Je ne suis pas vraiment hyperacousique mais j’ai souvent l’impression d’entendre trop bien ou plus exactement, TROP.
Êtes-vous particulièrement sensibles au SON ? Avez-vous parfois la sensation d’être envahis par une masse sonore qui vous met en panique ? Soit une accumulation, soit un seul bruit mais qui vous déchire les tympans ? Et pas uniquement une histoire de décibels, genre gaffophone.
Ah ces histoires d’oreilles ! C’est compliqué parce qu’il existe tant de sortes de sons. Pourquoi tolérons-nous bien celui-ci et pourquoi celui-là nous est-il insupportable ?
Rassurez moi : êtes vous MISOPHONE ? J’ai fait le test : je coche toutes les cases. Quelqu’un croque des cacahuètes à côté de moi, je suis obligée de m’écarter de trois mètres !
Une personne tète sur sa paille + le bruit des glaçons et j’ai tous les nerfs crispés tire-bouchonnés.
Affreuse névrose ! Et pourtant les filles qui hurlaient lorsque la craie crissait sur le tableau me faisaient marrer un peu comme celles qui avaient peur des souris. Je ne suis pas charitable.
Sans parler de la voix des gens et surtout de certaines femmes ! Deux catégories me filent de l’urticaire : la suraiguë (mâtinée d’accent parigot, c’est encore meilleur) ou la voix de toute petite fille sucrée sauf que la locutrice – surtout chanteuse – a trente ans bien sonnés ! En outre, la première catégorie – genre roulette de dentiste – a souvent la fâcheuse tendance à parler fort. Là, je pleure ou je m’en vais. Ou les deux.
Ceux qui me connaissent savent que je chante plutôt dans le registre baryton basse mais il y a un juste milieu, n’est-ce pas Bianca ?
Il existe des voix qui mettent dans un état second. Je me souviens en tremblant de ma première écoute de Kathleen Ferrier. Contrairement à Nathalie Stutzmann – ” Quand j’ai découvert la voix de Kathleen Ferrier, c’était comme une évidence ” – ce fut un bouleversement total : ainsi, une voix pareille existait ? (spécial dédicace pour le Ombra mai fù : ils, elles se reconnaîtront)
Là on est du côté bonheur. Mais parfois, j’envie les personnes un peu dures de la feuille. Dans le tram, par exemple, je ne peux faire autrement que d’entendre presque tout et c’est parfois insupportable ! Je m’en veux de ne pouvoir néantiser mais ne n’y arrive pas ! Voyeurisme de l’oreille…
Petite image de saison et de circonstance. Merci Franquin ! Quand j’étais gosse et que j’entendais certains adultes se moucher, je pensais qu’ils faisaient semblant, qu’il était impossible d’émettre un tel son en soufflant dans un mouchoir. À la fois perplexe et amusée.
Pour les bruits, dans la série détestation, il y a la tondeuse à gazon mais c’est parce que je déteste l’idée qu’on tonde l’herbe surtout à l’époque où toutes les pâquerettes font les fières. Idem pour la souffleuse de feuilles : absurde !
Je n’ai pas parlé du bruxisme, ce sera pour une autre fois…
Voilà, bonheurs et malheurs d’un ” surentendante “.
Je vous susurre un au revoir au creux de l’oreille et je retourne écouter Kathleen.
Ouf ! on a échappé à un cours d’anatomie, j’avoue avoir eu peur.
Très chouette billet, avec des ultra illustrations ! J’adore l’éléphant.
Je trouve l’anatomie de l’oreille fascinante ! Je cherchais une roulette de dentiste pour mon image de UNE mais c’était HORRIBLE (souvenirs monstrueux du dentiste de Bordeaux !). Et toi, tu ne dis rien sur tous ces bruits qui te hérissent : je te sais pourtant très sensible de la feuille aussi.
Oui, le dessin de Franquin est génial et… il a beaucoup de succès ces derniers temps !
Merci de ta réactivité.
Il y a tellement de bruits qui m’agacent voire m’exaspèrent que la liste serait trop longue.
Par contre, je n’arrive plus à comprendre quand on me parle dès qu’il y a des bruits parasites, et aussi je ne peux pas lire s’il y a le moindre petit bruit … je ne parle pas de celui des avions, des moteurs diesel … des tronçonneuses et autres joyeusetés.
Le pire est que les gens ne respectent aucun horaire, même pas la pause dominicale, pour bricoler, et je suis entouré de bricoleurs … je crois qu’ils doivent s’ennuyer finalement !
Ahhhh ben voilà ! Je savais bien que tu vitupérais mais j’avais oublié ces %$££0##§§!!! de bricoleurs ! C’est vrai qu’ils sont très nuisibles ! (souvenirs de notre père pestant contre la dite-catégorie !). Ici, c’est par cycles : quand des nouveaux arrivent,ils refont tout ! À croire que les précédents ont laissé un taudis ! Ou que Madame veut 103 tiroirs et 25 placards…
Pour la lecture et l’audition avec bruits autour : tu n’es pas le seul. Ô vieillesse ennemie ?
Il en est des sons comme des goûts et des couleurs, si personnels dans la préhension, dans l’appréhension. J’ai appris récemment que le sifflement permanent que j’entends dans le tram provient d’une fréquence qui reste inaudible à la plupart des passagers et qui prouve une déficience de mon audition.
Donc pas acouphène ! Entends-tu cette fréquence aux dépends d’une autre, s’il y a déficience ? Toute ces histoires d’audition me passionnent.
Pour la musique, pavillons grands ouverts, n’est-ce pas ?
Alors oui, la roulette du dentiste, mon son le plus épouvantable, abhorré, la panique à l’état pur, un vieux reste de Marathon Man ?
J’entends les ultrasons (comme les chiens), un sifflet et je rapplique pour jouer. Mais pas misophone, quand c’est pénible je ferme les écoutilles.
Et Ombra mai fù : Ferrier, Ferrier et Ferrier (et aussi Ombra – Maifu !)
J’ai failli mettre l’image de Laurence Olivier charcutant ce pauvre Dustin en UNE mais c’était dissuasif !
Tu entends les ultrasons ??? Et ce n’est pas pénible? Tu fais partie de ces personnes tant enviées (mon camarade, par exemple) qui ont ce talent de s’abstraire. Il FAUT m’apprendre !
Bien sûr, bien sûr Ombra, Maifu…
Peu d’ultrasons dans la nature, c’est donc supportable, mais le raffut des gens qui hurlent, les voitures en ville… Je me souviens d’un concert à Londres, un groupe pop, j’avais une place près des baffles, un boucan d’enfer… et je me suis endormie, crevée après des heures de marche dans les rues.
Les sons ont un rapport très étroit avec ce que nous sommes, ressentons : peut-on apprendre la distance ?
Groupe de hard en 1ère partie des tambours du Burundi, il y a des années : obligée de sortir, le coeur à 120 : horrible !
C’est vrai que nous sommes non pas ce que nous entendons, mais COMMENT nous entendons.
Une des raisons qui font que je n’aime pas le vent… Enfin, un vent très fort avec des branches qui craquent et tout, la destruction en fait.
chez la chauve-souris cendrée (Lasiurus cinereus), vivant outre Atlantique, des études ont identifié que le bruit de la circulation altérait ses performances pour rechercher sa nourriture, jusqu’à plus de 60m de distance des routes
Ah, Grancapo, merci de cette information ! Il faut dire qu’avec le sonar dont elles disposent… Les pauvres ! Je connais un endroit où cela ne risque pas d’arriver !
Histoire de tympans heureux : nous, mélomanes égoïstes, n’imaginons pas tjrs la capacité de concentration nécessaire à un soliste devant les multiples petits bruits imprévisibles d’un public. Lundi soir, à La fondation Gulbenkian, un récital bouleversant d’Elisabeth Leonskaja. Elle a remercié en larmes, comme nous, disant qu’elle n’avait pas perçu une telle qualité d’écoute depuis longtemps. Pas le moindre bruit, la moindre toux. C’est vrai que les salles sont à moitié vides en ce moment et que seules les oreilles de fervents se déplacent, avec coton-tiges hydroalcoolises…quand même.
Mais, mélomanes très très gênés et pas qu’égoïstement – pour les musiciens aussi, par empathie et identification – par ces toux, ces bruits de chaises et même, parfois, des commentaires pendant une exécution !
J’imagine l’émotion de la grande pianiste ! Des bénéfices secondaires de cette épidémie.
Un souvenir : le silence assourdissant qui a suivi l’interprétation du Clown par Giani Esposito. Public sous le choc, nul n’osait briser la magie… Il nous a dit ensuite que cela ne lui était jamais arrivé et nous a fait part de son émotion. Expérience inoubliable.