Oui, peut-être mais c’est énervant. Ça pourrit la vie.
Qu’est-ce que j’ai encore fait pour avoir les yeux comme dans une manif (avec lacrymo, évidemment), le nez comme une vieille fontaine dégoûtante (surtout une narine, d’ailleurs) et imposer à mes proches ces éternuements que rien n’annonce et qui ressemblent à des rugissements de lionne très en colère ? Oui, qu’ai-je fait ? Ce n’est même pas un rhume des foins… quoiqu’avec ces saisons toutes chamboulées. J’en sais rien, moi, ma brave dame !
Et alors, je retrouve mon ahurissement enfantin devant le mouchage de certains adultes. J’étais persuadée qu’ils faisaient exprès de faire tant de bruit et surtout de sons très bizarres, genre barrissement ou cor de chasse ou encore trompe tibétaine. Je me disais : ils en rajoutent. On ne PEUT PAS faire ce bruit en se mouchant.
Eh bien, si ON PEUT ! Quand on vieillit, on peut émettre ces sons rien qu’en se mouchant.
Et puis – oui, je geins – tout est sans saveur et inodore. Les paquets de kleenex filent comme des pistaches à l’apéro. Tousse, crache, mouche. Trilogie de l’enrhumé.
Mais le pire, dans les effets secondaires (et très pervers), c’est la clope. Je vois d’ici le hochement de tête des repentis du tabac. Mais c’est un manque affreux ! Je sais : je n’ai qu’à profiter pour m’arrêter. Ben NON ! Je sens la commisération de ceux qui n’ont jamais fumé, la très légère supériorité de ceux qui ont cessé et me voient loucher sur mon tabac comme un ivrogne sur son verre. Et j’enrage. Bon, je pars loin, pas en kilomètres mais en style de vie. Je pars près des rivières et des hirondelles, près des vaches et des hulottes. Je suis sûre que je vais laisser ma rhino-pharyngite à Bordeaux.
Et ce matin j’entends La Callas dans une master class : c’est si beau ! Mes yeux pleurent mais ce n’est pas le rhume.