C’est un jeu entre mon camarade mari et moi : lorsque nous entendons une musique qui nous bouleverse, l’un dit à l’autre : “Tu feras jouer ça à mon enterrement.” J’avoue que je prononce la phrase plus souvent que lui. Et il me répond toujours : “La cérémonie sera trop longue.”
Vous entendriez : When I’m laid in earth – Didon et Enée de Purcell, La plus belle africaine Duke Ellington, Lettres intimes de Janacek, Little girl blue Nina Simone, This little baby Benjamin Britten, la sonate D 960 de Schubert par Svjatoslav Richter, Ich Habe genug de la Cantate BWV 82 de Bach et bien d’autres musiques de lui… Tant et tant de musiques à célébrer, pour moi d’abord – ce serait mon enterrement quand même ! – mais pour ceux qui sont partis et aimaient les Doors, Janis Joplin, Tom Waits et les autres, pour mes parents qui nous ont entourés de musiques, ma mère qui adorait chanter mais chantait faux, pour mon frère et ma sœur avec leurs goûts différents et sûrs, pour mes enfants qui ont leurs passions aussi – flamenco, fado, zouk et salsa et j’en oublie – pour les ami(e)s, ceux et celles qui m’ont fait découvrir des merveilles et qui ont fait des découvertes grâce à moi, j’espère.
J’ai une très ancienne passion pour Art TATUM. Il faut expliquer que j’ai eu beaucoup de jazz dans mon biberon et très vite j’ai eu mes chouchous. J’adorais notamment certains batteurs ce qui amusait beaucoup mon père. Mais j’ai des noms et un de ces jours, vous y aurez droit !
En ce moment donc, nous revisitons l’univers insensé de ce pianiste et nous en sortons chaque fois épuisés et ravis ! Il reprend ici L’Élégie de Gabriel Fauré mais il faut le savoir !
Et du coup, il me revient en mémoire une anecdote entendue autrefois : il s’agit d’une vieille tante d’amis qui disait à son mari “Quand l’un de nous deux mourra, j’irai vivre en Espagne.” OLÉ !
En attendant, je m’entraîne.
P.S. Pour ma part, après ma mort, il est hors de question que j’aille vivre en Espagne !
Vous vous entraînez à quoi ? À trouver des musiques pour votre enterrement ? J’ai quelques éléments de réponse, comme disent ceux qui causent dans le poste. Quant à aller vivre en Espagne après votre mort ? Oh si… Vous m’emmènerez, hein ? On ira écouter du fandango et boire de la manzanilla.
“Ha ! Celle-là je l’écouterai bien à mon enterrement”, ce qui est quand même paradoxal.
Je me fais souvent cette réflexion quand j’aime une musique et qu’elle me paraît adaptée à la future (et funeste !) situation.
N’étant plus apte à “réellement” écouter, ne serait-il pas préférable de laisser choisir nos proches ? Ce choix serait dicté par le souvenir qu’ils ont de nous … même s’ils se trompent.
“Éviter quand même Dorothée ou Chantal Goya, svp les vivants !”.
Mais bien sûr qu’ils choisiront, ceux qui restent ! Et puis, comme tu le dis, on s’en fiche un peu, on n’entendra pas. Tous ceux, c’est pour ceux qui sont là. Par exemple, je regrette mes choix pour l’enterrement de Papa, trop vite, trop dans l’urgence et la pagaille. Mais je me dis que ça n’est pas grave. Bien reçu le message pour Dorothée et l’autre. Mais un p’tit Sheila, non ?
Un bon rock bien hard avec des riffs d’enfer, gnarf gnarf gnarf !
Pas uniquement et tu le sais. Hier j’écoutais justement :
https://www.youtube.com/watch?v=y_HANu1pTA4&index=75&list=LL1QZt2cxECvY0TDQmJtvonA
et ce n’est qu’après que j’ai lu le titre de ton billet, titre égayé par “le jeu”.
Hé ! Art Tatum, il n’était pas un peu fou ? … je plaisante, quelle volubilité !
Oh je sais bien que tu n’es pas “monomaniaque ” ! Ce miserere est une splendeur. Mais quand même un p’tit Sheila, non ? Et oui, je pense qu’Art Tatum était un peu barge, pour mon plus grand plaisir et vertige. Certains ont besoin de 3 notes pour dire l’essentiel ; d’autres de mille notes… Tête pleine de notes dans une savante profusion.
Quelle belle partition! des blanches, des noires en croches et double-croches, accrochez vous…
Je désirerai que de la musique et des chants, amenée, portée par un groupe de danseurs-chanteurs comme au Ghana (voir spotboxlive.com) entourée de myosotis. A la sortie de la cérémonie que toutes, tous aillent boire à ma santé à la Pen
BUG! à la Penâ (perdu accent circonflexe) . Mais bon, j’espère avoir encore un peu de temps. Tant de choses à écouter, lire, voir, découvrir. J’aime cette anecdote finale et je m’en souviens….
Je ne réponds qu’à ce commentaire (suite du précédent) : La bonne idée : la danse ! Des danseurs de claquettes, du tango et toutes sortes de choses. Et tu as pensé aux fleurs qui peuvent être musicales. Pour moi, pivoines blanches. Et boire un coup, c’est drôlement bien aussi. Et ça n’est pas triste tout ça… pas du tout. Je savais que tu te souviendrais de l’histoire de l’Espagne… Ce que ça nous faisait rire !
Un boucan d’enfer !
Porte sud, les Tambours du Burundi, tourniquet nord, du hard-Hard, portillons sud-est et sud-ouest, un grand orchestre de gamelan répondant à une grosse clique du Bronx.
Au centre, Contemporain tous cris, sirènes, marteaux-pilons, engins de construction, moissonneuses-batteuses en rut et, proche du gouffre, tout autour, le carnaval des animaux au plus fort de leurs fièvres.
Quand tout s’arrête, la dernière corde remontée, enfin nous jouissons, heureux, du Silence.
Je compte sur vous, je serai absent.
OUH LA LA ! Ça dépote sérieux mais toutes ces percussions m’enchantent. J’espère que, quelque part en poussière d’étoiles, nous gigoterons ensemble sur ce grand ramdam, hymne à la vie infinie. Quant au Silence terminus-tout-le-monde-descend, il signe la fin. Et c’est bien de savoir qu’il existe. Mais plus tard, hein ?
Oui, beaucoup plus tard que jamais.
On a trop de trucs à faire avant, on n’aura pas le temps d’aller à la cérémonie, même courte…
Mais pour un verre, deux, autour d’un bûcher de sapins de noël à venir, j’ai le temps.
Un de mes plus grands fou rire, c’est à l’enterrement d’un de mes voisins.Il avait demandé de partir avec Etienne Etienne oh tiens le bien!!Chanson érotico-subjective L’assemblée était si tétanisée que beaucoup se mordait la langue pour ne pas rire mais au final, ce fut un fou collectif.Connaissant cet homme ,je crois qu’il a aimé ce dernier hommage et qu’ il a fait exprès.
Qu’est ce que c’est bien de partir dans l’immense rire collectif de ceux qui restent ! Et puis quel pied de nez à la mort : tout le monde se marre. Oui, vraiment idée magnifique !