Spécial dédicace à Michel Naslot
J’entends ce soir Jean-Claude Carrière rendre hommage à Jacques Tati et Pierre Etaix avec lesquels il a travaillé. Il explique qu’avec ces deux-là, il a pris de ” leçons de regard “.
Jacques Tati par Pierre Etaix
Et je pense à ces termes : leçons de regard.
Mes premiers profs de regard, ce sont mes parents. Du côté de Sido-Simone, ce sont les mimosas, les libellules, le crapaud, les petites fleurs pas si simples. Regarde ! Tu vois ? Ça, c’est une ombellifère, ça ressemble à une ombrelle.
Du côté du vieil éléphant, c’est Klee et Mirò, Kandinski et Braque… En toute liberté, seuls ensemble devant l’image, un passeur silencieux, son émotion pour seule boussole. Regarde, Le poisson chantant de Miró.
Et puis viennent les autres : les enfants, en prise directe avec ce qu’ils voient, sans filtre, dans une traduction immédiate en une langue neuve.
Retrouver le regard précis et lapidaire de ma fille sur Georges et Django courant dans l’océan.
Enfin, les ami(e)s peintres, les ami(e)s photographes ou comment passer du regard brut à la répercussion intérieure et/ou inversement. Que fait-on de cette image incorporée, quasi vision ? De la transformation du vu en donné-à-voir ? Regarde, c’est comme ça que je vois : ” Un regard qui voit mais qui déforme. Un regard qui invente. Qui voit autre chose que ce qu’il regarde. ” Jean-Claude Carrière in Ateliers
Nous en avons fait notre affaire mais nous avons tous pris des leçons de regard, un jour ou l’autre, auprès de passeurs qui eux-mêmes…
Grâce leur soit rendue !
Barbara – REGARDE