C’est un mot rigolo, ça : ŒIL pluriel YEUX ! (ou zyeux non admis au scrabble : dommage ! ). Regardez le bien, ce petit mot : rien que la graphie est marrante, avec son E dans l’O sans parler de l’écart entre le singulier et le pluriel. Pas le même mot du tout et c’est normal ! Et puis aussi tout ce que ça peut raconter, un œil, toutes les sauces avec lesquelles il est cuisiné (beurk ! ) : œil de perdrix (aïe), un coup d’œil (re-aïe), œil de tigre (ohhhh), œil et dinde (là, je triche !) et tant d’autres…
Ce que mes yeux ont vu est un très beau film, un film du regard, un film des reflets, des sosies, des doublures. Tous les personnages de Ce que mes yeux ont vu regardent et sont regardés. Leurs yeux cherchent au delà des apparences. « Ils sont habités par une cassure intérieure, un sens de la disparition ». Et ils cherchent tous quelque chose. Notamment Lucie (Sylvie Testud) qui est en quête : « quête de quoi, au juste ? Simplement d’accorder son regard à sa vie. Refuser de ne pas voir.« dit encore Stéphane Mas dans son chouette article sur le film et son metteur en scène Laurent de Bertillat (blog peauneuve.net).
L’œil de l’âne du Gilles de Watteau
Nous avons tous des fantômes dans les yeux. Souvent, les fantômes ne veulent pas qu’on les trouve… ils s’esquivent, se cachent bien au fond de l’œil ou derrière d’autres fantômes. Et ils ont parfois raison de s’échapper !
J.P. Marielle regarde S. Testud qui regarde le tableau
Accordons notre regard à notre vie, même si ça nous coûte les yeux de la tête !
P. S. : je ne cite pas tous les acteurs mais ne peux passer sous silence l’admirable James Thierrée, digne petit-fils de son grand-père, Charlie Chaplin !
Je n’ai pas parlé non plus de l’aspect symbolique de l’œil dans l’Histoire. Et bien sûr, L’œil était dans la tombe et regardait Caïn me hante mais je ne peux pas tout dire sinon vous vous lasseriez…