On s’éparpille : Yvain contre Kate, Amrou et James

Parmi les livres en train, je prends Yvain, Le Chevalier au Lion

J’étais bien avec ce livre pourtant. Et puis il y avait cet autre qui est sur la table de nuit depuis longtemps que j’ouvre et qui m’embarque. À ces deux là s’agrège par une péripétie trop longue à conter un troisième, merveilleux, déjà lu, presque oublié que je vais lire car on ne relit pas, en fait. On lit à nouveau et c’est nouveau. Enfin, je me suis cassé le poignet sur le quatrième dans ces boîtes à livres, pièges mortels dans lesquels on vient se délester et que l’on quitte plus lourds qu’à l’arrivée. Je ne me vante pas de lire quatre livres à la fois, je suis honteuse. Je suis infidèle. Insatiable. Mouvante et volatile. Inconstante. Bref, je papillonne. *voir en fin de billet

Yvain et son lion combattent le dragon
Je parlerai du quatrième qui m’a ramenée à mes chères études : Yvain, le Chevalier au Lion de Chrétien de Troyes, un des épisodes des Chevaliers de la Table Ronde du cycle arthurien. Ceci n’est pas un roman. Au départ, c’est un poème courtois écrit en octosyllabes. Le terme de “roman” – qui fera long feu – est donné en raison de la langue utilisée.
Je ne raconterai pas l’histoire. Je dirai juste qu’Yvain est fils de la fée Morgane (quand même) et du roi Urien. Ses aventures sont nombreuses, dangereuses, exaltantes, magiques. Il y a des femmes, les plus belles du monde, qui portent parfois de jolis prénoms : Lunette, par exemple. Il y a des chevaliers, prompts à dégainer l’épée mais aussi à mourir d’amour. L’Amour… qui fait vivre ou mourir. Il y a des bêtes fantastiques : le dragon passe encore mais le lion ! Imaginez à l’époque un lion dans les forêts galloises ou bretonnes. Il y a le visible et l’invisible. Et des objets : une Table ronde ainsi dessinée pour illustrer l’univers et autour de nombreux chevaliers aux noms comme des poèmes. Et le Graal, bien sûr, qui au delà de l’objet sacré symbolise peut-être la quête de soi.
Une autre nouveauté d’importance avec Chrétien de Troyes : l’émergence de l’auteur, l’individu auteur. Notion qui ira en croissant et embellissant… jusqu’aux boursouflures actuelles. L’étymologie (auctor) dit que c’est “celui qui pousse à agir… Le verbe Augere signifiant “faire croître, développer”. Et encore “Celui qui est à l’origine de quelque chose”. Le mot est apparu en France vers 1160.
Grâces soient rendues à mon vieux professeur d’ancien français (et inversement) qui avait l’art de nous emporter en forêt de Brocéliande et de démêler les fils entre Merlin et Morgane, Viviane et Lancelot, la Bretagne et le Pays de Galles, ce qui, vous l’avouerez n’est pas une mince affaire. Surtout en vieux français ! Quand on sait que c’est au pays de Galles que se situe la localité au nom le plus long du monde. Inspir :
Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwlchllantisiliogogogoch – Expir
J’aurais pu proposer un air du Roi Arthur de Purcell mais je suis tombée sur cette berceuse dont j’aime la langue.

* Pour les curieux  : le premier livre est La cigarette égyptienne de Kate Chopin que certains (dont le généreux donateur) ont découvert avec moi.  Le deuxième est Le Bâton d’Euclide de Jean-Pierre Luminet où je retrouve mon Hypathie d’Alexandrie (dont j’ai parlé il y a longtemps : http://lestempesdutemps.com/2011/07/hypatie-d-alexandrie/ )  et tant d’autres érudits de l’Antiquité. Le troisième est Gens de Dublin de James Joyce… Sitôt que j’en ai fini avec Yvain, je termine ma cigarette égyptienne puis je mènerai de front Dublin – Cardiff à  quelques lieues –  et Alexandrie. Enfin, je crois…

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