Martine DUBILÉ : le tableau ci-dessous est un des aspects de son travail. Son site en lien sur la page d’accueil du blog.
Elle habite très loin, en Pays de Caux. Elle y vit depuis longtemps. Pour moi, elle y est exilée : ses racines sont ici, dans le Sud-Ouest. Les racines ne sont pas toujours plongées en de bonnes terres, les terres ne sont pas toujours nourricières, mais ce sont terres de naissance et d’enfance. Il faut parfois partir, quitter, se séparer, être ailleurs, devenir une femme sans ombre. Et peindre.
Elle est peintre. Les terres d’origine sont-elles trop douces pour sa peinture ? Quand elle vient dans le Sud-Ouest – je ne peux écrire RE-vient – elle dit :
Ici, je me déplie. Je regarde l’incroyable profondeur des ombres portées. Et je pense à ce que disait Duchamp : les artistes sont des porteurs d’ombre .
Marcel Duchamp donne de l’activité artistique une énigmatique définition :
Les porteurs d’ombre travaillent dans l’infra-mince
Vous qui m’aimez assez pour ne jamais me quitter
Et qui dansez au soleil sans faire de poussière
Ombre encre du soleil
Écriture de ma lumière
Caisson de regrets
Un dieu qui s’humilie
Guillaume Apollinaire – Calligrammes – 1918
Peut-être que sans ombre, le corps est un peu absent.
Allons à l’ombre, l’ombre de l’arbre aimé : Ombra mai fu extrait du Xerxès de Haendel par Cecilia Bartoli