Je lis Sable mouvant de Henning Mankell. J’aime beaucoup les romans policiers de cet écrivain (Wallander !) et d’autres écrits aussi, Les Chaussures italiennes par exemple. Ne suis pas emballée par ce livre là : quelque chose d’empesé, un livre pré-texte à un écrit plus profond. Sûrement rédigé dans l’urgence de dire puisque la mort plane, la sienne. Trop personnel et en même temps un peu moralisateur ; tout n’est pas intéressant. Et pourtant, je trouve un passage consacré à Robinson Crusoé qui m’enchante : ce livre symbolise mon entrée dans le monde de la lecture.

Ce qu’en dit Mankell m’éclaire sur ma lecture d’alors : […] La vérité cependant, c’est que Robinson n’est jamais seul. Moi, lecteur, je suis sans cesse présent, invisible, à ses côtés. C’est cela qui rend l’histoire magique. Si je devais rester en dehors du récit, simplement autorisé à en prendre connaissance de l’extérieur, il ne se produirait pas ce que vise tout roman, à savoir une communion entre le lecteur et ce qu’il lit. […] Je suis là, sur le sable, naufragé comme Robinson, avec lui.
C’est exactement ainsi que j’ai lu ce livre, lu et relu. La découverte des chèvres, le perroquet, la rencontre avec Vendredi, et surtout, surtout la découverte du procédé pour fabriquer l’encre qui va lui permettre de consigner sa vie sur l’île. Une naissance à la solitude, à la lecture, à l’écriture.

Juste après L’Allumeur de réverbères et Mon petit Trott, avant Poil de Carotte et Vipère au poing (ah, Folcoche !), ce roman signe l’entrée dans le monde des livres et annonce un incroyable et incessant voyage !
Petit clin d’œil aux ami(e)s amateurs de peinture, le tableau ci-contre, trouvé dans Les Femmes qui lisent sont dangereuses (Laure Adler / Stefan Bollman – Flammarion, 2006) est signé Peter Ilsted, beau-frère de V. Hammershoi que nous aimons tant !
Pour les musiques, j’ai beaucoup hésité : Le Café littéraire du regretté Allain LEPREST ? Le charmant Lettres à Milena d’Art MENGO ? Finalement, mon choix s’est arrêté sur la grande dame et son À voix Basse :
Belle trouvaille que d’associer Robinson et les personnages d’Ilsted/Hammershoi : la solitude habitée par des fantômes (nous ?).
Et la superbe, la géniale Juliette-chansons à textes si bellement ciselés
Excuses générales pour retard dans réponses au commentaires : changement de bécane = grosses perturbations dans le cyber ciel ! Mince N’avais pas vu. Et comme tu as raison pour cette solitude pas solitaire. Et que je suis contente que tu aimes cette chanson !
Ha ! cela fait ressurgir un vieux souvenir, un livre de Michel Tournier, Vendredi ou les Limbes du Pacifique. J’avais beaucoup aimé ce bouquin.
Pareil que pour VHM : pas vu vos commentaires = la bécane fait des siennes ! Et oui, c’est vrai, ce bon vieux Tournier. J’avais adoré ce livre aussi. Comme on voyage avec les livres et les souvenirs de lecture !
Cet intérieur (comme tous ses intérieurs, découverts plus loin sur d’autres pages) de Peter Ilsted – que je ne connaissais pas, merci encore aux Tempes! –, sont vraiment jouissifs : extérieur encagé, plafond Sixtine, présence captée par une autre fenêtre…
Et merci pour Robinson (via Mankell; lu de lui seulement La lionne Blanche), avec cette idée du lecteur qui, de symbiose réussie par le récit, finalement se transsubstantie dans les pages à suivre…
Oui bien vu ce choix d’intérieur peint pleinement externe.
Je connaissais très peu Peter Ilsted mais le fait que soit le beauf d’Hammershoi et la découverte de toutes ces lumières captées m’a enchantée. Donc bonheur de partager avec ceux qui ont des yeux pour voir.
Pour Mankell, quasiment rien à jeter (sauf ce pauvre testament, chant du cygne qu’on lui pardonne).
À suivre, toujours à suivre, jeu de piste(s)
P.S. : je ne suis plus avertie sur mon mail de l’arrivée de commentaires. Changement de bécane ?