Pauvre pauvre ange… Et le punctus (selon Roland Barthes dans le lumineux La Chambre claire) est pour moi le tout petit bouquet (j’allais écrire bouquin) dans la main droite de l’ange. La première fois que je l’ai vu – pas en vrai, hélas et merci à Lucie – j’ai pensé que l’ange avait les yeux bandés afin qu’il ne voie pas où l’emportent les garçons. Cet ange n’est pas grand, c’est un enfant, il n’a pas d’âge ; la lumière ou plutôt l’absence de lumière ne permettent pas de dater l’instant : aube ou crépuscule, il y a des fleurs mais c’est l’hiver… bref, non-lieu, non-âge. Et ce garçon qui nous regarde, avec peur et colère. C’est lent, froid, silencieux, désolé… Il n’y a que l’ange, blanc comme la mort.
Non, en fait, je vous dis que les garçons l’emmènent à l’infirmerie ; le second râle parce que, mine de rien et malgré les plumes, l’ange n’est pas si léger et en plus, c’est peut-être lui qui a jeté le caillou qui a blessé l’ange… Mais quel ballot aussi, cet ange ! Et efféminé avec ça !