SEPTEMBRE
Allons-nous déjà, en septembre, écouter le ” Voyage d’hiver ” ?
Déjà oublieux des dénuements de l’été, allons-nous, si tôt, nous habiller de boue ?
Déjà raidie dans mes gestes, alourdie du silence, déjà oui tortue, je recule, tortueuse, chargée de pluies et de secrets, torturée…
Comme un testament… l’automne comble les uns, dépouille les autres, opulent, croulant de fruits blets… Morts luxueuses ! L’automne est une mort de riche.
Somme toute, saison excessive, du liseron ravageur aux figues éclatées et écarlates, des gloires lumineuses aux assombrissements soudains. Saison décadente : quand cesserons-nous de mentir aux peupliers et à nous-mêmes ? Jusqu’au vent qui toujours nous détourne et nous distrait, qui dore la crête des vignes… Illusionniste, charlatan, menteur toi-même !
Soudain, dans cet évident désordre, le souvenir d’un geste blanc, purement absolu, absolution.
Et tout peut recommencer avec son cortège de voix comme des traînes de mariée, avec ses alliances scellées, avec des sourires venus du passé… Si l’on pouvait ne garder que le plus beau des êtres, certains gestes, ceux de l’Amour, quelques regards en étincelles, en verres brisés, en coups de cymbales !
Alors, parlez-moi, je suis libre, libre de mémoire, je suis vide et j’attends. Qui va me raconter une histoire sans mensonge et sans méfiance où la lucidité, luciole et la féerie s’attouchent ?
Rayons, portes tout à coup grandes ouvertes sur des mascarets lumineux, flèche volant droit au but, musiques urgentes, acuité…
VACUITÉ.