Beaucoup (trop) de casseroles bouillantes sur le feu. On se calme. On arrête tout. On ne réfléchit pas. On lâche. On redescend vers l’humilité. On lit des haïkus, autant de fleurs au jardin, de petits bijoux déposés là, de coquillages sur la grève… Trêve. Rêve bien plus réel que le réel : je me fais croire que je parle japonais !
Luo Pin 1733-1799
On se sent très proche de la fourmi, c’est-à dire Tout et Pas grand-chose. On marchote sur ce dimanche même pas morose. On attend on ne sait quoi. Et ça arrive.
Fourmis, à MRK, nous assistions, étonnés, excités, aux célèbres batailles entre les fourmis rouges et noires… Quel massacre! chacun prenait partie pour un clan ” “Petites rouges ou
Grosses noires” se cisaillant avec férocité. Petit bout de terre jonché de pattes frémissantes, de têtes, de corps désarticulés… Ce carnage nous laissait un peu effarés. Un bon moment après,
revenant sur le lieu de bataille, plus rien! Tout avait été nettoyé ; comme si rien ne s’était passé. Pourquoi emploie-t-on pour l’écriture ” Pattes de mouche” et non “Pattes de fourmi”?
Les petites rouges piquaient et paralysaient les grosses noires, lesquelles avaient leurs pinces coupantes. Brrrrrrrr, froid dans le dos, quand j’y pense.
C’est joli, pattes de fourmi. On dira ça désormais.
La trace… C’est superbe ! L’infiniment petit qui rejoint le Tout. Je suis dans cette disposition qui me fait trouver cette idée très très généreuse. Et puis tes deux dernières phrases y sont
pour quelque chose : on ne sait pas ce qu’on attend… et ça arrive.” Quoi arrive ? Je ne sais pas non plus, mais cette idée-là peut-être, de la “générosité de la vie”, une sorte d’ouverture.
Oui, la générosité du très petit, ce qui fait qu’on est au chaud dans les traces de pattes d’insectes. On attend ce qui pourrait être un amoindrissement et ce qui vient est vaste. Peut-être la
générosité est-elle là ? Savoir s’accroupir, se pencher, voir nos instants à hauteur d’herbe ?
A voir ces petits pas de fourmi datant de 1700 et quelque, je me dis que tout existe déjà et qu’Apollinaire n’a rien inventé avec ses Calligrammes.
Je ne connaissais pas les chanteuses grecques de ton précédent billet. J’adore, voix et musique. En plus, mais sans importance !!!, elles ont des ongles dignes de guitaristes de flamenco !
Ce guingois de la marche des fourmis et de celle de l’écriture, les unes à la rencontre de l’autre, quelle fantaisie !
Les deux grecques ont des doigts de sorcières (compliment pour moi), des yeux qui disent tout et la douceur et la violence.