Pauvre pauvre ange… Et le punctus (selon Roland Barthes dans le lumineux La Chambre claire) est pour moi le tout petit bouquet (j’allais écrire bouquin) dans la main droite de l’ange. La première fois que je l’ai vu – pas en vrai, hélas et merci à Lucie – j’ai pensé que l’ange avait les yeux bandés afin qu’il ne voie pas où l’emportent les garçons. Cet ange n’est pas grand, c’est un enfant, il n’a pas d’âge ; la lumière ou plutôt l’absence de lumière ne permettent pas de dater l’instant : aube ou crépuscule, il y a des fleurs mais c’est l’hiver… bref, non-lieu, non-âge. Et ce garçon qui nous regarde, avec peur et colère. C’est lent, froid, silencieux, désolé… Il n’y a que l’ange, blanc comme la mort.
Non, en fait, je vous dis que les garçons l’emmènent à l’infirmerie ; le second râle parce que, mine de rien et malgré les plumes, l’ange n’est pas si léger et en plus, c’est peut-être lui qui a jeté le caillou qui a blessé l’ange… Mais quel ballot aussi, cet ange ! Et efféminé avec ça !
En fait votre message, cette toile me parle car j’ai fait une chute vertigineuse dimanche (c’est pas la premiere dans ma longue vie de poete).
Sur le dessin (détail) je remonte à la surface et on retrouve la même attitude, cette tête penchée (Le Dépit)
J’aime votre dessin.
Puis-je vous inviter à discuter sur mon adresse mail ? c.masdes@gmail.com
Bien des choses à échanger
Moi je vois l’eau au fond, la mer ou un lac. L’ange (nage) est tombé à l’eau. Probablement Icare (les yeux bandès à cause du soleil). Les enfants l’ont repéché, bléssé.
Mais oui, elle est très bien votre version, tout colle ! L’eau au fond du tableau dans laquelle est tombé l’ange Icare. Malgré son appartenance à l’espèce anagramme (N-A-G-E = A-N-G-E) ne savait
pas nager… Ça me plaît bien.
Dernier jour pour Aram d’aller au musée à Helsinki pour voir Haavoittunut enkeli ! sur wikipedia en
anglais il y a pleines d’explications intéressantes. Dernièrement j’étais plutôt nulle pour reconnaître des fleurs, mais je me disais, tiens, dans le bouquet on dirait des perce neiges … oui,
c’est ça! Symbole de guérison et renaissance (bon). L’image me fait imaginer deux frères et leur petite soeur tout les trois déguisés. Un Finlandais connu? Sibelius … tu aurais pu
nous mettre sur la piste de Simberg plus vite!
Chouette pour les perce-neige : j’aime bien cette idée : guérison et renaissance. Mais, Warren, je ne voulais pas vous mettre sur la voie, j’ai tout simplement oublié de donner le nom du peintre !
Je n’ai pas les compétences de Monsieur-Boîte-à-images pour faire des devinettes… Et pour la musique, je cherchais du côté des anges.
Merci de ton commentaire
Ah voui, ce fut une belle découverte à Helsinki, émouvante.
Et dans un film de Aki Kaurismaki, tu que as vu aussi je crois Claire, “l’homme sans passé” (trrrèèès bien) une scène fait précisément allusion à ce tableau.
Vive les Finlandais!
Je me souviens très bien de L’Homme sans passé mais comment ai-je fait pour oublier cette scène ???? Been voilà, il faut revoir le film et être très attentif. Je crois que j’étais
submergée d’émotions la 1ère fois et souvent, ça parasite.
Warren me fait observer que Sibelius aurait eu sa place comme musicien et ça me donne aussi envie d’en écouter. C’est beau et vaste, cette musique ! A bientôt sur nos ondes…
Je ne sais pourquoi, cet enfant dans le tableau me fait penser à celui du film “Mort à Venise”. Très différent pourtant. Une lenteur qu’on sent être, oui, la mer, et une
mélancolie de l’ensemble, la présence d’une puissance désespérée de l’ange, une beauté blessée et c’est Ugo Tognazzi qui meurt sur sa chaise devant l’océan et la grâce de l’enfant, une main sur la
hanche.
Birgit,
C’est Dirck Bogarde… Rappelle toi… Mais cette association d’idées, d’images me parle beaucoup. Oui, l’atmosphère dun monde irréel, l’approche à bas bruit de catastrophes silencieuses
Mais alors??? de qui ce tableau ?? lent et grave, très intéressant. Il me semble qu’il n’y a pas de bouquet mais les fleurs sont encore au sol. Et l’ange aux yeux bandés me semble aussi plus
intéressant pour l’imaginaire.Comme quoi à partir d’un même tableau, plusieurs interprétations. Mais quoi mettre derrière tout cela?
Pardon, pardon : c’est un finlandais, Hugo SIMBERG qui a peint cette toile, en 1908 me dit-on.
Quant à mon interprétation, c’était pour rire… Car je ressens une vraie douleur et quelque chose d’abîmé, d’inconsolable, comme un chagrin d’enfant.
Ne rien mettre derrière, juste se laisser porter par le ressenti,l’éprouvé. Ne pas interpréter ou alors très personnellement, comme une confidence, comme lorsqu’on raconte un rêve.