Je ne suis pas emballée par la musique d’Arthur Honneger qui accompagnait le film alors, pour illustrer le billet, je divague :
Et puis, dans Regain, Giono parle du ruisseau Gaudissart et c’est tout simplement magnifique ! Ce qui suit n’est pas du Giono.
[…] Étourdies par l’odeur du regain fraîchement coupé, par l’odeur des chèvrefeuilles, par l’odeur des blés noirs en fleurs (S. de Beauvoir, Mémoires d’une jeune fille rangée, 1958)
Ce mot, engrangé d’une lecture ancienne de Giono, m’est remis en tête par un ami qui regardant les petites feuille vertes des marroniers – fin août ! – dit : C’est le regain. En fait, le regain est surtout employé pour la seconde coupe des prairies. On le dit aussi pour la repousse des figuiers (et aussi pour l’intérêt).
On doit avoir le droit de le dire pour ces espèces de sursaut de vie, ces prolongations que jouent les végétaux. J’entends RE-GRAIN. Les mots se lisent, s’écrivent, s’entendent et s’appellent.
Et parce que ça s’écrit dans ma tête et que je vois les mots, j’entends aussi AGAIN. En anglais – corrigez moi, les anglophones – Regain veut dire reprendre conscience après un malaise.
Dans le livre de Giono, un homme revit grâce à une femme et un village revit grâce à eux… Le village en question étant inaccessible, Pagnol abandonna l’idée d’y tourner le film. Au cours des repérages Pagnol découvrit un autre village abandonné et en ruines. Lui et son équipe entreprirent de le faire revivre. L’équipe, dit-on, y travailla jour et nuit.
Le regain appelle-t-il le regain ? REGAIN AGAIN (sur l’air de Twist again) ! Ce serait chouette… mais sans fin. Allez, attendons la fin du regain, préparons nos mitaines et nos écharpes, nos bottes et nos foulards. C’est bien aussi.
‘As time goes by’ n’a pas beaucoup de lien avec Again … je pensais à la phrase
‘Play it again , Sam’
mais ce n’est pas ça … c’est ‘Play it, Sam’ tout simplement …
http://www.youtube.com/watch?v=7vThuwa5RZU
Bonsoir Merbel! avec Claire on va bientôt repartir faire du vélo au bord du canal à Agen!
Que c’est chouette d’entendre le Play it, Sam… Ça ne vieillit pas ou alors très bien ! Mais Play it again, Sam existe : c’est un Woody Allen idiotement
traduit par Tombe les filles et tais- toi !
On s’éloigne de AGAIN mais j’adore Play Misty for me ! Tu connais, Warren, of course ?
http://www.youtube.com/watch?v=P_tAU3GM9XI
Je trouve que c’es un très joli mot, bien que le préfixe “re” ne soit pas toujours très élégant ni très enthousiasmant (recommencer, refaire, se ressaisir, etc.).
C’est un mot auquel je dois mon amour pour la littérature. C’était en première: un prof de français se mit en tête de nous faire étudier ce livre de Giono. Je fus happée; il avait une
interprétation très psychanalytique du texte, très intense. Je trouvais ses explications tellement détonantes et lumineuses et dépoussiérantes dans ce monde de Lagarde et Michard dans lequel on
nous engluait jusqu’au cou…
C’est sans doute à cause de ou grâce à ce texte, que j’ai voulu enseigner la littérature. Enfin, Giono me passe toujours aussi près du coeur: je suis une inconditionnelle. Pour toujours. Avec
Regain j’ai tout gagné!
Ça alors ! Je suis bien émue d’apprendre ça parce que Giono tient une place toute particulière dans mon panthéon et ce, depuis l’adolescence. Je savais des bouts entiers de Rondeur des
jours. Je ne m’en lassais pas. Plus tard, ce fut la découverte de l’étrange Fragments d’un paradis… Et maintenant, je m’en vais découvrir Pour saluer Melville que je ne
connais pas.
Vos élèves ont bien de la chance d’avoir un professeur sensible à cette forte poésie !