Merci à mes amis photographes qui nous en font voir de toutes les couleurs. Feggari Xouw, Philippe Pelletier.
Ça part, comme souvent, d’un truc bien farfelu ! (Je ferai un billet sur ce mot !) Je pense aux hématomes et à leur nom. Des bleus. Qui sont parfois jaunes, violets même verts. Un arc-en ciel.
Mais cette couleur est en ce moment très présente dans ma vie. Par son absence. Par sa présence dans les photos de ciel et d’eau de mon ami Philippe Pierre lorsqu’il traverse la baie de Tokyo, comme sur la photo de Une et ci dessous.
Photos Philippe Pelletier
Elle a une drôle d’histoire cette couleur ! Je ne vais pas faire mon Pastoureau * – même si j’irai parfois me servir dans sa mine de lapis-lazuli – mais quand même, ce n’est pas rien d’être si absente puis triomphante. Je vous laisse aller dans l’histoire avec le livre.
Moi, je vais zigzaguer. Faire mes embardées dans les mots : indigo, pastel, la fleur jaune qui donne du bleu, marine bien sûr, roi, layette, cyan, turquoise, majorelle (que je connais bien), pétrole, cobalt… Tous les mots sont beaux et le mot BLEU est beau, c’est un mot que la bouche dit comme un baiser. N’en jetez plus, la cour est bleue !
D’ailleurs, on n’y voit que du bleu !
À gauche indigotier – À droite Pastel
Au début du XVIIe naît la bibliothèque bleue composée d’histoires naïves que les colporteurs diffusaient. Depuis, la couleur bleue est associée aux douces illusions. On est fleur bleue aussi. On est myosotis forget me not.
Nous avons, mon camarade et moi, un différend majeur sur le canard ! Bleu canard ou vert canard ? Le canard s’appelle bien le colvert, non ? Bref… J’ai remarqué que nous sommes nombreux à nommer les couleurs de façon très différente. Vocabulaire ou perception ?
Longtemps, je n’ai pas porté de bleu. Je me sentais exclue par cette couleur. Elle allait si bien aux amies aux yeux bleus. Pour moi, elle n’appartenait pas au registre des vêtements. Elle était le ciel et la mer. On ne peut réduire ça … La preuve irréfutable :
Photo Feggari Xouw
Le meilleur pour la fin ? La note bleue. Ici, quand nous avons trop bu, nous sommes noirs ou gris. Les noirs américains sont blue ou, comme disaient les anglais, ils avaient les blue devils, les diables bleus c’est-à dire les idées noires. Enfin étaient… car le blues s’est élargi comme un fleuve Mississipi et le mot désigne cette incroyable musique ! Quel temps il m’a fallu pour finalement choisir Big Bill (pensées à Blind Lemon Jefferson, Robert Johnson, Muddy Waters, Tampa Red, B. B. King et tous les autres)
* Bleu – Histoire d’une couleur – Michel PASTOUREAU – Points, 2002 (Illustration : Relief éponge sans titre Yves KLEIN
Excellent Pastoureau !
Avec lui, les couleurs deviennent des mondes à part entière ! Oui, un régal !
Pastoureau, pas lu, mais dévoreuse gloutonne de blueberries et de choux bleus, je connais la peur bleue des traducteurs confrontés à l’agilité linguistique extrême des ´fleurs bleues’.
Couleur mentale, connais pas quand je me pâme sous les caresses du bleu sensuel, assidu des premières à la dernière page de Jean le Bleu. L’orange bleue (pas la terre d’Eluard) mais l’écrit douloureux de l’enfance brisée par Yassu Gauclere est loin d’un noir élégant.
Une pensée solidairement consistante et croustillante pour les gastrolatres (accent en panne) emplumés et poilus, émoustillés par les ailes bleues des mouches.
Votre BLEU, Mina, bien que très sensuel est quand même également conceptuel, si je puis dire : je ne connais pas Yassu Gauclère mais tous vos rapprochements avec la nourriture me semblent – puisqu’ils passent par l’écrit – relever aussi de l’intellect. D’ailleurs comment séparer tout ça : le bleu peut être jubilatoire mais idéel et spirituel.
Oh, Jean le Bleu, bien sûr ! Mais les ailes bleues des mouches, j’aime moins l’idée. Je les trouve très belles mais les préfère un peu loin… Et, diable, le temps vient pour les gastrolâtres en ces périodes de remplissage. Je les laisse à leur passion… dévorante.
Comme je regrette les ” petits bleus ” (les télégrammes) qui n’existent plus !
Le bleu est une couleur mentale, on ne mange pas d’aliments bleus ou si peu, quelques fleurs de bourrache dans une salade printanière. Le bleu ne donne pas faim. Il est transparent, intangible, on passe, on voit au travers. Le bleu c’est du noir aimable. Merci Philippe pour ce céladon tokyote, qui nous dit que rien ne définit mieux la vie que le blues.
C’est vrai ce que tu dis ! J’aime l’image d’une ” couleur mentale ” à cause du ciel… qui est une idée, pour moi. Quant à ton ” noir aimable “, merci de l’expression : elle est superbe !
Pour l’instant, ici, nous naviguons en eaux troubles et grises et quand par miracle – si si ! – nous apercevons un petit espace bleu dans la houle sale du ciel, on crie ” Bleu ! Bleu ! ” et je te jure que le blues se métamorphose en polka !
J’ai oublié de raconter – mais vous le savez – que j’aime les jurons où BLEU remplaçait DIEU autrefois jadis. Palsembleu = par le sang de dieu, morbleu, sacrebleu etc.
Et enfin, oui, bien sûr, merci à la palette de Philippe de Tokyo !
Mais oui, bleu/dieu ! En Suisse on dit : De bleu ! et souvent doublé, de bleu, de bleu ! pour marquer l’étonnement.
Merci à vous!
Mais dois-je rappeler que la palette du hasard a le pinceau sans idée, que le bleu est un don du ciel, aimable au max! ?
C”est cela, oui : l’arbalète du bazar… Taratata, jeune homme, don du ciel peut-être, mais chopé au vol, en plein vol. Et pour cela, il faut l’archer.
@Fegg Très juste, le hors corps de cette couleur enflammée d’un autre, Autre, autre moi. Flamme au bleu.
Merci.
“Taratata, jeune homme […]” ?
Merci pour l’archer, tout heureux de recharger le carquois pour d’autres (beaux) hasards.