Il y eut de nombreux cygnes sauvages sur la paix du lac, un petit groupe s’éloignant de la rive à notre arrivée, laissant dans leur sillage quelques plumes. Instant blanc.
Et ce tronc, invitation à s’asseoir les pieds dans l’eau pour mieux voir encore l’éclat sur la pinasse jaune. Instant d’or.
Une musique vient, je la laisse faire : elle sait où elle va. Chabrier est comme ça.
Plus tard, au cœur surchauffé d’ août, la rivière accueillera nos fatigues de citadins. La rivière et son peuple d’eau, dessus, dessous, dedans, à côté.
Une permanence mouvante, rassurante. Tous les parfums quand enfin le soleil se tait : figuiers, lavande, molènes, tilleuls…
Et demain matin, faisant naître les brumes dans la prairie, il reviendra. C’est cela, ” Donner le jour “. Instant rouge.
Photo Clarisse Méneret
Les nuages de peintre gomment les malheurs du monde. Ce lieu est d’une folle générosité pour ces moments simultanément immenses et à portée d’œil. Ce lieu aime les matins et les soirs. Les commencements et les fins. Instants bleus.
Ce que le calendrier ne dit pas : votre temps est écoulé pour finir votre puzzle d’été. Mais je vois bien que le soleil paresse un peu le matin et ne se lève plus au même endroit. Instants chamarrés, été à feu doux, solitude de l’eau. Mélancolie toujours.
Et elle, elle chante DEMAIN, la mort, avec le sourire… La peur de penser que je serai toujours seule aura cessé.
Instant Œuvre au noir.