J’en aimais un. J’en ai découvert un autre. Toute contente ! Et il semble qu’il y en ait un troisième. En fait, ce billet pourrait aussi s’intituler Chadd’s Ford, Pensylvannie ! Cela me permet de regarder à nouveau le nom et l’emplacement des états des États-Unis d’Amérique – que j’oublierai aussitôt ce billet terminé.
Donc dans la famille, le grand-père, Newell Convers Wyeth, toujours appelé N.-C. (1882-1945) qui fut surtout

illustrateur des grands livres de son époque : parmi eux, L’île au trésor de Robert Louis Stevenson, Robin des Bois, Le Dernier des Mohicans, Robinson Crusoé, L’Île Mystérieuse et bien d’autres.

Peinture épique d’une littérature d’aventures ébouriffantes, très datée certes mais échappant au temps ; l’on y voit surtout un art de choper la dynamique et une atmosphère. Il y en a de très belles d’autant que cette littérature me parle. Un petit dernier (sinon, je n’aurais plus la place pour les autres !)

Puis vient notre Andrew, fils du précédent (1917-2009), le plus connu, celui dont je poste régulièrement les toiles : le chien couché sur le lit des maîtres, le rideau qui volette gracieusement à la fenêtre. C’est la grande peinture rurale américaine, l’espace, la solitude. Réalisme magique, dit-on. Classique mais parfois déconcertante quand on sort des plus connues.

La présence des animaux y est forte, les êtres humains y sont seuls, les paysages sont à la fois doux et désolés. Je m’étends pas. Il y a eu récemment une très belle série sur FaceBook. Andrew est en image de Une avec son fils Jamie, le dernier ? (1946- ) de la famille. On est toujours à Chadd’s Ford, Pensylvannie.
Ce que je préfère chez Jamie WYETH, ce sont les animaux ! Il les a vraiment regardés, longtemps. Il en rend tantôt la sauvagerie, tantôt la délicatesse. J’aime ses taureaux à la fois placides et menaçants : la formidable indifférence de certaines bêtes.

Comme ses ancêtres, il connaît bien la nature même s’il sait aussi peindre les visages (le fameux portrait de Kennedy, Andy Warhol, Noureev). Mais vraiment, les animaux…

On entend les cris dans sa Bataille de mer (2003). Car la mouette crie, même la rieuse. L’albatros pleure, le goéland pleure ou raille mais la mouette crie ! Et les dieux de la mer et mes ami(e)s de Normandie savent que la mouette n’est pas un oiseau tendre ! Si ce sont des goélands, dites le vite !
Il aime aussi les cochons, les poules, les chiens et les chats, les vaches… Toute la ferme y passe.
Mais j’aime particulièrement son bélier qui s’appelle The Islander, mot à mot, l’insulaire.

Je ne peux quitter la famille WYETH – avant de laisser l’espace sonore à Samuel Barber par Leonard Bernstein – sans vous offrir une image d’arbre, même si les arachnides ne sont pas loin. Toujours ma dendôlatrie !

Je découvre ! mercimerci c’est vraiment beau et émouvant. Je m’en vais chercher sur le net…
Il y a vraiment de quoi s’en mettre plein les mirettes avec ces trois là ! J’aime le fil qui les relie mais qui avance. De belles photos aussi d’Andrew et Jamie.
Beau billet, merci! Ça fait du bien de voir de la peinture quand la saison explose le gris du mercure (du moins ici).
À bien regarder la finesse de ce réalisme, qui m’a toujours séduit de la part de la “famille WYETH”, et à essayer d’en comprendre, et l’efficacité, et son “étrangeté” (autrement dit, son art), je me rends compte de l’utilisation systématique d’une palette monochrome, peu de couleurs pour “couleurs”, mais subtiles déclinaisons de ton sur ton.
Comme si l’oeil, et ce doit être vrai, ne retenait d’abord dans ce que nous vivons que l’architecture des présences, puis la couleur pour mettre un nom sur un visage.
Le noir & blanc, dans ce sens-là, est peut-être un système parfaitement adéquat pour représenter le monde. Si l’on accepte que les visages portent un nouveau nom, un insoupçonnable nom. Merci!;-)
Bien vu, l’artiste ! Je n’aurais su dire (parce que uniquement ressentis et non analysés) les effets de cette palette. Et très juste aussi – je comprends mieux maintenant – le passage de la représentation au symbolique. Très éclairant. Merci à toi.