Le Parc Bordelais de mon adolescence, les gauloises dépiautées et données aux chêvres, les écureuils et tous ces coins différents, un par humeur, un par jeudi… J’ai dû y passer plus de temps qu’au lycée ! Et il abrite tant d’anecdotes : le vieil homme aimé des oies, l’exhibitionniste timide, le Taï Chi Chuan effectué sous les cèdres bien avant que ce ne soit tendance.
Et puis, soudain apparaît… la chaisière ! Pauvre chaisière qui nous pistait, s’approchait à pas menus, nous voyait détaler comme des lièvres et aller squatter plus loin d’autres chaises : nous trouvions insensé de payer pour nous asseoir dans NOTRE parc.
Photo C. Destandau
Il est peu questions des chaisières et quand on le fait, c’est sur un mode péjoratif qui m’échappe. Il y avait Madame Édith, la môme-chaisière du Luxembourg. Il paraît que les chaisières ” officiaient ” aussi dans les églises : je n’ai pas connu ça !
Ici ou là, des traces : dans Le Bal des voleurs d’Anouilh, c’est une voleuse qui porte perruque, chez Simone de Beauvoir, elles sont évoquées comme des dames patronnesses, d’autres en parlent comme de bavardes concierges, d’autres encore comme de timides vieilles filles, sentimentales et fleur bleue et parfois ce sont de redoutables langues de vipère colporteuses de ragots et médisances. Mais les raisons de cette réputation ? Nulle explication.
De toute façons, il n’y a plus de chaisière, nulle part : il n’y a plus de chaises ! Que des bancs. Car les chaises se volent ou volent ou finissent dans le plan d’eau. On ne s’approche plus du plan d’eau non plus, au Parc bordelais. Et on ne trimballe plus sa chaise au soleil.
Ahhhhhhhnostalgie…
Ah ! que j’en ai vécu des heures joyeuses et sans souci dans ce parc.
Aucun mauvais souvenir, que des bons.
Les dizaines de bateaux coulés au fond du lac, la baignade involontaire d’un cousin, les fusées lancées par élastique qui retombaient lentement accrochées à leur parachute, les animaux bien sûr
et en particulier les canards, le Ginkgo Biloba, la petite cascade avec sa pièce d’eau … l’atmosphère générale de ce parc, les odeurs, les bruits, les couleurs.
A propos des canards, animal hautement sympathique, je me souviens d’un hiver très froid, la couche de glace était épaisse. Les canards faisaient de sacrées glissades en se posant, ça me plaisait
beaucoup !
Heureusement les bons gardiens cassaient une partie de la banquise afin que ces chers volatiles puissent continuer à barboter, trop petite partie néanmoins pour leur servir de piste
d’atterrissage.
Je promets que je n’ai jamais jeté de chaise dans l’eau !!!
Je me souviens des dérapages très peu contrôlés de pauvres canards ! C’était hilarant ! Les canards sont toujours aussi beaux, il y en a plein de nouveaux… et aussi, une petite oie naine dont
Christian est tombé amoureux (coup de froude réciproque !)
Toute une partie délicieuse de l’enfance et l’adolescence dans cet immense et superbe terrain de jeux. Je ne sais pas pourquoi mais je suis heureuse que tu aies tant de souvenirs heureux dans Le
Parc. Merci de ce petit bonheur.
Beaux et tendres souvenirs… Ah! ce parc Bordelais où notre père petit faisait voguer un voilier, Plouf! tout le monde à l’eau, heureusement des cousins habitaient de l’autre côté de cette belle
porte majestueuse. Nos rendez-vous avec les biquettes du Sénégal, les biches, les écureuils insolents, les mères canes et leurs guirlandes de petits cancanant,les oiseaux si peu farouches, le
coin des balançoires-bateaux, des tricycles -chevaux, et les belles photos de Toi de “Cricrou”. Nos passages aux petits matins et soirs en revenant de l’école chez “Bernon”. Nos instants volés
sous les sapinettes “taï chi chuan” appliqué, interrompu par le rire tonitruant de Paul qui s’était pris la liberté de s’évader de la “Grande Brune”. Oui, souvenirs de ce lieu comme un petit
eden, il faudra un jour y retourner. Mais je ne me souviens plus des chaisières, nous étions toujours en mouvement…
Eh oui, pour toi aussi, le Parc est le théâtre de nombreuses anecdotes ou moments forts ; il est peuplé d’enfants, de personnages, d’animaux… Il me semble plus “apprivoisé ” maintenant
mais reste très beau. Le cyprès chauve que tu peignais si bien est encore là contrairement à de nombreux pins renversés par les tempêtes… Un des plus beaux jardins que je connaisse, oui, on
ira…
Au début j’ai dû faire un effort pour écouter cette chanson, mais j’ai vite été ébahie moi aussi par les paroles. Une chaisière héroïne de chanson peace and love, je n’aurais pas cru ça possible
! Complètement surréaliste effectivement.
Mais ce n’est pas bien de se moquer. Cette chanson va plus loin qu’elle n’en a l’air. Tu te rends compte, une chaisière et un préfet. L’abolition des castes sociales. La révolution couve…!!
heu, couvait plutôt, c’est fini maintenant.
Huuum et très belle photo.
Ah quand même, ça fait écho, l’aspect révolutionnaire de ce chant (euh chant révolutionnaire, faut pas pousser !) : en ” poésie ” tout est possible, dans les contes de fées aussi… Je reste
dubitative sur cette chanson : je ne sais pas si Marie carburait à la moquette en chanvre indien ou aux opiacées doux, mais la chanson est carrément dézinguée, même le titre ! Euh, pour
la révolution, ce sera différent mais ça pourrait bien gronder, un des ces 4 !
Oui, la photo est bien pimpante, elle parle bien de l’endroit en question, je trouve.
Quelle belle tendresse écrite dans cette évocation des chaisières!Descendre dans les mots, les noms de ceux ou celles qui n’ont eu ni mémoire ni parole, les chaisières sont de celles
là.Comme une sorte de révérence à l’anonymat de ces silhouettes qui appartiennent à notre mémoire.J’ai eu cette chance d’organiser et d’animer des ateliers d’écriture avec de très très
vieille dames et elles écrivaient sur leur métier de corsetière, de conductrice de tram( oui oui une toute première), de tailleuse, de dentellière, d’épicière..le meilleur de
notre mémoire collective.J’adore le clin d’oeil à marie Laforêt.
Une conductrice de tram ?? Ça alors ! Ce davait être drôlement intéressant votre atelier et souvent, ces personnes sont vraiment heureuses de parler de leur métier : elles le font parfois très
bien. Ma belle-mère était garde-barrière et avait des anecdotes étonnantes sur son expérience ; dans tous les cas, ça me parlait d’un temps très ancien et vivant en même temps. Nous avons tous,
selon notre âge, des souvenirs de choses disparues, parfois on se sent très très vieux, mais c’est pas triste, juste joli et tendre.
Merci Marie, vous parlez bien des “presqu’oubliés”. Il nous appartient de leur faire un peu de place, n’est-ce pas ?