
” Je vais aller promener mon nouveau chapeau ” (cloche très chic) me dis-je in petto.
Et toc, je tends l’oreille et qu’entends-je ? Une voix d’homme très douce qui énonce avec des mots de miel des choses simples et belles sur la contagion émotionnelle. Vite, papier-crayon-notes !
[À partir de là, je cite, plus ou moins bien]
Rien n’est plus secret, privé, incommunicable que ce moi profond où les mots n’existent pas. Mais il arrive parfois que nous RESSENTIONS, c’est-à- dire sentions à l’intérieur le moi étranger de l’autre, ses impressions mentales, indices donnés par les expressions de son visage, le son de sa voix. Oui, étrange capacité l’empathie, cette faculté de vivre en nous ce dont nous percevons le reflet chez l’autre.
Ces réseaux-miroirs – d’abord observés chez les macaques – nous permettent d’accéder aux émotions des autres, de les traduire et d’y être attentif… [pas bien compris l’histoire, parce que c’est quand même très neuro-bio-machin tous ces trucs mais j’ai aimé l’expression réseaux-miroirs]
Puis vient l’envie de protéger, d’aider. Car, d’après Darwin, tout vient de la capacité d’attention au petit, au bébé, c’est là que tout commence. La mère orang-outan aide le petit à traverser en faisant de son corps un pont ; elle ne le porte pas, elle ne fait pas à sa place.
Aider, accompagner, être là, à côté, regarder et voir venir, laisser l’autre advenir dans son désir ou non d’aide et de soutien, d’accompagnement. Puis faire le pont entre la détresse de l’autre, la sienne propre et l’apaisement. Savoir demander de l’aide aussi. On ne peut donner que si l’on sait recevoir : c’est exactement la même chose. Et puis l’empathie est valable pour le rire aussi !
Merci à VHM, à nandcinsingap (auteur de la photo des orang) et bien sûr à Jean Claude Ameisen et son émission Sur les épaules de Darwin.
“Car aimer autrui, ce n’est pas se confondre avec lui, se perdre en lui. Mais
demeurer à distance et lancer sur le vide le pont grâce auquel s’effectueront les échanges. Donc pour que ce pont puisse s’appuyer sur ses deux piles, et que celles-ci aient de solides
fondations, il faut que dans la relation, chacun soit à distance de l’autre, dispose d’une surface, d’une profondeur et d’une résistance suffisantes. Toute tentative de fusion avec autrui ne peut
se solder que par un échec.”
Charles Juliet, Journal II 1965-1968, 6/11/1966
Ce billet aurait du s’appeler Éclat de Juliet ! Tout est dit, c’est fin, c’est précis et doux. Grand monsieur, vraiment grand. Un pont de plus en nous.
(La fusion, c’est 1+1 = 0 au lieu de 1 ET 1, ça fait 2)
“Rien n’est plus secret, privé, incommunicable que ce moi profond où les mots n’existent pas.” Je ne sais quoi ajouter à tes mots. Cela ferait
redondance. Et j’aime tant les tiens !
Ce sont ceux de J. C. AMEISEN avec une toute toute petite adaptation à ma sauce. Mais cela m’a paru effectivement d’une clarté et d’une justesse aigües (ouh la la j’ai jamais su pour AIGÜ !)
Tu la connais parfaitement cette empathie, tu sais de quoi ça parle. Enfin, moi je sais que tu sais.