Le calendrier oublié : Avril

L’éclair Photo Clarisse Mèneret-Massart
Le Calendrier oublié in L’Aveu des nuits. Editions des Vanneaux, 2017 (L’Ombellie)

Photo de Une Clarisse Méneret-Massart
Je cours après le calendrier. Il me devance. Il m’échappe. Pour moi, c’est drôle comme une poursuite dans un Charlot ! Il bifurque brusquement, prend la tangente et… me laisse sur place, coite. Le temps a gagné, comme a chaque fois, comme toujours.
Encore quelques jours et je serai en retard pour le mois de mai !
D’ailleurs Avril est un farceur, un capricieux qui change d’avis comme d’imperméable ; il dit oui, il dit non ; il tonne (et s’il tonne en avril, prépare tes barils), étonne et brille.
Avril tisse ses fils, ceux dont il ne faut pas se découvrir. Avril, c’est du Mozart, ce Mozart-là… Allez, je cours, je cours. Voilà l’averse !

 

AVRIL

Un jour, un orage avait tout métamorphosé, la couleur de l’air, les verts en eau et les jaunes en verts, jusqu’aux contours des choses.

Je m’étais endormie dans un monde, réveillée dans un autre. Ferment du doute.

La mémoire peut être un joyeux désordre.

Un autre jour, il n’y a pas si longtemps, ils se baignaient tous les deux, l’homme-enfant et l’enfant-homme ; tout était jeu et élégance ; l’évidence vint : voici le feu et l’air dans l’eau réunis. J’étais la terre.

Ce que je sais, c’est qu’il y avait au moins un instrument de musique par personne, des chapeaux et des lunettes et du champagne pour chaque rire.

La vie plastronnait.

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