Madame Morrison, merci !
” Il y a une solitude que l’on peut bercer. Bras croisés, genoux remontés, on se tient, on se cramponne, et ce mouvement, à la différence de celui d’un bateau, apaise et contient l’esseulé qui se berce. C’est une solitude intérieure, qui enveloppe étroitement comme une peau. Puis il y a une solitude vagabonde, indépendante. Celle-là, sèche et envahissante, fait que le bruit de son propre pas semble venir de quelque endroit lointain.”
Extrait de Beloved choisi par la Bibliothèque Toni Morrison de la prison de femmes à Fleury Mérogis, en vue d’un travail sur la lecture de plusieurs ouvrages de l’auteur.
D’abord être libre puis… penser par soi-même.
Tant de choses fortes sont dites par cette femme, tant de choses élémentaires, tellement élémentaires qu’on les oublie et même qu’on les foule au pied ! Par exemple, elle dit que lorsqu’on ne s’appartient pas, l’on ne peut se situer, nulle part, ni dans une famille, ni dans une société, ni sur la terre. Et que certaines affiliations ne sont pas pas aliénation. Et qu’il faut “faire partie” pour s’en affranchir.
Elle dit encore que le souvenir peut cesser d’être la blessure infernale uniquement si l’on affronte le passé, si l’on peut nommer, si l’on peut pleurer, si l’on peut VOIR… Sinon, deuil non advenu et arrivée des fantômes…
Bon, je n’ai peut-être compris que ce qui me parle, mais ça n’est déjà pas si mal.
[…] En revanche, me passionne ce sentiment qui consiste à se soucier de l’autre, d’un étranger qui n’est pas vous et auquel rien ne vous lie si ce n’est qu’il est un être humain lui aussi, le fait de ressentir sa souffrance et de la refuser. C’est de ce sentiment que parlent mes livres : cet amour de l’homme pour l’homme, et aussi ses distorsions éventuelles que sont la haine, la trahison, ou encore la honte, qui n’est pas autre chose que l’absence d’amour et d’estime de soi.” T.M.
Bon, vous l’aurez compris, une grande dame ! Puis une autre :