Alors ça ! D’où me revient-elle, cette figure ? Comme un spectre, la douce visite d’un fantôme aimé… Une présence intense, un chagrin souriant, une immatérialité… Loin, déjà si loin.

Quand le Carré des Jalles à Saint-Médard s’appelait encore CAC (c’est dire ! )… un homme est venu un jour, seul avec son piano. Première chanson : Le clown. Fin de la chanson. Public (nombreux) tétanisé, pétrifié : pas un applaudissement, pas un souffle, une perfection de silence. Il nous regarde, nous le portons dans notre regard. L’homme se lève enfin, s’approche et dit, manifestement très ému : C’est la première fois que cela m’arrive… Je vous remercie.
Étrange regard profond et triste “de cette tristesse qui cache infiniment d’amour, infiniment d’humour. J’ai fait ma devise de ce proverbe soufi qui était sien : «Quand le cœur pleure sur ce qu’il a perdu, l’esprit rit sur ce qu’il a trouvé», disait-il.
Quelle rencontre ! Une voix si chaude et vibrante, qui dit des choses absurdes ou douces, ou les deux. Toujours là, vieil ami fragile. Déposant l’adolescence dans la poésie, asseyant pour toujours la certitude que tout est vacillant : la flamme d’une bougie, avec ses éclats vifs et ses tremblotements.
Ce soir, je l’écoute à nouveau mais rien n’a changé.
Le pardon est le seul pleur de ma fantaisie
Photo de Une trouvée sur le blog : http://mymusicworldart.over-blog.com/article-les-clowns-87401906.html
Non signée : j’aimerais savoir qui l’a faite !
Emotion ! Irresistible émotion. Ce type tirerait les larmes d’un banc d’huitres (les huitres sont réputées difficiles à émouvoir, pour toute réponse, elles baillent). Et la qualité de ces larmes
me fait penser à la réflexion de cette femme, rescapée du ghetto de Varsovie, à qui on montre un film des horreurs qu’elle a vécues enfant : ” Aujourd’hui, je ne peux plus regarder ces images
sans qu’elles me tirent des larmes ; mon blindage a disparu car je suis devenue humaine, et j’en suis heureuse…” Aucun blindage ne résiste à Giani Esposito.
A la fin des années 60, Le Clown passait sur toutes les radios. Autres temps, autres moeurs…
Voilà : votre émotion m’émeut, cher Horus… car certaines larmes sont douces et comme dit cette femme, nous remettent dans notre humanité. Cet homme va chercher au plus profond de nous une
corde, souvent enfouie et silencieuse, et la fait vibrer.
“Si rire est le propre de l’homme, pleurer n’est pas le sale”.
Cette dernière phrase à noter et à retenir. Merci claire.
Ces mots et la voix qui les porte… Entre rire et larme. L’élégance. Bonne journée, Birgit.
Yl y a très très longtemps que je n’avais écouté cette incroyable voix que fût celle de Giani Exposito et toujours la même émotion inaltérable et ce lamento qui monte qui monte et
doucement s’achève sur”si vous vous ne comprenez pas ,au moins ne riez pas, ouvrez donc les lumières puisque le clown…” .Comment dire? Comme une bien étrange consolation ce texte et la
voix qui le porte. Sincèrement: merci à vous.
Merci à vous, Marie, de votre sensibilité. Ça nous parle, hein, ce désespoir élégant, cette folie douce ? On croit qu’on l’a oublié, mais non, il est là, bien au chaud de notre mémoire et il nous
parle encore.