» Une boussole des possibles  » 2/2

Suite et fin (?) de la réflexion que Mireille Delmas-Marty nous propose : l’humanité de l’humain, et ce qui, dans la nature, devrait être considéré comme BIEN COMMUN MONDIAL

Dans le précédent billet, nous étions amenés par Mireille Delmas-Marty à réfléchir sur la place du droit et des lois quand survient une crise. Elle donne à penser, dans l’entretien accordé à Laure Adler (réf. en fin de billet) sur la bifurcation entre l’Homme et l’Humain. Pour elle, on ne peut les séparer comme on ne peut séparer le corps et l’esprit. Et, dit-elle,  » ce qu’il y a d’humain dans l’homme, ce n’est pas la vie, c’est l’humanité.  »
Ces dogmes sur lesquels nos sociétés reposent sont aussi à questionner : celui de la croissance et celui de la souveraineté des états. Ces derniers sont en totale interdépendance mais sont, surtout en ce moment, également dans la fermeture. Ce grand écart les fragilise.

Et puis il y a ce terrible anthropocentrisme ! Bien sûr, qu’il y a des différences entre les humains et les autres vivants : la conscience et la responsabilité. Mais nous savons tous maintenant que le terme d’écocide peut advenir. Il est indispensable de le définir correctement et de l’encadrer.
Car il y a une différence de taille entre les humains et les autres vivants : c’est la conscience donc la responsabilité. Et la culture de la peur ne renforce pas notre responsabilité, au contraire.
Mireille Delmas-Marty cite alors Tocqueville *. Je propose toute la phrase :
Après avoir pris ainsi tour à tour dans ses puissantes mains chaque individu, et l’avoir pétri à sa guise, le souverain étend ses bras sur la société tout entière ; il en couvre la surface d’un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes, à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour pour dépasser la foule ; il ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige ; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse ; il ne détruit point, il empêche de naître ; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation a n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger.
Frappant d’actualité et impitoyable.
Si vous écoutez l’entretien, elle parle encore de l’encadrement, dans le champ juridique, de la notion de Bien commun mondial pour laquelle il serait nécessaire de créer une organisation internationale. Afin d’éviter que les puissants, qu’ils soient chefs d’État ou d’industrie, ne s’approprient le Vivant. Et pour cela, réguler nos contradictions, en complémentarité et non en opposition, dans un équilibre dynamique, comme la bicyclette !
On en rêve.

Merci Feggari, merci Laure Desadams, mes guides. Merci PPP, il sait pourquoi.

franceinter.fr/emissions/l-heure-bleue/l-heure-bleue-12-mai-2020

* A. de Tocqueville – Démocratie comme despotisme – extrait de De la Démocratie en Amérique, vol II -1840

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