Un peu d’Herbe

Je ne peux m’empêcher de le crier haut et fort : j’aime L’Herbe !

Je m’y lave de plein d’insultes faites à la sensibilité et l’intelligence du monde. Excusez les grands mots… Je m’y nettoie de cette soi-disant information, ramassis de duretés où même les nouvelles pas trop mauvaises deviennent nauséabondes (peut-on à ce point se réjouir de la mort d’un homme exécuté et employer des termes d’un autre âge ? A-t-on besoin de savoir l’état des corps repêchés en mer ?). Je ne me sens pas meilleure que tout ça, ni au dessus : ça m’atteint. Alors, à L’Herbe, je sors la tête du bourbier ambiant, de l’immense déchetterie à ciel ouvert et la plonge dans l’eau, avec le chien qui croit que je me noie et vient me sauver.

Photo C. Mèneret

lieux-1771.JPG

J’y regarde les hirondelles, rassurée qu’elles soient là, encore une année, encore une année… J’y observe les bastons de moineaux décidemment peu farouches. J’y guette le passage des cormorans col tendu, admire de loin le vol des Chevaliers Gambette et entends leurs trilles ténues. J’y écoute l’eau faire son trafic, jour et nuit. J’y compte les nuages et m’y sens parfaitement inutile, incroyablement à ma place.chevalier_gambette_doma_6g.jpg

 

 

 

 

Lieux bénis qui permettent de s’oublier, d’oublier qu’on fait partie du monde qui a mal. Reprendre une respiration rendue difficile par les vapeurs toxiques auxquelles il est quasi impossible d’échapper.

Le chien s’en fout. L’Herbe fleurie aussi. Et moi aussi pour une brouette d’heures. Manger, se baigner, dormir, marcher, regarder, écouter. Et puis, bien sûr… revenir parce que je fais partie de l’humanité.

Actus tragicus – Bach – Les Kurtag – Pas trouvé sans image.

0 Shares:
Choisissez de suivre tous les commentaires ou seulement les réponses à vos commentaires
Notification
guest
4 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments
Vous pourriez aussi aimer

La Maison des souffrants

Brigitte Giraud (me) fait un présent :  http://paradisbancale.over-blog.com/article-dernieres-lettres-a-ma-mere-la-maison-des-souffrants-montreal-18-mars-2011-74716532-comments.html#anchorComment Et comme je suis très émue, je ne dis rien.…

La carpe et le lapin

Quand la bouffonnerie énigmatique de Michel Bouquet rencontre l’énigmatique bouffonnerie de Fabrice Luchini, ça donne du fortiche !…