Alexandre ROMANÈS, enfant de Bouglione, époux de Lydie Dattas d’abord puis de Délia et puis écrivain tzigane, oui, poète tzigane. Même si la culture tzigane et l’écrit ne font pas forcément bon ménage, oralité d’abord ! Même si la possession et le nomadisme sont antinomiques : regardez Alexandre qui retrouve un vieux manuscrit au fond de la roulotte ! clic droit / ouvrir… attendre un peu (ça charge).
Alexandre s’est choisi ROMANÈS comme pseudonyme car ce mot signifie “la langue des hommes ” chez les tziganes.
Cirque et écriture : Zéro bling-bling, rien dans les poches, tout dans le cœur
Lentement, au fil des saisons, sur un cahier d’écolier, celui qui a appris à lire à 10 ans jette ses mots simples et drus.
Extrait de la préface de Jean Grosjean pour Paroles perdues :
Seront-elles perdues ces paroles lancées à la cantonade ? Nées de l’abondance du coeur elles n’ont pas les moisissures du subconscient. Inspirées par les instants de l’existence elles ne s’encombrent pas d’enjolivures. Elles ne s’attardent pas à bricoler des aveux qui d’ailleurs nous ennuieraient. Alexandre ne veut que vivre avec ses colères et ses tendresses, avec sa fierté et ses abandons, avec ses bravades et son détachement.
Préface de Christian Bobin pour Sur l’épaule de l’ange :
« Lire Alexandre Romanès c’est connaître l’épreuve de la plus grande nudité spirituelle. Juste une voix et surtout le ton de cette voix : une corde de luth pincée jusqu’à l’os, ce luth dont il a joué dans sa jeunesse. Les morts doivent parler avec la même douceur sourde et sans reproche. À la lecture c’est comme si on traversait une larme. Cette larme que le poète refuse de verser fait l’humanité profonde de son livre. Il y a de l’eau, c’est tout, et un tout petit brillant de sel. Dans la dernière partie du livre, il y a de l’air. On a atteint la chambre des résurrections. Une douceur sans mélange, si pure qu’elle fait éclater la vitre de la mort. C’est le silence désormais qui tient le livre entre ses mains. »
Je viens de lire que le cirque Romanes est aussi dans le collimateur actuellement. Des musiciens roumains de la troupe ont demandé des permis de travail d’abord acceptés puis finalement refusés.
Et l’administration, législation oblige, leur cherche des noises sur la participation des enfants aux numéros du cirque. Il y a une mobilisation à Paris, en octobre, pour les soutenir.
Alexandre Romanes a publié une tribune cet été, dans le Nouvel Obs, intitulée “Les corbeaux sont les gitans du ciel”. Quelques phrases tirées de son article : “la véritable élite, ce sont les
hommes et les femmes qui ont du coeur”, “si on veut vraiment s’attaquer à la délinquance, il faut qu’il y ait de la justice”. C’est si simple mais tellement vrai. Et une petite dernière sur un
thème que tu as déjà abordé dans ce blog, “le désordre c’est la vie”. Le beau désordre de la musique tsigane, le beau désordre des caravanes, le beau désordre d’aller où les pas nous mènent.
J’avais lu un article il y a 2 ou 3 ans : un journaliste décrivait “un campement modèle” pour les gitans réalisé par la mairie d’une commune de la région. Une petite structure d’emplacements
individuels. Et ce qu’il louait c’était cette idée d’octroyer à chacun un espace bien délimité de façon à ce que chaque famille ait à coeur d’entretenir son devant de porte, de le fleurir, d’en
être “propriétaire”. Il trouvait ingénieuse cette façon d’individualiser l’espace qui allait donner à ces gitans, sans qu’ils s’en aperçoivent, le goût de l’ordre. Le plus terrible c’est que
c’était dit sans malveillance. Plus de campement désordonné, l’ordre naturel des cases se mettait en place et même les gitans y trouveraient leur compte !!!
Salut à toi, dame blogueuse.
Salut à toi Plofx2 et contente de pouvoir saluer tes interventions.
Nous avons “suivi” Romanès depuis ses interventions sur France culture, cet été et sommes au courant pour ses soucis actuels.
Quant à l’histoire du campement modèle, devons-nous en pleurer ou en rires ? Les deux à la fois ? Les gitans propriétaires et ordonnés : non, décidément, on pleure ! Rentrez dans le rang, braves
gens, pas de désordre… Tu vois, les gitans, c’est comme les fous : personne n’en veut, pour trouble à l’ordre public. Wouarffff, qu’est-ce qu’on pourrait casser !!!!
Quel beau duo et ce chant qui vous remue…
Rêves de petites filles : une roulotte, l’essentiel en bagage, richesses en tête et coeur.Dans une autre vie nous avons dû connaître cet état. J’avais entendu dire que des aieux venaient du
Montenegro. Alors! Voilà pourquoi, peut-être, ce remue-ménage en nous…
Oui, je me souviens : le rêve de roulotte ! Une petite maison tirée par un cheval calme… et la route. Vie antérieure de gitanes ? D’autres aïeux ? en plus des belges et des espagnols ? Ils
m’intéressent, ceux du Montenegro. Oui, toujours touchée par les tziganes. Depuis le Django du père et pour toujours.
L’orchestre est superbe, ça y est, on est en plein dedans dès la première note. Mais le numéro de cirque m’a gâché le plaisir de la musique. Je n’ai pas aimé que l’on se serve d’un chat. Marre
d’exploiter les animaux à toutes les sauces !
J’ai découvert la musique tzigane à l’adolescence ainsi que Liszt et le “Melocoton” de Colette Magny. Des marqueurs indélébiles. Est-ce que tu connais Valia Dimitrievitch et Volodia Poliakof ? Je
mets un lien, j’espère qu’il fonctionnera.