergique.
2 : On fait quelques cadeaux, UNIQUEMENT aux enfants et encore, ceux qui croient au Père Noël. On s’y prend 3 mois à l’avance. On fait service minimum. Option peinard.
3 : On se jette dans le truc ! On y va à fond ! On pense à tout le monde, même la tante Ursule qui aura droit à son poinsettia ; pas grave, elle ne se rappelle pas d’une année sur l’autre. On commence à aller dans les magasins vers le 20 décembre jusqu’au 24 à 17h30. On est excité, énervé, on fait les paquets cadeaux avec du bolduc de couleur fluo : faut qu’ça pète ! On est entre la joie et la colère. De toutes façons, tout le monde s’en fout : les cadeaux seront ouverts par des barbares aussi excités que vous, on s’extasiera sur le repas pantagruélique dont on a mangé trois bouchées. Et si cela se passe chez vous, vous aurez de la vaisselle pour 8 heures. Dans les meilleurs des cas, faudra faire tourner 4 machines et la plaque de la dinde sera foutue ! Option : enthousiaste (étymologiquement = dieu en nous).
Une semaine après, re-belote. Moins familial et plus festif façon nuit blanche, cuite obligatoire pour les plus jeunes, pétards et petits feux d’artifice. Le bruit caractérise davantage cette dernière fête de l’année. Sur le pied de guerre à minuit moins cinq, concert de casseroles sur les balcons enguirlandés, bises à la volée ornées de youyous et de vœux à répétition pour que la nouvelle année soit bonne, excellente et « surtout la santé, hein ? ». Là aussi, on a l’option : « Ben quoi, c’est un jour comme les autres ! », un petit repas amélioré, un peplum à la télé et au lit. Depuis de nombreuses années, c’est mon choix. Je suis contente pour les peplum, j’adore ça !
Je vous propose ci-dessus une carte à envoyer à vos amis et connaissances : vous l’imprimez ou la scannez, écrivez dans le cadre réservé les mots les plus originaux que vous pourrez trouver pour dire à quel point vous souhaitez que cette année 2018 soit la MEILLEURE, la PLUS ENCHANTÉE, la plus SUPERLATIVE sachant très bien qu’avec un peu de chance, elle sera moins mauvaise que la précédente et de toutes façons parée d’un certain nombre d’ennuis et de quelques bons moments, c’est vrai – comme tous les ans depuis que vous êtes au monde. Mais il FAUT faire des souhaits et des vœux : c’est la tradition.
Cette année, exceptionnellement, je pars chez des amis. Je suis contente. De partir et de passer un moment avec eux. Ce sont des paisibles. Ils habitent une belle ville. Tout ira bien. Et quand je reviendrai, on sera en 2018. Vous êtes prêts ?
Comme je suis contrariante, j’ai choisi le mois de juin dans Les saisons de Tchaïkovski : je trouve cette musique douce et mélancolique, parfaite pour ces heures.