Un art secret… secret parce qu’il ne se livre pas comme ça ; secret encore parce qu’il parle ” d’autre chose “, en deçà ou au delà des apparences, angle de vision inhabituelle : le regard en coin de celle qui déjà s’en va…
Vraiment à part, la miss ! Pas d’école, donc un langage à elle, forgé dès l’enfance. Des parents cinglés et passablement toxiques. Et la voilà, à vingt et un ans, en 1913, soutien de famille pour sa mère, ses trois jeunes frères et une grand-mère à l’hôpital ! Mais, elle s’en fout, la Barnes, elle débarque à Greenwich et elle écrit pour les journaux, elle dessine dans la lignée de Beardsley, elle écrit tout court, elle VIT !
Vingt et un ans : un ton nouveau. Et comme toujours, depuis la nuit des temps, au centre de l’œuvre, L’Amour et la Mort… rien que ça ! Et pourtant, seule et singulière.
Et elle voyage, elle voyage, l’incontournable Paris des années 20, Berlin, Londres…
Elle rencontre des gens qui l’admirent, qui s’en inspirent ou sont inspirés par elle, une flopée d’écrivains, parmi les plus grands, James Joyce, Dylan Thomas, T.S. Eliot… Du nanan !
Celle dont Graham Greene disait qu’elle avait ” Une noire fécondité du discours… ” est drôle pourtant, elle qui peut écrire qu’ ” une femme est une vache assise sur un sourire fripé ” ! Quoique… Humour noir : thème déprimant, ton rigolo.
Énigmatique, hautaine et froide dit-on, un texte qui parle de loin. D’urgence, lisez Le Bois de la nuit – qui ne sortit à New-York que parce qu’il était préfacé par T.S. Eliot – , lisez Fumée, lisez Passion. C’est grand.
À quatre-vingt dix ans, ” l’inconnue la plus célèbre du monde ” (selon ses propres mots) meurt mais il y a bien longtemps qu’elle s’était tue : ” le silence prolonge l’expérience… “
Dernier texte publié de son vivant dans la revue Grand Street, printemps 82
Work in progress
Rite de printemps
L’homme ne purifie pas son corps du noyau qui l’habite
Il ne sait pas tisser en dévidant son fil
Le linceul où se reconsidérer.
Dessin de C. Destandau. d’après Man Ray
Ah ! mais alors là! je n’avais pas “tilté” du tout : le Dr D., bon sang mais c’est bien sûr… Du coup, j’ai mieux regardé le portrait en question : tout à fait ressemblant avec ce petit nez
mutin… Est-ce qu’un jour on pourrait avoir une galerie des nez en littérature ??
Mais…. quelle bonne idée et puis, c’est rigolo, les nez ! Quel drôle d’appendice ! Allez, on va s’y coller : ça promet des découvertes, des trouvailles… que dis-je, des péninsules !!
OUaaaaa! Un dessin du Dr D.!!! Superbe, encore, encore des dessins de Dr D! Et sinon, oui je veux la lire aussi cette femme.
xxx
Tu t’en doutes, le Dr D. n’est pas content du tout ! Il va peut-être m’attaquer en justice…
Si on ne doit en lire qu’un c’est Le Bois de la nuit, il me semble. Le théâtre qu’elle a écrit .est difficile.
Bon voyage !!
Tous ces livres à lire, à noter sur son cahier pour ne pas oublier les titres, perdre le carnet et le retrouver, rentrer dans une librairie et demain, un jour, bientôt, “ouvrir” le livre.
bonne soirée à toi Claire et merci de tes conseils de lecture, tes bons conseils.
Je propose, vous disposez. Je donne ce que j’ai reçu… Normal, hein ? Mais, c’est du lourd et franchement, tu ne devrais pas être déçue.
Plein de bonnes choses à toi, avec ce mois des métamorphoses et pas trop guerrier, je trouve, pour Mars !
Dans le fonds Jacques Lemarchand, il y a plusieurs lettres de Marianne Oswald adressé à “Mon bon Jacques” ; elle l’invite à ses soirées en lui disant “amène qui tu veux qui m’aime un peu”…
C’est vrai ???? C’est si beau comme elle dit ça ! Je ne sais pas grand-chose de cette femme. Mais cette phrase me va droit au coeur, comme si je l’entendais.
Merci beaucoup.
Alors là, c’est sûr je vais lire les livres que tu recommandes parce que cela fait longtemps que Djuna Barnes est dans mes projets de lecture ! Est-ce que tu savais que Freud était un admirateur
d’Yvette Guilbert ? Il était fasciné par elle : les gants noirs ? les textes pleins de sous-entendus ? l’érotisme soft des chansons?
Oui, pour Freud et la Guilbert : un petit concert avec la chanteuse fut même offert au grand Sigmund lors d’une de ses visites à Paris ! Tout devait le fasciner car la bonne femme était
impressionnante, paraît-il. J’aime beaucoup la gourmandise de sa diction et sa coquinerie. J’ai une passion pour Marianne Oswald.
Tu aimeras, je crois, Djuna Barnes… En tous les cas, choc assuré !