Dans le peloton de tête (beurk, cette expression !) des grandes dames de la littérature, on trouve Magda Szabo. Et Magda a un double dans son oeuvre, un double opposé, celle qu’elle aurait peut-être rêvé d’être et qu’elle était sûrement, un Moi très profondément refoulé et enfoui… Un double culpabilisant, une femme d’airain et de pierre, une femme de puissance, de constance et de silence : Emerence…
C’est une souveraine, une figure antique. Et Magda Szabo connaît bien l’antiquité grecque : elle a réécrit l’Eneïde (L’instant) et donne vraiment à Emerence toute une épaisseur de personnage, c’est-à dire un masque que “l’art emprunte pour parler de ce que nous n’apprendrons jamais, à savoir du bonheur de vivre et de la sagesse de mourir” (C. M. Cluny).
Une carrure étonnante et une femme de chair, une domestique qui demande les références du “maître” avant l’embauche, une intelligence nourrie de vie.
“Comment tant de vie trouvait place dans une seule existence, je l’ignore” dit l’écrivain de son personnage
Mais cette Porte, qu’y a-t-il derrière ? des fantômes ? un passé caché ? Derrière la porte, il y a des secrets. Et quand il y a des secrets, il y a de la trahison. Emerence règne sur ses secrets, sur sa solitude et sur les animaux aussi.
Magda SZABO
La mort est venue la cueillir, elle était entrain de lire, dit-on. Elle avait 90 ans