Les branches sont presque nues maintenant, à part celles des chênes qui résistent aux bourrasques. On s’y accroche.
Comme toujours, on fait des rencontres lors des promenades : gens (parfois), animaux (souvent), arbres (toujours).
Celui de gauche : sa Majesté. J’ai eu envie d’y grimper, puis je me suis souvenue de mon âge. Il ne faudrait jamais penser à son âge. Ceux de droite : un vivant veille sur un mort.
Dans une rue, un arbousier pleure ses fruits sur le trottoir. Les oiseaux sont-ils intéressés ? Si j’étais oiseau…
Et d’ailleurs, où sont les oiseaux quand le vent souffle si fort ? On s’accroche à l’idée qu’ils se mettent à l’abri. Les plus grands, les corneilles surtout s’amusent avec lui. Elles dansent. Alors revient ce vieux poème.
Corneilles
Quatre corneilles déchirent l’aube.
Avant, il y avait eu les sourcils de deux nuages
Dans le ciel escarpé et le feutre du matin.
Emportée par les corneilles, du temps où elles étaient blanches,
Traînée hors de la nuit,
Ma voix fait les pointes.
Elle se hisse, mutique, vers le blanc de l’air, vers le blanc des corneilles.
Retrouver dans l’histoire et le grain de ma voix et les anciens tutus blancs.
Blancs comme les corneilles anciennes
Blancs comme les plus belles pivoines
Blancs comme la voix blanche de l’enfant.
Finissons en couleurs et légèrement : allez, ça aussi qui revient de très loin, c’est tout simple et puis moi, j’aime bien l’idée que les écureuils dansent ! Partir des branches nues et arriver aux oiseaux qui rigolent, on change de palette et tant mieux.
Photo de Une : Tim Mossholder