Nostalgie

Photo Philippe PELLETIER
Mal du pays, souffrance du retour en pays qui n’existe pas.
Cla Bonnet Jaja
photo Philippe Pelletier

Tamaloù ?
– J’ai mal à mon retour…
– Ah oui, ça fait très mal ça… Mais ton retour où ?
– À moi-même
– Oh… quand t’étais petit, tu veux dire ?
– Ouh non, surtout pas ! le retour là où j’habitais quand j’étais heureux…
– Ahhhhhhh bon… Je vois…

Ben non, on ne voit pas en fait et pourtant, on sent un écho, quelque chose qui frémit et vous chuchote des bribes. On nostalgie. Ce n’est pas tant l’endroit perdu que soi-même dans cet endroit que l’on regrette. Le nostalgique n’explore pas le vrai lieu de son passé, mais des images d’un passé qui apparaît, dans la perspective nostalgique, comme magnifique et innocent. Peut-être un tout petit instant, oui, celui par exemple d’être soulevée en l’air par des mains fermes tenant les deux miennes, me faisant décoller du sol, en apesanteur… Une poussière d’étoile.

Je retourne en Pologne où je ne suis jamais allé fait dire Robert Bober à son personnage de Réfugié provenant d’Allemagne, apatride d’origine polonaise et il sait de quoi il parle.

L’exil qui marche à l’amble avec la nostalgie, les jumeaux mélancoliques : car enfin, les pays quittés offraient-ils tant de douceur ? Pays fantasmés dans le souvenir, magnifiés et lointains comme des îles : revers des rêves, envers des émotions.

Comme chez Kundera dans L’Ignorance, la nostalgie est d’autant plus grande que le retour se fera en pays méconnaissable, quasi inconnu ou n’existant plus. L’enfance, par exemple ?

Pour moi, l’art de la nostalgie, c’est la photographie.Mes soeurs(2)

Ce ne sont pas les lieux, c’est son cœur qu’on habite John Milton Le Paradis perdu

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marceron
marceron
il y a 12 années

que d émotion en naviguant sur ce blogue! comme un bateau qui derive sur le passé, comme une ancre jetée au present! la literature de ces livres me touche beaucoup, elle me replonge un instant
dans le passé, celle ou j etais petite fille , ou je ne me posais pas de question, ou peu… celle ou je me rapelle jouer dans les arbres avec ma meilleure amie d enfance, et qui avec le temps et
le cours de la vie, m a eloignée d elle.. elle me manque beaucoup.. merci claire pour ce blog plein de sensibilité et d amour qu il en degage…

tous mes voeux 2011.. 

TempesduTemps
TempesduTemps
il y a 12 années

Oh merci à vous, je suis vraiment touchée. Émue comme on peut l’être quand on émeut. Et si je ravive des souvenirs et des couleurs, si je m’approche des inconnus et des connus d’autrefois, si
j’aiguise de nouveaux appétits, de lire et de vivre, alors vive le blog : il touche au but !

Merci de votre (ton ?) passage et tous mes vœux sincères.

Nana Massart
Nana Massart
il y a 12 années

Ecriture que j’ai pris droit dans le coeur…  Dès les premières notes de musique de Juliette, boum! Photo émouvante qui me secoue parce que j’ai ce manque terrible parfois de ne pas vous
serrer contre moi “Soeur, Frère” Boum!boum! Allez! courage, il faut pouvoir oublier un peu de son enfance pour grandir, et quand cela ne s’atténue pas! Comment fait-on?Vrai de vrai : J’ai rêvé
que je jetais mon passé, plus de nostalgie, de regrets, de mélancolie mais ça me revient de temps en temps comme un boomerang. Ce rêve était si fort que je me suis levée aphone, vide de tout,
jusqu’à ne pas pouvoir durant quelques jours écrire deux lignes , il ne me restait qu’une carapace vide…Seule ton écriture et les photos combleront ce vide passager….

TempesduTemps
TempesduTemps
il y a 12 années

Bien sûr que ça t’atteint en plein cœur ! Mais, j’ai bien du mal si t’as trop mal. Il ne faut pas jeter le passé, il faut – il faudrait – pactiser avec lui, lui faire une place à
côté, juste là, pas au milieu, à côté… et, de temps en temps, lui caresser le front, comme on fait à un enfant qui s’endort. J’écris pour les nostalgiques, ceux qui ont mal à un pays
disparu, mais pour moi, seul le présent a du sens. Sinon, au secours… bloub, bloub.

Quelle chance ! ça a existé. Quelle chance ! en ce moment, je t’écris !

Cephu
Cephu
il y a 12 années

J’ai adoré la complainte de Juliette, et la partie musicale en fin de chanson avec un arrangement un peu musique de film à la Kusturica (au ralenti), un peu musique de cirque pour le clown triste
(très, très triste).

Et très prégnante aussi ton image des deux mains qui soulèvent l’enfant…  Un souvenir comme une “poussière” dans l’oeil ?

TempesduTemps
TempesduTemps
il y a 12 années

Sacrée voix pour une sacrée chanson et tout à fait d’accord pour la marche funèbre finale façon Kusturica… C’est beau à pleurer mais ça reste digne… et on a le cœur encore plus broyé !

De la poussière ou le marchand de sable qui est passé ou des grumeaux ? Va-t-en savoir avec les souvenirs !

Bonne année, Cephu !

marie guegan
marie guegan
il y a 12 années

 J’aime ce que vous écrivez sur la nostalgie:  cette désirante du passé qui ne cesse . Bonne journée à vous

TempesduTemps
TempesduTemps
il y a 12 années

Oui, voilà, ce serait une vague nommée “désirante” et elle reviendrait, encore et encore. Je crois savoir qu’en parlant de la nostalgie, je parle à un grand nombre. Ça fait écho…

Beaux jours, Marie, ceux à venir !

christine
christine
il y a 12 années

Je viens de vous lire. Merci de vos encouragements.

Excusez les erreurs dans mon message (orthographe et répétitions “je vous souhaite une année riche en écriture, en découvertes et en recnontres”) , mais écrire des billets met dans tous ses
états!

TempesduTemps
TempesduTemps
il y a 12 années

Ne vous excusez pas : je trouvais intéressant l’écriture au singulier d’abord et au pluriel ensuite : c’est vrai qu’il y a les deux. Je crois qu’il ne faut pas être dans
l’urgence et se dire qu’on a le temps. Je vous réponds sur votre blog.

Christine
Christine
il y a 12 années

“On est de son enfance comme on est d’un pays”, je ne sais plus qui dit cela. La nostalgie du pays, c’est la nostalgie d’une enfance. La photographie participe à entretenir cette nostalgie; du
reste, les photographies dans les albums familiaux présentent en général des photos d’enfant ou de jeunes ados.

Claire, j’accepte de sacirfier au rituel et je vous souhaite une belle année, riche d’écriture, de découvertes et d’écritures!

Je me lance moi aussi dans l’aventure des blogs.

Amitiés!

TempesduTemps
TempesduTemps
il y a 12 années

Merci de votre passage, Christine et bienvenue dans le cyber-blog  ! On y est très bien aussi ! Je vais de ce pas sur ” La pente douce ” dont j’aime déjà le titre.

C’est Saint-Exupéry qui a écrit cette belle phrase. Je crois aussi que c’est un tout, la nostalgie, la douleur d’un espace/temps disparu sans même peut-être avoir existé…

Michel NASLOT
Michel NASLOT
il y a 7 années

Quand je lit ce billet que tu nous donnes à lire, et bien j’ai la sensation d’une nostalgie du Père…. À toi, peut-être, de le dire… Michel.

Michel NASLOT
Michel NASLOT
il y a 7 années

Qui sait ??? Peut-être as-tu raison de le souligner .

Jaja
Jaja
il y a 7 années

Tout d’abord, pardonnez l’intrusion dans les pages, je me suis permis de recadrer l’image “à la une” afin que sa petite apnée, voulu cadrée, j’imagine!, respire mieux à la surface du jour (qui n’est plus ce qu’ils étaient, nous sommes d’accord. J’en parlerai à l’auteur. Pas facile le garçon, m’a-t-on dit… Mais à genou dès qu’on le flatte!).
Pour ces jours passés donc, qui reviennent meilleurs dès que leur heure n’a plus d’heures, je n’ai jamais été forcé de les aimer, ou de les combattre. Leurs fictions m’ont toujours épargné.
Mais la mémoire semble tout de même nous obliger à cet appel, cette envie, ce plaisir. Parfois, au détour d’un rien de spécial, remonte le gamin de l’école primaire, pourquoi?, la lumière d’un espace conquis, gens?, la honte architecte d’un corps qui apprend et chute, moi! Mais rien qui ne manque, tout devant, toujours été comme cela.
Alors oui, maintenant, parfois, cette nostalgie du futur, celle du stock-temps devant soi à perforer d’essais, voyages, questions, de solide santé inutile. Vient le sentiment du vaincu face au bourgeon. Cet envers de sentiments insoupçonnables face au déluge de beauté renouvelée.
De quelle nécessité nous inflige-t-on à revoir ce village de tous les possibles encore possibles (encore?). Survie amnésique? Sourire!

Jaja
Jaja
il y a 7 années

Sourire partagé, mot à mots!

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