Après les voyages en bateau (billet du 5/08/10), l’ouragan Onfray (autour du 10), nous débarquons dans l’île. L’île est dans l’île toute seule disait Jacques Bertin il y a des lunes… Peut-être, mais elle devient alors confidence et sa solitude est semblable à la nôtre. Isolée l’île, solitaire sûrement, hostile parfois l’île : jamais déserte.L’île est toujours, je crois, une rencontre avec soi-même, une intériorisation. Le fait d’une terre bordée, finie de toutes parts, qui nous renvoie à nos propres bords. Quand on est sur le continent, jamais on n’y pense. Mais j’éprouve toujours, sur une île, une légère différence dans la façon de poser les pieds sur la terre : et si – comme je le pensais enfant – il y avait de l’eau dessous ? Si l’île était un bateau ? Et ce petit chapeau sur le i, n’est-ce pas d’une coquine coquetterie ? La cheminée sur le bateau ?
Dans mes arrivées en bateau en des lieux inconnus, il me faut évoquer l’île Shikine (Japon) dont je retrouve dans mes soutes les tampons, ces sceaux dont les japonais ont le secret ; ceux-là couvrent mon carnet de voyage.

“la petite anse de Shikina Jima, j’y étais allée en
rêve”
Une photo noir et blanc de ce rêve existe. Elle allie le départ au figé,
le flou au sûr. Je ne sais plus où elle est. Dans ce que nous étions, dans ce que nous sommes ?
Tiens là, belle heure, juste à coté ! Claire découpe de nos ombres mélées.
Amitié, Philippe.
Mais oui, je l’ai cherchée, cette photo ! Elle représente beaucoup pour moi : un rêve, un projet (de livre avec toi ), un passé qui fût vraiment.
Faut que tu la retrouves, que tu les retrouves toutes et qu’on s’attelle à ce livre d’ombres japonaises.
Amitié à toi.
Ah non ! Pas le Poisson scorpion ! C’est trop triste, c’est la fin du voyage, Bouvier est au fond du trou, la santé délabrée, le moral dans les chaussettes. Une île ? mais c’est
évidemment l’île d’Aran, sur la côte ouest de l’Irlande dans Journal d’Aran et d’autres lieux ! Un caillou battu par des vents que rien ne peut arrêter, attaqué en permanence par l’océan
enragé, et pourtant habité ! Par quelques hommes et plus de moutons. En plus, nous sommes en février qui n’est pas vraiment la saison pour faire du tourisme, alors que vient faire cet étranger ?
suspectent les autochtones… ça vous donne pas envie d’y aller ?
Ohhhh quand même le Poisson scorpion, c’est Ceylan ! Et à Ceylan, quand on est victime de plein de méchantes maladies, qu’on rit jaune, que le climat est mortellement mortel, que la folie est aux
portes, on la ressent l’île, enfermement de la géographie. Et d’écrivain-voyageur on devient écrivain tout court !
Bon, d’accord, Aran, dans le genre île, c’est pas mal non plus !
Alors d’accord, vous à Aran, moi à Ceylan et rendez-vous à Zanzibar ! Le 1er qu’arrive attend l’autre.