(J’ai trouvé un beau cheval de Mata à droite et une belle tête de cheval de Braque à gauche :
Cela ne répond pas à la question : dis comment tu savais ? qui est essentielle à mes yeux. Et j’y pense quand j’écris un texte : est-ce que les mots savaient qu’ils allaient arriver là, ensemble, produire du sens (plus ou moins), de la musique, à s’épauler ainsi ? Et moi, savais-je en m’emparant d’eux, en allant les chercher dans mon vivier, en les forçant parfois à se rencontrer, en les jouxtant pour dire ou faire dire, savais-je qu’il y avait le poème derrière, dedans ? C’est une forêt, tout ça, où les choses, les formes, les êtres vous chopent et vous obligent à dire. Ça vous précède. On ne savait pas, non, qu’il y avait un cheval dedans. D’ailleurs, on ne sait rien.
Deux ou trois bêtises avant de m’arrêter : de Brancusi, j’ai lu qu’il avait des fers à cheval dans son atelier : fer à cheval n’est pas cheval, peut-être était-il juste superstitieux.
En cherchant le cheval de Brancusi, je suis tombée sur un site de courses et un des chevaux – assez mal côté d’ailleurs – s’appelait Brancusi. Allez savoir pourquoi ça m’a énervée.
J’ai aussi trouvé cette photo du sculpteur que j’aime beaucoup :
Et enfin, je ne peux m’empêcher :
La première chose qui frappe l’odorat du voyageur arrivant à Venise, c’est l’absence totale de parfum de crottin de cheval. Alphonse Allais
Ça, c’est cadeau…
Oh que c’est bien ! Une idée (vague) qui divague et nous surprend, nous dépasse, nous devance.
Tout est là, déjà ; mais la phrase de l’enfant est une merveille !
Quand on crée on ne sait pas vraiment mais on sait quand même un peu, on sait des choses on a appris avec la confrontation avec la langue dans un contexte donné.
Pour citer Jean -Claude Pinson dans “A quoi bon la poésie aujourd’hui ?”p31 “C’est dans entre -deux, à mi-chemin de l’intelligence d’un sens et de la sensibilité aux formes verbales, là où se fait l’hésitation entre sens et son, que l’onde du poème se déploie” Qu’en penses-tu Claire? Mais tu donnes déjà des éléments de réponse dans ton billet. Bonne soirée Claire.
“
Oui pour le “sens et son” mais j’aime leur collision, la surprise que les mots me font (se font ?) de s’asseoir côte à côte. J’aime aussi le mot ONDE… Et j’aime que les questions (les tiennes, les miennes) soient sans réponse : ce n’est pas une pirouette. Je crois qu’il faut avoir beaucoup lu et regardé, puis tout oublié. Je ne sais rien, Marie-Annick sauf que j’aime bien tes passages.