Le Parc Bordelais de mon adolescence, les gauloises dépiautées et données aux chèvres, les écureuils et tous ces coins différents, un par humeur, un par jeudi. J’ai dû y passer plus de temps qu’au lycée ! Et il abrite tant d’anecdotes : le vieil homme aimé des oies, l’exhibitionniste timide, le Taï Chi Chuan effectué sous les cèdres bien avant que ce ne soit tendance.
Et puis, soudain apparaît… la chaisière ! Pauvre chaisière qui nous pistait, s’approchait à pas menus, nous voyait détaler comme des lièvres et aller squatter plus loin d’autres chaises : nous trouvions insensé de payer pour nous asseoir dans NOTRE parc.
Photo C. Destandau
Il est peu question des chaisières et quand on le fait, c’est sur un mode péjoratif qui m’échappe. Il y avait Madame Édith, la môme-chaisière du Luxembourg. Il paraît que les chaisières ” officiaient ” aussi dans les églises : je n’ai pas connu ça !
Ici ou là, des traces : dans Le Bal des voleurs d’Anouilh, c’est une voleuse qui porte perruque, chez Simone de Beauvoir, elles sont évoquées comme des dames patronnesses, d’autres en parlent comme de bavardes concierges, d’autres encore comme de timides vieilles filles, sentimentales et fleur bleue et parfois ce sont de redoutables langues de vipère colporteuses de ragots et médisances. Mais les raisons de cette réputation ? Nulle explication.
De toute façons, il n’y a plus de chaisière, nulle part : il n’y a plus de chaises ! Que des bancs. Car les chaises se volent ou volent ou finissent dans le plan d’eau. On ne s’approche plus du plan d’eau non plus, au Parc bordelais. Et on ne trimballe plus sa chaise au soleil.
Ahhhhhhhnostalgie…