Je ne sais pas pour vous, mais il y a des mots qui me mettent mal à l’aise : je n’en saisis pas bien les contours, les limites et le contenu. L’utilisation qu’on en fait me laisse aussi très perplexe. Je ne m’en sers pas car j’ai une sensation d’imposture. C’est le cas de MEDIA, qu’en puriste, je continue d’écrire sans accent sur le E. Ah le beau mot fourre-tout, pour ne pas dire mot malle ( à ne pas confondre avec le mot valise) ! Plus je cherche les informations, plus je m’égare.
Alors ce serait : l’ensemble de techniques + le produit proprement dit c. à d. le message + une organisation économique, sociale et symbolique (et c’est là que ça se corse !) qui traite ce message. C’est du lourd, on vous dit (pour un entre-deux-fêtes, c’est même un peu purée de marrons).
Le langage, l’écriture, la musique, la presse, la radio, la télévision ou encore internet… Zut, j’ai oublié le cinéma ! On a tout, là ? Vous aurez remarqué que sont mis sur un pied d’égalité support et contenu. Car la presse, c’est de l’écrit ; la musique, on en entend à la radio etc.
C’est qui, les media ? Parce qu’on entend souvent des phrases du genre : Les media laissent entendre que… Les media se sont fait l’écho de … Alors, ce sont les journalistes ? Mais les media ne sont pas des personnes ! Alors, ce sont les outils des journalistes ? Ou bien ce qui est produit par les producteurs d’informations ? Car, on le sait, tout de même, que l’information est devenue une marchandise, que même la demande est formatée. Mais par qui ? Par les media ? Les media se formatent-elles elles-mêmes ? Consomme-t-on du Media ? Non, on ” pratique “, paraît-il. Et puis ça ne produit que de l’information ?
Et puis, en cherchant je me rends compte qu’existent aussi les media sociaux et là non plus, ça n’est pas simple ! Je vous montre une jolie fleur de social media (je le mets en anglais parce que tout est en anglais dans la fleur). Bon, c’est-y le Web, la communication par le web ?
Continuons avec la téloche : […] manière particulière, mais constante, d’entrer en relation avec le monde, qui enferme une connaissance permettant d’anticiper le cours du monde […] La télévision détient une sorte de monopole de fait sur la formation des cerveaux d’une partie très importante de la population – Sur la télévision P. BOURDIEU.
Enfin, la pub : dans Engagements Chroniques et autres textes (2000–2010), Alain Accardo (qui, par chance pour moi, fut mon professeur) dit à propos de “la peste publicitaire” : Ce n’est plus au nom du Bien, du Vrai, du Juste et de l’Utile, mais c’est au nom du Beau, de l’Agréable, du primat du sensible sur l’intelligible et du corporel sur le spirituel, du plaisir immédiat sur la satisfaction différée, que la publicité s’est insinuée dans tous les secteurs de la pratique sociale.
Plus de questions à l’arrivée qu’au départ : je suis noyée dans la mass(-media). Mais la culture dans les media, non, je ne vois pas…
Pour la zique, souvenez-vous, Fahrenheit 451, yes yes, Bernard Herrmann : on clic droit, on fait ouvrir et on tombe sur les musiques des films de Truffaut, notamment celles du sus-dit B. Herrmann ( on écoute ce qu’on veut mais… Farhenheit, vous percevez le message, là, mmmhhh ?)
J’ai cherché à en savoir un peu plus sur ces trois petits singes. Dans l’art chinois la symbolique du yin et du yang est partout et tableaux ou sculptures peuvent se décrypter sous ces deux
angles, thèse et antithèse. Tout à fait ce que tu dis avec le rien et le tout. Certains donnent comme interprétation “ne pas vouloir voir ce qui pourrait poser problème, ne pas vouloir entendre
pour pouvoir faire comme si on ne savait pas, et ne pas vouloir dire ce qu’on sait pour ne pas prendre de risque”. Égoïsme, autocentrisme, autocensure. ça colle vraiment à 100 % je trouve à
ton interrogation sur ces média à plusieurs visages : la technique, le message et l’organisation faiseuse de ce message.
Il paraît que Gandhi avait toujours sur lui une sculpture de ces trois petits singes de la sagesse. Il en existe une quantité impressionnante de représentations, de toute forme, matériau, taille,
et même des peluches !
Mais malgré l’adéquation géniale (allez hop, un p’tit compliment de temps en temps ne peut pas faire de mal !) qu’il y aurait eue à mettre les 3 singes, je préfère tes trois Penseurs, si parlants
eux-aussi. Chaque angle de vue semble leur donner une expression différente, et justement en correspondance avec les trois singes ! Et ça aussi c’est une intuition tourneboulantement géniale !
Et je suis contente que tu aies aimé que je leur prête attention.
Les 3 petits singes m’ont toujours posé problème : si la sagesse est de vivre en sourd-muet-aveugle, dommage pour l’homme-acteur de son destin ! C’est caricatural, ce que je dis, mais quand même,
comme tu le dis, quel repliement et refoulement ! Tant qu’à faire à être au monde… avoir un tout petit peu l’atome d’un soupçon l’impression (l’illusion ? ) de prendre part à ce qu’on fait là.
C’est grâce à toi que j’ai fait le rapprochement entre les 3 penseurs et les 3 singes.
Avec tes gentilletés, je vais commencer 2011 toute re-narcissisée et ça fait du bien. MERCI, Béaba, merci
Plus sérieusement, il y a ici une définition très simple et compréhensible :
http://www.toupie.org/Dictionnaire/Media.htm
“une diffusion large et collective d’informations ou d’opinions”, ce qui permet d’en restreindre un peu le contour.
Encore faudrait-il définir précisement le mot “informations” et “opinions”.
Un homme qui gue*le dans un haut-parleur sur une place publique est-il un media ?
L’horloge de Big Ben est-elle un media ?
Voilà, entre autres, deux bonnes questions, je vais y réfléchir cette nuit 😉
Figure toi que j’ai failli aborder la question de l’opinion et notamment l’opinion publique qui demande, je trouve, une réflexion rigoureuse. Mais je dépassais
très largement la dimension du billet. Et puis, là, j’avoue que je suis au seuil de compétence.
Mais ta définition est simple et éclaire le propos, quand même un peu…
Aucun problème avec ce mot ! Il est très pratique. Quand tu ne trouves pas le bon mot, tu le remplaces par “media”.
J’ai le media qui me gratte. Aïe, j’ai perdu mon media. Ca ne fonctionne pas, ça doit être le media qui déc**ne !
Il faut que je parte immediatement voir mon media car j’ai trop pris de mediator … dommage pour ma guitare.
J’adore ! Je vais essayer… J’ai déjà quelques idées ! À table : Les media sont cuits… Depuis que j’ai remplacé les media, mon automobile démarre très bien. C’est ça ?
Fais gaffe à ton medium quand même, pour la guitare, c’est important. Parles-en à ton media traitant.
Bien pensifs, ces penseurs, dis donc ! Et ils ne sont pas trop de trois pour réfléchir à la question !
Une question à multiples tiroirs.
Le Littré nous dit que media est bien le pluriel latin de medium. Je pars donc du sens de ce mot au singulier : le medium, celui du monde paranormal, celui par qui passe la communication avec le
royaume des morts, l’interface, pour employer un mot “moderne”. Peut-être est-on dans cette analogie. Les media sont eux aussi les interprètes d’un certain au-delà (genre la France d’en haut et
la France d’en bas), les relais du pouvoir, de quelques multinationales qui gèrent le monde à travers eux. Sans eux, que serait LE MARCHE, cette abstraction presque divine ? Les media nous
montrent le monde, un certain monde, comment le penser et l’on s’y conforme sans même en avoir conscience.
Je suis effarée de penser au succès de ces séries américaines achetées, diffusées et regardées partout dans le monde, même dans les endroits les plus improbables, dans des yourtes au fin fond de
la Mongolie, dans les déserts africains (grâce aux batteries). Un formatage des esprits mondialisé. Comment faire savoir à la peuplade reculée d’Amazonie qu’elle aussi doit désirer une voiture,
une télé, danser en boîte, avoir des loisirs, aller au cinéma, accéder à la CULTURE, au lieu de vivre à demi-nu de chasse et de cueillette ? Quelques années de télé, de cinéma et de radio et tous
les jeunes ne vont plus rêver que de la ville et de ses paillettes.
Que et qui sont les media ? Nous sommes une fourmilière et les media sont nos phéromones.
La télé, la pub, le cinéma etc jusqu’à comme tu le dis l’écriture et le langage : tous des moyens d’asservir à distance. Tu me diras peut-être que j’exagère… je me le demande d’ailleurs
moi-même mais je n’en suis pas sûre (d’exagérer). L’information n’oblige plus au face à face pour dire son pouvoir. Le langage, l’écriture ont permis d’étendre, par procuration, l’autorité de la
loi. En bout de course, il y a Internet dont nous ne verrons pas et n’imaginons peut-être pas toutes les transformations induites.
Le premier penseur pense qu’il est bon d’être informé. Le deuxième se demande comment il se fait que parmi les millions d’événements qui se passent dans le monde, au final tous les media
présentent à peu près la même chose, et le troisième penseur s’interroge : pourquoi affirme-t-on aussi péremptoirement, avec la force de l”‘évidence, quj’il est bon et nécessaire d’être informé ?
Qu’est-ce qui changerait dans nos vies si nous n’étions pas “informés” ?
Bon, on verra ça l’année prochaine, on ne va pas se prendre la tête pour le réveillon, hein ? D’ailleurs, il faut que je réfléchisse à un bon menu et à ma liste de courses, les affaires du
monde attendront !
J’aime beaucoup ce que tu as donné à penser à mes trois penseurs : j’avais failli mettre les 3 petits singes de l’Asie (je n’entends rien, ne vois rien, ne dis rien) qui me paraissaient
l’antithèse de MEDIA. On voit tout, on entend tout on dit tout : qui dit TOUT dit aussi son contraire, car Trop de Tout tue le Tout… Comment trier ?
On résiste comme on peut – et vous êtes bien placés pour le savoir ! – à cette invasion du Vous devez savoir que puisque nous n’écrivons que de l’inutile, le merveilleux
inutile, l’impalpable, l’INCONSOMMABLE.
Bien vu, Béaba, bien pensé. Merci.
Vous ne connaîtriez pas un oxymoron éponyme de ressources humaines ? Ca ferait sens, non ?
Bien cher Claude, veuillez trouver ci dessous un croquis tout à fait extraordinaire de LA GESTION DES RESSOURCES HUMAINES. J’espère que le mot
GESTION fera sens. À défaut de l’oxymoron éponyme… Vous ne pouvez le voir en entier ? C’est normal : c’est HÉNAURME !
Bon, c’est malin ! Avant, j’avais pas de problème avec ce mot -c’est vrai que je n’ai pas souvent l’occasion de le placer. Maintenant, à cause de Claire, je ne vais, moi non plus, oser m’en
servir.
En plus, cette lecture m’a fait découvrir une autre question que Claire, débordée, n’a pas évoquée : quel est le genre de ce nom ? Un media ou une media (les media se formatent-elles
elles-mêmes ?). Sans accent sur le E parce que c’est un mot latin ? C’est plus possible, il y a longtemps qu’il n’a plus rien de latin sinon il aurait gardé le singulier “un medium” (mais
jamais “un media”). D’ailleurs, notre “media” nous vient certainement des USA sous la forme de “mass media” raccourci (d’après le Harrap’s : moyens d’expression).
Je crois que l’usage, qui a la raison du plus fort sur toutes les académies, a retenu le mot francisé avec accent, masculin, avec un S au pluriel. En tout cas, moi ça m’arrange.
Mais cette mutation n’a pas clarifié son sens. Ce billet en est la preuve, elle a ajouté du trouble au point qu’on peut presque lui faire dire ce qu’on veut…
Môssieu l’Horus,
Peut-être bien que ça vient de l’amerloque, ce qui expliquerait la disparition de l’accent, mais c’est les latins qu’ont commencé ! Oui, môssieu medium sur le modèle de templum
neutre, au pluriel media, je vous fais grâce du reste de la déclinaison, ça va faire femme savante. Donc on aurait bien pu, même en francisant se passer de l’accent et du S aussi !
J’avoue que je n’ai rien clarifié du tout : mais j’espère au moins avoir attiré l’attention sur le fait que c’est un mot dangereux, un mot bouclier puisqu’on peut lui faire dire ce qu’on veut
justement. C’est un GROS mot.